Loin de se limiter aux seuls processeurs Ryzen, AMD évoque aussi l'utilisation de l'IA dans la conception de ses puces. Intéressant.
Les 16 et 17 se tenait à Anvers l'ITF World. Événement consacré à l'industrie informatique dans son ensemble, il laisse bien sûr une certaine place à tout ce qui est semi-conducteur.
Des associations de cœurs plus variées
Mark Papermaster, directeur de la technologie chez AMD, avait notamment fait le déplacement et c'est Paul Alcorn de Tom's Hardware qui a saisi l'occasion pour le rencontrer et lui poser de nombreuses questions.
L'avenir des processeurs AMD en général et des Ryzen en particulier a bien sûr été au cœur de l'entretien. En effet, avec Alder Lake, Intel a complètement revu sa conception des microprocesseurs afin d'embrasser les architectures dites bigLITTLE. L'idée est d'associer des cœurs performants pour les tâches les plus lourdes à des cœurs efficaces, moins énergivores, dédiés aux tâches que l'on qualifie de secondaires.
Une conception reprise des architectures ARM qui a pleinement satisfait Intel et qui ne devrait pas être abandonnée de si tôt. Logiquement, Paul Alcorn a titillé son interlocuteur, car AMD est discret sur le sujet. Discret certes, mais pas inactif comme l'a précisé Mark Papermaster :
« … mais ce que vous verrez également, c'est davantage de variations des cœurs eux-mêmes. Vous verrez des cœurs hautes performances associés à des cœurs économes en énergie associés à des technologies d'accélération. En effet, Paul, nous allons maintenant vers non seulement des variations de densité de cœurs, mais des variations dans le type de cœurs et la façon dont vous configurez ces cœurs. »
Davantage de spécialisation des puces
Sans grande surprise, Mark Papermaster n'a aucun calendrier à communiquer et il n'évoque pas non plus de modèle précis, mais il confirme sans ambiguïté que l'architecture bigLITTLE – ou tout autre nom qu'elle pourrait avoir – est bien dans les cartons d'AMD.
Un mélange des types de cœurs embarqués au sein des processeurs qui doit aussi s'accompagner d'un plus grand nombre de ces cœurs. Mais alors que la gamme EPYC connaît une augmentation notable de ce nombre de cœurs, les Ryzen semblent un peu « coincés ». Ainsi, une rumeur toute récente veut que les Ryzen 8000 ne comptent pas plus de cœurs que la série 7000. Là, Mark Papermaster n'a pas de réponse, mais insiste sur la spécialisation.
« Dans les PC, comme dans les centres de données, vous verrez une plus grande segmentation des SKU avec des processeurs sur mesure. Dans certains cas, vous aurez un nombre de cœurs de CPU fixe, mais avec une accélération supplémentaire. Si vous regardez ce que nous avons fait sur les Ryzen desktop, nous avons ajouté un GPU à notre CPU […] Autre exemple PC, les Ryzen 7040, où nous avons ajouté de l’accélération IA dans l’APU. »
Afin de clarifier, Paul Alcorn a demandé si une architecture hybride est prévue sur les PC grand public propulsés par AMD, Mark Papermaster a confirmé, précisant « c'est déjà le cas aujourd'hui et il y en aura d'autres ».
De l'IA pour aider à la conception des puces
Enfin, et même si d'autres thématiques ont été abordées, nous avons trouvé particulièrement intéressante la question de Paul Alcorn sur le recours à l'intelligence artificielle non pas au sein des puces au travers de différentes technologies, mais pour aider à leur conception.
De tels travaux sont en cours chez tous les concepteurs de puces et AMD ne fait pas exception. Mark Papermaster explique qu'il s'agit de « mettre en pratique ce que nous prêchons. Nous appliquons donc l'IA aujourd'hui à la conception de puces ». Il précise que « l'IA fait un travail incroyable en ayant un appétit infini pour itérer, itérer et itérer jusqu'à disposer d'une solution vraiment optimale » avant, toutefois, d'ajouter :
« Mais il ne s'agit pas seulement d'itérer, ça, nous le faisions déjà. C'est itérer et apprendre. L'IA examine quels modèles ont permis d'aboutir à la conception optimale et, ce faisant, elle accélère le taux d'optimisation de la disposition des éléments dans la conception de la puce. Cela permet d'obtenir un niveau de performances plus élevé tout en réduisant la consommation énergétique, tout comme nous le faisons via l'optimisation du partitionnement et du placement des chiplets ».
Pour Mark Papermaster, il n'est toutefois pas question de remplacer les ingénieurs pour la conception des puces. L'IA est davantage perçue comme un outil ayant « une formidable capacité à accélérer la conception ». Il estime que ce n'est pas « différent du processus créatif au sens large » :
« L'IA générative remplacera-t-elle l'art ? Va-t-elle remplacer les romans ? Non. Mais peut-elle aider le processus créatif ? Peut-elle accélérer la création de certains éléments de base par un élève et lui permettre ensuite d'ajouter sa propre réflexion ? L'IA est-elle capable de s'ajouter au processus de création des artistes et des romanciers ? Oui. Et accélérera-t-elle la conception de puces futures ? Absolument ».
Source : Tom's Hardware