Asus ROG Phone 3

Mise à jour du 16/10 : ajout d'une partie dédiée aux accessoires

Un an après le beau succès (critique, du moins) du ROG Phone II, Asus rempile et renforce son statut de leader du segment très particulier des smartphones gaming.

Les plus
  • Un smartphone gaming presque sobre…
  • Une puissance inégalée
  • Écran bien calibré et ultra réactif
  • Partie sonore bluffante
  • Toutes les options dédiées au gaming
  • Les AirTriggers 3 améliorent encore la recette
Les moins
  • … mais toujours trop lourd
  • Autonomie en légère baisse par rapport à l’an dernier
  • Pas étanche
  • Partie photo et vidéo en retrait

Un segment de marché souvent moqué, a fortiori dans l’Hexagone où la sauce peine à prendre, mais qui revêt une importance grandissante en Asie. Il ne faudrait pas oublier, aussi, qu’en matière d’innovations, les smartphones gaming font office de bergers guidant le troupeau. On leur doit notamment des systèmes de refroidissement plus perfectionnés, mais également les écrans à taux de rafraîchissement élevés que l’on retrouve absolument partout aujourd’hui.

Alors quelles nouveautés sur ce Asus ROG Phone 3 ? Comment le smartphone parvient-il à se positionner face à une concurrence impitoyable sur le très haut de gamme et, surtout, quelle justification trouvera-t-on à son tarif deux fois plus élevé qu’un Black Shark 3 ou qu’un Nubia RedMagic 5G ? Réponse dans notre test complet.

© Pierre Crochart pour Clubic

Asus ROG Phone 3 : la fiche technique

Le ROG Phone 3 est un smartphone conçu comme la vitrine technologique du Snapdragon 865 Plus : le dernier SoC de Qualcomm ; accessoirement le tout premier processeur mobile à franchir la barre des 3 GHz. D’avance, on sait que l’on se trouve en présence du téléphone le plus puissant que l’on n’a jamais vu. D’autant que le reste de la fiche technique se met au pas.

Le Asus ROG Phone 3, c’est :

  • Écran : AMOLED de 6,59 pouces (19,5:9) affichant une définition Full HD+ de 2340 x 1080 pixels (391 ppi, 144 Hz, HDR 10+, échantillonnage 270 Hz, latence 25 ms) et couvrant environ 80% de la surface avant
  • SoC : Snapdragon 865 Plus (7 nm) avec processeur octo-core (1x 3,1 GHz + 3x 2,42 GHz + 4x 1,8 GHz) et GPU Adreno 650 (670 MHz)
  • Mémoire vive : 12 ou 16 Go LPDDR5
  • Stockage interne : 256 ou 512 Go en UFS 3.1 (non extensible via carte SD)
  • Batterie : 6 000 mAh, recharge rapide à 30 W, pas de recharge sans-fil
  • Étanchéité : non
  • Prise jack 3,5 mm : non, adaptateur inclus
  • Audio : deux haut-parleurs avant stéréo, tuning par DIRAC. Audio filaire 192kHz/24-bit
  • Appareils photo arrières :
    • Grand angle : Sony IMX 686 64 mégapixels ƒ/1.8, 1/1.72", 1,6 µm
    • Ultra grand-angle : 13 mégapixels ƒ/2.4 équivalent 11 mm sur un capteur plein format
    • Macro : 5 mégapixels ƒ/2.0
  • Appareil photo avant : 24 mégapixels ƒ/2.0, 0.9 µm (vidéo 1080p @ 30 ips)
  • Vidéo : 8K @ 30 ips, 4K @ 60/120 ips, 1080p @ 60/120/240 ips, EIS 3-axes
  • Déverrouillage : capteur d’empreintes sous l’écran, déverrouillage facial 2D
  • Double SIM : Oui
  • Compatible 5G : Oui
  • Connectivité : Wi-FI 802.11 a/b/g/n/ac/6, Bluetooth 5.1, NFC
  • Dimensions : 171 x 78 x 9.85 mm pour 240 grammes
  • OS : Android 10 avec ROG UI ou Zen UI
  • Coloris : Noir
  • Prix : 999€ pour 12+512 Go ou 1099€ pour 16+512 Go
  • Disponibilité : En précommande le 23/07, sortie début août 2020

Généreuse, la boîte du ROG Phone 3 renferme un adaptateur secteur 30 W et son câble USB-C, une coque rigide en plastique, un kit mains libres, un adaptateur USB-C vers jack 3.5 mm et le ventilateur AeroCooler 3, lequel vient se greffer au besoin sur le port propriétaire du ROG Phone 3.

© Pierre Crochart pour Clubic
La coque de gauche est fournie avec le smartphone. Les deux autres seront disponibles à l'achat ultérieurement. © Pierre Crochart pour Clubic

Mise à jour du 16/10 : prise en main des accessoires du ROG Phone 3

Plus tardivement que l’an dernier, nous avons reçu la panoplie d’accessoires du ROG Phone 3. Cette année, le line up qui nous a été proposé se compose des manettes ROG Kunai, du TwinView Dock et du tout nouveau ROG Clip qui, comme nous allons le voir, arrive à point nommé pour intéresser les nouveaux venus du cloud gaming.

ROG Kunai

Toujours aussi « inspirées » des JoyCon (souffrent-elles de drift après quelques semaines d’utilisation ?), les Kunai 3 marquent leur différence par l’apparition de deux palettes à l’arrière. On ne vous fait pas un dessin : celles-ci offrent des possibilités de personnalisation et de remapping encore plus poussées qu’auparavant.

Comme l’an dernier, trois scénarios d’usage sont envisageables avec les ROG Kunai 3. On peut d’abord les fixer à la coque en plastique fournie et profiter de son jeu en mode console portable. Mais il est aussi possible de joindre les deux Kunai sur leur socle et de les appairer en Bluetooth afin de prendre de la distance par rapport à l’écran du smartphone. Astucieux : le ventilateur AeroCooler 3 fourni avec le téléphone sert aussi de trépied.

© Asus

Globalement, nous avons trouvé la prise en main de ces nouvelles manettes très agréable. On sent qu’un gros travail a été fait chez Asus pour améliorer son produit, qui paraît plus solide que jamais. La latence est en outre excellente.

On est malgré tout déçus qu’un si faible nombre de jeux supporte ces manettes. Par chance, le Xbox Game Pass et ses jeux en cloud permettent d’en profiter sans aucun problème. Mais au vu de son prix, on recommandera plutôt l’option ROG Clip + gamepad traditionnel.

xCloud est totalement compatible avec le ROG Kunai © Pierre Crochart pour Clubic

Prix : 159€

ROG TwinView Dock 3

Probablement l’accessoire le plus massif du line up, le TwinView Dock 3 permet, pour rappel, d’ajouter un deuxième écran au ROG Phone 3. Rien que ça. 

Si le modèle de l’an dernier reste bien entendu compatible avec le ROG Phone 3, cette nouvelle cuvée se remet à niveau et intègre désormais une dalle AMOLED 6 pouces à 144 Hz afin de répliquer exactement l’expérience du smartphone gaming.

Pour ne rien gâcher, l’accessoire intègre une batterie de 5 000 mAh ainsi qu’un système de refroidissement assez poussé. En bref : l’artillerie lourde pour joueur mobile acharné.

© Pierre Crochart pour Clubic

On reste toutefois assez mitigés sur l’utilité d’un tel appareil. Peut-être des streamers aguerris sauront en faire l’usage, mais mis à part le visionnage de vidéos en pleine partie, ou encore le chat sur diverses messageries, l’apport du TwinView Dock nous apparaît assez minime — encore — au regard de son prix.

Prix : 249,99€

ROG Clip

C’est l’accessoire le moins cher du trio, et c’est pourtant celui qui nous convainc le plus. C’est que, depuis la sortie du ROG Phone 3, Microsoft a officialisé sa plate-forme de cloud gaming et l’a intégrée au Game Pass. Résultat : on joue de plus en plus sur smartphone, et pas qu’à des jeux mobiles.

Asus a le nez creux de s’insérer sur le marché des supports manettes pour Smartphone. D’autant qu’il ne fait pas les choses à moitié ! Dans le packaging, on retrouve un support permettant d’adapter une manette Xbox One, PS4 et même Google Stadia. D’ailleurs, pour tout achat du ROG Clip, 3 mois à Stadia Pro sont offerts.

© Pierre Crochart pour Clubic

De bonne conception, le support possède une double articulation permettant d’ajuster de façon ultra précise l’angle de vision. 

Le support permet d’accueillir le ROG Phone 3 évidemment, mais pas seulement. Il peut accueillir tout smartphone d’une largeur comprise entre 69 et 80 mm. Autrement dit : l’immense majorité des téléphones d’aujourd’hui.

© Pierre Crochart pour Clubic

Prix : 29,99€

Design : le plus sobre des smartphones gaming

On ne vous apprendra rien : les smartphones gaming ne sont pas tout à fait la discrétion incarnée. Massifs, ces monstres de puissance conjuguent lignes agressives, loupiottes multicolores et poids record. En la matière, le ROG Phone 3 ne fait pas exception. Mais tout comme son prédécesseur, reconnaissons qu’il figure encore parmi les plus sobres des smartphones gaming.

© Pierre Crochart pour Clubic

Vous remarquerez sans doute que l’esthétique du téléphone évolue peu par rapport au dernier modèle. Même diagonale, mêmes dimensions. Mais cela n’est pas un signe de paresse de la part d’Asus, au contraire. Le constructeur a tenu à ce que (presque) tous les accessoires du ROG Phone II soient compatibles avec le ROG Phone 3. Histoire d’éviter de devoir repasser à la caisse — sympa.

© Pierre Crochart pour Clubic

"PRESQUE TOUS LES ACCESSOIRES DU ROG PHONE II SONT COMPATIBLES AVEC LE ROG PHONE 3"

Au rang des nouveautés, on distingue cet aileron, au dos du smartphone, qui donne un aperçu du complexe système de refroidissement intégré à l’appareil. Une ailette de plus petite taille que l’an dernier, qui aère davantage l’esthétique arrière du téléphone. Au centre trône toujours le logo ROG, lequel s’éclaire de différentes couleurs lorsque le Mode X (nous y reviendrons) est activé. Aussi : un troisième capteur photo s’ajoute cette année à la configuration située en haut à droite.

À l’avant, rien ne change ou presque. Les deux énormes grilles de haut-parleurs (en haut et en bas) perdent leur liseré cuivré qui leur allait pourtant bien, et se parent d’un noir plus classique. L’écran — plat — occupe toujours 6,59 pouces et intègre un capteur d’empreintes digitales.

Le capteur d'empreintes est bien placé et très réactif. © Pierre Crochart pour Clubic

Idéalement placés, les boutons de mise sous tension (qui récupère, lui, une petite touche de couleur orangée) et de volume tombent naturellement sous le doigt. Ils sont encadrés par les deux boutons haptiques AirTriggers 3 qui, comme nous le verrons plus tard, rendent d’énormes services une fois en jeu.

Les boutons tactiles AirTriggers 3 se trouvent en haut et en bas de la tranche droite de l'appareil. © Pierre Crochart pour Clubic

Sur la tranche opposée, à gauche, on trouvera le tiroir de cartes SIM et le cache recouvrant le port propriétaire permettant de greffer des accessoires au ROG Phone 3. Concrètement : il s’agit de deux ports USB-C mis côte à côte. Chacun peut donc aussi servir à recharger le téléphone vers le bas lorsque l’on tient le smartphone en mode paysage. Idéal en jeu, encore une fois.

Le port propriétaire du ROG Phone 3 consiste en 2 broches USB-C qui sont utilisées par les accessoires compatibles. © Pierre Crochart pour Clubic

"LE ROG PHONE 3 NE BÉNÉFICIE D'AUCUNE CERTIFICATION D’ÉTANCHÉITÉ"

Enfin nous l’avons dit : le ROG Phone 3 tire un trait sur le port jack 3.5 mm, qui disparaît donc du bas de l’appareil. Seul le port USB-C est encore présent. Rappelons au passage que le smartphone ne bénéficie d’aucune certification d’étanchéité. Une absence difficile à avaler au vu du tarif du téléphone.

Écran : une dalle 144 Hz presque parfaitement calibrée

Quelques mois après Nubia et son RedMagic 5G, Asus passe également à un écran 144 Hz. Une fréquence extrêmement élevée, dont on peine, au quotidien, à discerner des 120 Hz qui commencent à devenir la norme sur le marché grand public. Mais si le nombre de jeux effectivement compatibles avec les 144 Hz est pour l’heure encore faible (250 titres à date tout de même d'après Asus) le constructeur souhaite ainsi prendre un train d’avance sur les développeurs.

Mais comment s’en sort l’écran AMOLED du ROG Phone 3 côté justesse des couleurs et luminosité ?

© Pierre Crochart pour Clubic

Résumons qu’il y a d’un côté les promesses — 113% de couverture du spectre P3 et dE < 1 — et de l’autre, la réalité. Malgré toute notre bonne volonté et notre patience, nous ne sommes jamais parvenus à de tels résultats. Du moins pas en simultané.

Avec le mode d’affichage par défaut, l’écran du ROG Phone 3 affiche des couleurs assez froides, mais couvre à 100% l’espace sRGB. Nous avons effectivement pu relever une couverture à 110,2% du DCI-P3 avec l’affichage « Naturel », mais le point blanc était encore beaucoup trop froid (7900K) et le delta E oscillait entre 4,6 et 6. Rappelons que, dans l’idéal, on recherche une température de 6500K et un dE < 3.

Le mode d'affichage Cinématique offre la meilleure restitution des couleurs. © Pierre Crochart pour Clubic

D’après nos mesures, réalisées à l’aide du logiciel Calman Ultimate de Portrait Display, nous arrivons à la conclusion que le mode d’affichage « Cinema » s’approche le plus de ces standards. La température oscille entre 6632 et 6532K (à 50% et 100% de luminosité), le spectre sRGB est couvert à 100% (97,4% du P3) et le delta E navigue entre 2,9 et 4,38 selon la luminosité. En d’autres termes : un très bel écran, même si l’importante dérive du rouge empêche d’atteindre de meilleurs résultats.

Côté luminosité, l’écran est capable de monter jusqu’à 444 cd/m2 en manuel. En laissant la gestion de l’intensité lumineuse au smartphone, il peut grimper jusqu’à 672 cd/m2 si la lumière extérieure est trop puissante. Une mesure très raisonnable, mais peut-être un poil en deçà de nos attentes pour un smartphone de cet acabit.

Par défaut (et c’est le mode que nous avons nous-mêmes privilégié), le ROG Phone 3 opte pour une fréquence de rafraîchissement dynamique, qui s’adapte au contenu que vous regardez. Pour la navigation quotidienne, la fréquence se cale à 90 Hz, et s’adapte aux jeux selon qu’ils prennent en charge les 120 Hz ou seulement les 60 images par seconde.

Au final, le mode 144 Hz nous a assez peu servi. On l’a dit : la différence n’est pas flagrante comparé aux 120 Hz, et on a aussi relevé une dérive visible du vert dans l’équilibre des couleurs. Sur les mesures ci-dessous, on s’aperçoit que le point blanc tire largement sur le vert, notamment sur le gris 30%.

En 144 Hz, le vert devient dominant et parasite l'affichage d'un blanc parfait.

Ceci étant dit, il faut aussi rappeler qu’il y a fréquence d’affichage, et fréquence d’échantillonnage : le nombre de fois par seconde où les mouvements du doigt de l’utilisateur sont analysés. Cadencé à 270 Hz sur cet aspect, l’écran du ROG Phone 3 est admirable de réactivité, et réduit la latence au minimum. De quoi garantir un maximum de souplesse en jeu.

Pour les amateurs de vidéos, l’écran sans distraction (car avec bordures) du ROG Phone 3 est également un très bon cru. Grâce à des couleurs justes  et une compatibilité HDR10+, vos contenus favoris prennent vie entre vos mains. Dommage qu’avec ses 240 grammes, on peine à tenir le ROG Phone 3 sur de longues périodes. Heureusement, le ventilateur AeroCooler 3 fourni a la très bonne idée de se doter d’un support.

© Pierre Crochart pour Clubic

Audio : un smartphone qui a du coffre

Le ROG Phone II était déjà un très bon audiophone, et son successeur ne démérite pas, au contraire. Embarquant des haut-parleurs encore plus puissants, et tunés cette fois par DIRAC — les spécialistes suédois de la hifi — le smartphone gaming d’Asus offre une prestation sonore bluffante.

Très puissant, grâce à son réglage du volume sur 30 niveaux et ses haut-parleurs sensibles, le son ne sature jamais et ne semble oublier aucun aspect du spectre sonore. Les basses, une fois n’est pas coutume, sont très présentes et bien restituées. Les médiums, indispensables pour bien saisir les voix, sont très précis. Les aigus manquent quant à eux à peine de clarté, mais restent très joliment retransmis.

Le ROG Phone 3 offre une excellente prestation sonore © Pierre Crochart pour Clubic

En filaire, le smartphone fait également office de bon DAC d’appoint et prend en charge les sources 192kHz/24-bit. Du bonheur si vous disposez d’un casque de bonne facture et des fichiers audio idoines. En Bluetooth, tous les codecs usuels et haute-définition sont bien entendu supportés par le ROG Phone 3.

"SANS DOUTE L'UNE DES EXPÉRIENCES AUDIO LES PLUS PERSONNALISABLES QUE L'ON AIT VUES SUR ANDROID"

Grâce à son partenariat avec DIRAC, Asus est en mesure de proposer des réglages de l’egaliser spécialement dédiés pour le jeu. GameFX, paramétrable depuis les réglages du téléphone, offre toute une variété d’effets sonores et de curseurs permettant d’ajuster l’expérience sonore selon ses préférences. Sans doute l’une des expériences audio les plus personnalisables que l’on ait vues sur Android.

ROG UI offre énormément de paramètres pour personnaliser son expérience audio.

Performances : imbattable, tout simplement

Le Snapdragon 865 fait des merveilles, et le Snapdragon 865 Plus pousse les curseurs encore plus loin. On l’a dit : le nouveau SoC de Qualcomm embarque pour la toute première fois un cœur cadencé à 3,1 GHz. Ce que ça change ? Soyons honnêtes : pas grand-chose. Si ce n’est ce plaisir de voir que son smartphone explose littéralement tous les records dans nos différents benchmarks.

Au centre avec Mode X activé

Sur AnTuTu, c’est sans surprise aucune que le ROG Phone 3 met à terre l’intégralité de la concurrence avec 632 106 points et jusqu’à 640 748 points avec le « Mode X », qui décuple la puissance du téléphone. Sur Geekbench, l’appareil tutoie même les 1 000 points en single-core et dépasse allégrement les 7400 points sur 3D Mark avec OpenGL (7940 avec le Mode X !) et 6500 sur Vulkan. Le smartphone n’étant pas encore officiellement supporté par l’application, nous n’avons pas pu éprouver ses performances avec le Mode X activé.

La mémoire flash du téléphone fait honneur à son nom et propose des débits tout bonnement explosifs avec plus de 760 Mb/s en écriture et 1728 Mb/s en lecture.

N’ayons pas peur des mots : le ROG Phone 3 — testé ici dans sa version 16 Go de RAM — est sans conteste le smartphone le plus rapide jamais assemblé. Il n’existe, à ce jour, aucune application ni aucun jeu disponible sur le Play Store qui soit en mesure de l’essouffler. Vous pouvez ainsi vous plonger dans n’importe lequel de vos jeux favoris avec l’assurance d’une qualité graphique optimale.

À ce jour, aucun titre n'est susceptible de mettre à genoux le ROG Phone 3 © Pierre Crochart pour Clubic

Un mot sur la chauffe. Assez rapide une fois qu’une application 3D gourmande est lancée, elle a plafonné durant nos tests à 44°C après plus d’une heure de jeu. En ajoutant le AeroCooler 3 au dos de l’appareil, le mercure a pu redescendre de 1 à 2°C. En greffant le ventilateur au smartphone dès le début de la session de jeu, nous avons aussi constaté une montée plus lente de la température, mais un plafond toujours fixé à 44°C.

Le AeroCooler 3 (fourni) est un petit ventilateur avec trépied qui permet de ralentir la montée en température du smartphone. © Pierre Crochart pour Clubic

Interface : tout pour le jeu

Du côté de l’interface, le ROG Phone 3 repose toujours sur ROG UI, la surcouche maison dédiée au jeu. Fatalement très orientée « gaming», avec ce que cela implique de néons et de RGB. Au déballage, le ROG Phone 3 est livré avec Android 10 et la mise à jour de sécurité du 1er mai dernier. Une petite remise à niveau s’impose sur ce point.

Par défaut, le smartphone affichera un thème aux couleurs sombres faisant la part belle au contraste infini de la dalle AMOLED. On pourra bien sûr se rendre dans les paramètres puis dans Thèmes pour opter pour un affichage plus clair, voire passer sur une autre surcouche de la maison : Zen UI, beaucoup plus adaptée au grand public. Les fonctionnalités (et les menus) restent les mêmes.

Les fonctionnalités, justement, couvrent tout ce que l’on s’attend à trouver dans un smartphone en 2020. Navigation gestuelle, mode sombre, écran always-on, bien-être numérique, gestion de la fréquence de rafraîchissement et schéma de couleurs. À ce bagage somme toute classique, Asus a ajouté une myriade d’options dédiée — vous l’aurez deviné — au jeu vidéo et à l’optimisation des performances.

Pour commencer, à la manière d’un Pixel signé Google, il est possible de presser les bords du smartphone dans sa paume afin de déclencher le fameux Mode X, qui décuple les performances en jeu. Moins gadget, on peut citer l’application Armoury Crate qui se présente comme un véritable hub de gestion pour ses jeux et ses paramètres favoris.

Gadget : une pression sur les bords du smartphone permettent de lancer le Mode X © Pierre Crochart pour Clubic

Les fonctionnalités spécifiques aux jeux

Attention, cette partie s’annonce velue. Dans Armoury Crate, le ROG Phone 3 agrège automatiquement tous les jeux qui sont installés sur l’appareil. Pour chaque titre, il est possible de définir différents « scénarios ». Fréquence de rafraîchissement maximum, sensibilité du toucher, zone de détection des doigts plus ou moins larges sur les bords, restriction de l’utilisation du réseau mobile et de la réception des notifications… Vous pouvez absolument TOUT configurer depuis Armoury Crate.

Misant à fond sur l’aspect communautaire de son application, Asus prévoit également d’éditorialiser Armoury Crate et de permettre aux utilisateurs de se partager leurs configurations pour s’entraider. Une fonctionnalité encore en développement.

C’est également depuis Armoury Crate que vous pourrez configurer votre profil d’utilisation des AirTriggers 3, ces gâchettes haptiques très pratiques notamment sur les FPS. La configuration peut également s’effectuer en jeu, et nous vous recommandons d’ailleurs cette option pour plus de confort.

Une fois qu’un jeu est lancé via Armoury Crate, un overlay devient accessible via un simple swipe vers la droite. On accède alors à toute une variété d’options additionnelles : verrouillage de la luminosité, taux de rafraîchissement ou, même, navigateur Web intégré via une fenêtre flottante. De cet overlay, on peut paramétrer à loisir AirTriggers 3 dont le fonctionnement est très simple : il suffit de placer l’ancre correspondante à chaque gâchette sur le bouton que l’on souhaite déclencher en jeu.

"TOUTES LES TOUCHES TACTILES D'UN JEU PEUVENT ETRE REMAPPÉES"

Par exemple, sur Call of Duty Mobile, j’ai fait le choix de viser avec la gâchette gauche, et de tirer avec la droite. J’ai donc positionné les ancres sur les boutons correspondants. La grande nouveauté des AirTriggers 3 est qu’il est désormais possible de diviser chaque gâchette en deux (à la manière des boutons L1/L2 et R1/R2 sur les manettes de consoles), mais aussi de déclencher une action en secouant brusquement son téléphone (la sensibilité peut être réglée). En bref : toutes les touches tactiles d’un jeu peuvent être remappées pour que l’on n’ait plus besoin de toucher à l’écran, sauf pour se déplacer.

Enfin, Armoury Crate offre aussi l’accès au panneau de contrôle du Mode X. D’ici, on peut prendre connaissance des différentes fréquences, de la température du smartphone, de l’autonomie restante et de bien d’autres options encore. Bref : un véritable système d’exploitation dans le système d’exploitation, qui permet de façonner son expérience de jeu comme bon nous semble.

Autonomie : pas de révolution

L’an passé, nous qualifions le ROG Phone II de smartphone le plus endurant de l’année (du moins, au moment où le test avait été rédigé). Et autant dire qu’en constatant qu’Asus a opté pour la même batterie sur son nouveau modèle, nous nous attendions à un nouveau record.

Mais ce serait ne pas prendre en compte que la consommation électrique générale du téléphone grimpe en flèche cette année. Outre un SoC à la fréquence dépassant pour la toute première fois les 3 GHz, on y trouve aussi un modem 5G dédié, et bien entendu une fréquence d’affichage encore supérieure à l’an dernier (144 Hz contre 120 Hz).

Bref, un cocktail explosif qui fait que, grosso modo, nous n’avons pas franchement constaté de grande évolution sur l’autonomie du ROG Phone 3. En réalité, on serait même presque déçus des résultats.

Si, dans un premier temps, j’ai opté pour un usage « classique » (comprenez sans jeu vidéo intensif) du smartphone, j’ai recommencé le processus en cumulant plus de 3 heures de jeu au total (oui, je fais un métier difficile). Là, les chiffres étaient nettement moins bons.

Lors du premier passage, le smartphone a tenu 41h sur batterie avec un temps d’écran de 7 h. Le second a eu raison de la batterie en 24 h chrono, pour un temps d’écran de 7 h 30.

Notez que, dans les deux cas, j’ai conservé le réglage de la fréquence d’affichage en mode « Automatique », qui privilégie une navigation à 90 Hz en permanence, et passe au besoin sur des fréquences supérieures sur les jeux compatibles.

Côté recharge, Asus reste dans une pantoufle qui lui sied bien. Avec son adaptateur secteur 30 W, il faut compter 1 h 30 tout rond pour récupérer 100% d’autonomie. 50% sont récupérés en 30 minutes. Classique, efficace, et surtout meilleur pour la longévité de la batterie. Un nouveau cheval de bataille pour le constructeur.

La partie logicielle du ROG Phone 3 est riche en fonctionnalités permettant d’affiner ses préférences en matière de recharge. L’outil PowerMaster, accessible depuis le menu Batterie, permet d’amoindrir la vitesse de recharge afin de, par exemple, prendre toute la nuit pour recharger le téléphone. On peut aussi définir un seuil de recharge maximum à atteindre afin de rallonger encore le cycle de vie de la batterie. Une très bonne démarche que l’on souhaiterait voir beaucoup plus souvent chez la concurrence !

Photo : un manque de finesse compensé par une grande aisance en plein jour

Les compromis qu’a dû faire Asus pour accoucher du ROG Phone 3 se sont habilement fait oublier jusqu’à ce que nous nous attaquions à la partie photo.

Très clairement : le dernier-né du constructeur taïwanais n’est pas en mesure de tenir tête aux autres smartphones de son rang. Il fait en revanche aussi bien que le Black Shark 3 de Xiaomi. Et pour cause : la configuration photo des deux appareils est très proche, et repose sur un capteur Sony IMX 686 de 64 mégapixels.

L’essentiel des différences entre les deux appareils tient du traitement numérique qui est appliqué après les prises de vue, et bien entendu à l’application Camera qui n’a pas grand-chose à voir d’un modèle à l’autre.

© Pierre Crochart pour Clubic

Grand-angle

En plein jour, et grâce à la fameuse technique du pixel-binning qui combine quatre pixels en un afin d’améliorer la netteté, le contraste et l’exposition générale, le ROG Phone 3 offre de très bons clichés.

© Pierre Crochart pour Clubic

Les couleurs sont justes, jamais exagérées, et les particularités de certaines textures sont bien retranscrites jusque dans la pellicule numérique.

© Pierre Crochart pour Clubic

Comme d’habitude, il est bien sûr possible d’opter pour un mode de capture 64 mégapixels. Ce faisant, la taille des pixels est divisée par deux, ce qui dégrade l’exposition et la finesse des détails. On gagne cependant la possibilité de recadrer plus avantageusement sa photographie. Dans la plupart des cas, l’usage du capteur en mode 16 mégapixels reste la meilleure option.

À gauche en 16 MP, à droite en 64 MP © Pierre Crochart pour Clubic

Enfin les capacités HDR du capteur sont plutôt honnêtes, même si l’on s’attend à bien mieux pour ce tarif. Le halo autour de la source des hautes lumières est nettement amoindri, mais beaucoup de bruit numérique vient s’immiscer dans les ombres. On préfèrera laisser l’appareil en mode automatique pour qu’il juge du meilleur scénario d’utilisation.

À gauche sans HDR, à droite avec HDR © Pierre Crochart pour Clubic

Ultra grand-angle

Avec ses 13 mégapixels et sa faible ouverture (ƒ/2.4), le module ultra grand-angle ne donne pas des résultats extraordinaires.

© Pierre Crochart pour Clubic

Bien sûr, on s’en accommode en plein jour, et il permet d’immortaliser de façon originale son quotidien. Mais les clichés manquent de peps et la correction de la distorsion n’est pas optimale. Il faut dire que la très courte focale utilisée par Asus (équivalente à 11 mm sur un plein format) couvre une énorme surface. On n’échappe donc pas au phénomène de diffraction et à une perte de détails notables dans les angles.

© Pierre Crochart pour Clubic

Le piqué demeure bon au centre de l’image, et la rétention de détails permet de recadrer très légèrement ses photographies.

© Pierre Crochart pour Clubic

Ici, le HDR fait un meilleur travail que sur le grand-angle en rééquilibrant le contraste et en atténuant le bruit dans les ombres.

À gauche sans HDR, à droite avec HDR © Pierre Crochart pour Clubic

Zoom

Techniquement, le ROG Phone 3 est dépourvu d’un zoom en bonne et due forme. Mais la générosité en pixels du capteur principal de 64 mégapixels permet d’effectuer un zoom numérique 8x.

© Pierre Crochart pour Clubic

Inutile de préciser qu’on perd au passage énormément de détails dans ses photos. Le bruit est omniprésent, et même si le traitement fait tout son possible pour arrondir les angles, on se retrouve avec des textures baveuses qui ne rendent guère justice à votre sujet.

© Pierre Crochart pour Clubic

Le smartphone fait malgré tout un bon travail pour préserver le contraste et la continuité des couleurs.

© Pierre Crochart pour Clubic

Portrait

Dans l’exercice du portrait, le ROG Phone 3 donne des résultats assez variables selon les situations. Une constante demeure néanmoins : l’excès de lissage sur la peau du sujet — on n’en distingue presque aucun pore, et cela s’accentue encore lorsqu’il est à contrejour.

© Pierre Crochart pour Clubic

Ceci étant dit, le détourage est plutôt réussi, et même les cheveux épars ne passent pas entre les mailles du filet. On peut bien entendu régler la profondeur de champ pendant et après la prise, et même modifier la mise au point. Une fonctionnalité encore trop rare sur Android.

À contrejour, votre peau devient lisse comme la soie... © Pierre Crochart pour Clubic

À l’avant, le ROG Phone 3 donne de bons résultats, sans fioriture. Les 24 mégapixels sont suffisants pour obtenir des clichés de bonne facture, mais on remarque et regrette une nouvelle fois un certain excès dans le lissage. Le détourage est également moins convaincant qu’à l’avant.

© Pierre Crochart pour Clubic

Macro

Le capteur macro de 5 mégapixels n’est ni vraiment bon, ni à côté de la plaque. Sa mise au point est néanmoins rapide, et la distance minimum parmi les plus généreuses.

© Pierre Crochart pour Clubic

Bien sûr, la faible définition de ce capteur ne permet guère de saisir tous les détails de cet infiniment petit, mais offre tout de même de quoi s’amuser occasionnellement. 

© Pierre Crochart pour Clubic

Nuit

Asus opte pour son mode nuit pour une technique déjà adoptée par Apple sur ses iPhone 11 et iPhone 11 Pro. Au lieu de proposer à l’utilisateur un mode automatique et un mode nuit dédié, le ROG Phone 3 détecte automatiquement une scène nocturne et applique (en vous prévenant, bien sûr) le protocole adapté. Nettement plus simple que de devoir jongler avec différents modes de capture.

À gauche mode Auto, à droite mode Nuit © Pierre Crochart pour Clubic

Notons qu’un mode dédit « Nuit » est également disponible, mais qu’il offre exactement les mêmes résultats qu’en laissant l’algorithme choisir pour nous. 

À gauche mode Auto, à droite mode Nuit © Pierre Crochart pour Clubic

Ceci étant dit, inutile de s’attendre à des miracles. Le ROG Phone 3 n’est pas le Huawei P40 Pro ou le Pixel 4 XL. Il s’en sort correctement de nuit (et gère plutôt bien les hautes lumières), mais n’est pas en mesure de produire des clichés exempts de défauts et aux textures parfaitement nettes.

À gauche mode Auto, à droite mode Nuit © Pierre Crochart pour Clubic

Vidéo

En vidéo, le ROG Phone 3 est moins à la fête. S’il est capable de filmer en 8K à 30 images par seconde, on sent que la technologie n’est pas encore à son apogée. Le mode 4K 60 images par seconde est en revanche très bon, et offre une restitution fidèle et détaillée de votre environnement.

Notez qu’il est également possible de filmer en 4K à 30 images par seconde via le module ultra grand-angle. Néanmoins la plus faible définition du capteur dégrade davantage la qualité optique des films.

Enfin, la stabilisation électronique du capteur sur 3 axes est de bonne facture et compense plutôt bien les pas de l’utilisateur. On n’est pas au niveau d’un Galaxy S20 Ultra sur ce point, mais on s’accommode de résultats ni mauvais, ni extraordinaires.

Asus ROG Phone 3 : l’avis de Clubic

Le Asus ROG Phone 3 nous offre exactement ce que l’on attendait de lui : une déferlante de puissance, et une expérience d’une fluidité sans commune mesure.

Grâce à son processeur ultra rapide et à diverses optimisations internes, le ROG Phone 3 est à ce jour le smartphone le plus puissant jamais arrivé sur le marché. Bien sûr, son positionnement est risqué, d’autant plus face à des concurrents qui cassent les prix, même sur le marché du gaming nomade. Un marché qui reste pour le moment une niche — ce qu’Asus reconnaît et se plait à représenter de la plus belle des manières.

Mais le ROG Phone 3 ne s’adresse pas qu’aux joueurs invétérés qui veulent s’adonner aux derniers titres avec tous les paramètres graphiques au maximum. Grâce à son grand écran, ultra réactif et bien calibré, il contentera aussi les amateurs de belles images. Ses puissants haut-parleurs font d’ailleurs écho à cette appétence cinématographique.

Reste qu’à ce prix, on attendait peut-être un peu mieux du côté de la photo et, surtout, une certification IP pour l’étanchéité. Comme quoi, même au-dessus de 1 000€, des compromis doivent parfois être faits. 

Conclusion
Note générale
9 / 10

Smartphone le plus rapide jamais conçu, le ROG Phone 3 coche toutes les cases ou presque. Écran bien calibré et ultra réactif ? Check. Autonomie costaude ? Check. Prestation sonore de bonne qualité ? Check. Sans oublier une surcouche Android et une myriade d’optimisations logicielles pour tirer parti de toutes ses fonctionnalités gaming.

Ne lui manque malheureusement qu’un petit peu plus d’audace au niveau de la photographie, et une certification IP dont l’absence fait tache sur un smartphone vendu plus de 1000€.

Les plus
  • Un smartphone gaming presque sobre…
  • Une puissance inégalée
  • Écran bien calibré et ultra réactif
  • Partie sonore bluffante
  • Toutes les options dédiées au gaming
  • Les AirTriggers 3 améliorent encore la recette
Les moins
  • … mais toujours trop lourd
  • Autonomie en légère baisse par rapport à l’an dernier
  • Pas étanche
  • Partie photo et vidéo en retrait
Sous-notes
Design
6
Écran
9
Performances
10
Autonomie
8
Photographie
7

Test réalisé sur un smartphone prêté par le constructeur