La pieuvre Amazon continue de se déployer. Un de ses tentacules touche désormais l'industrie du streaming musical. Un secteur où personne ou presque a démontré qu'il pouvait être rentable - y compris le leader, Spotify, et ses 40 millions de clients ! Pour ne rien arranger à la situation, Amazon a décidé d'attaquer ce marché avec un prix agressif... 4 dollars pour les abonnés à l'assistant vocal Echo, et 8 dollars pour les clients d'Amazon Prime.
Pour les non-clients d'Amazon, la plateforme en coûtera 10 dollars par mois, comme les concurrents. Il est vrai que si l'on ajoute le prix d'un abonnement annuel à Prime, à 79 dollars, l'addition mensuelle revient à un peu plus de 14 dollars, donc plus que les 10 dollars de Spotify. Sauf que pour ce prix, le client bénéficiera d'une palette de services bien supérieure : livraison en un jour ouvré, stockage photo illimité, même de la SVOD...
Streaming casanier
Baptisé Amazon Music Unlimited, le service est encore limité au territoire américain - avant d'être étendu d'ici la fin 2016 à l'Allemagne, l'Autriche et le Royaume-Uni, mais pas encore la France. Le catalogue contiendra des « dizaines de millions de titres », ce qui devrait correspondre à l'offre moyenne de ses concurrents, environ 30 millions de morceaux. Là où Amazon se démarque, en revanche, c'est sur la dépendance à son assistant Echo.Amazon mise sur une écoute domestique plutôt que mobile, un secteur où il a connu un échec retentissant - Crédit : Amazon.
De loin, ce n'est qu'une enceinte Bluetooth cylindrique. Mais à qui l'on a greffé un brin d'intelligence artificielle pour la transformer en assistant virtuel. Aux États-Unis, Alexa - le nom de l'IA - peut chercher des informations sur Internet, piloter sa maison connectée (éclairage, chauffage...), commander une pizza chez Domino's, héler un chauffeur Uber et, bien entendu, jouer de la musique. Celle de Prime Music, et maintenant, de Music Unlimited.
Le style Amazon
En cela, Spotify devrait être rassuré, lui dont le terrain de chasse est essentiellement sur mobile. Pour Steve Boom, vice-président d'Amazon Music, interrogé par Reuters, l'américain pense « fermement que la prochaine phase de croissance du streaming viendra de la maison », alors que « la première phase a été alimentée quasi entièrement par les smartphones ». Tendance que confirme effectivement le succès des enceintes Bluetooth.Cette incursion d'Amazon devrait néanmoins fragiliser les acteurs en place, sauf peut-être Apple, qui s'est lancé dans la bataille en 2015 et a les reins assez solides pour ne pas craindre l'e-marchand. L'an dernier, Spotify a déjà creusé sa perte nette à 173 millions d'euros. Le français Deezer, acculé, a dû s'offrir à un fonds russo-américain. L'américain Pandora n'est rentable non plus. Amazon ? C'est avec le cloud qu'il gagne de l'argent, et beaucoup.
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