Cinquième trimestre record pour Intel, qui dépasse pour la première fois la barre des 13 milliards de chiffre d'affaires. Comme la tendance semble le confirmer, la demande dans les datacenters est l'une des raisons de cette bonne performance, avec l'explosion de la mobilité et la demande en entreprise.
Les amateurs de rugby le savent : rien ne sert de battre l'Italie, l'Irlande, l'Ecosse, le Pays de Galles, si c'est pour rater le match contre l'Angleterre. Se faire laminer par tous est presque moins humiliant que de rater le grand chelem uniquement à cause du XV de la rose. En matière de résultats financiers, la problématique n'est pas si éloignée qu'on pourrait croire. Après quatre trimestres records consécutifs, Intel aurait sans doute vécu comme un échec sans précédent une mauvaise performance au deuxième trimestre de l'année fiscale 2011, qui vient de s'achever. Comme s'il avait vécu une bonne année, mais qu'il était temps de remettre les pieds sur terre.
Intel n'a pas tremblé. Cinquième trimestre record, avec 13,1 milliards de dollars de chiffre d'affaires trimestriels. Une hausse de 22% sur une année glissante. Seul point légèrement négatif, ses marges brutes ont eu tendance à se dégrader, avec une chute de 5,5%. Mais elles restent assez élevées, à 62%. Cela lui permet de dégager un bénéfice opérationnel de 4,2 milliards de dollars, en hausse de 221 millions de dollars par rapport au deuxième trimestre de l'année 2010, soit une hausse de 6%. Et de réaliser un bénéfice net en augmentation de 10%, à 3,2 milliards de dollars.
Communication économique oblige, Intel en profite pour s'inventer des objectifs : « Nous avons atteint une nouvelle étape au deuxième trimestre, en dépassant les 13 milliards de dollars de revenus pour la première fois. » Certes, à ce niveau, on peut comprendre que chaque nouveau milliard soit à marquer d'une pierre blanche. Mais là où Paul Otellini, le PDG d'Intel, est plus intéressant, c'est lorsqu'il détaille les principales explications aux résultats : une « demande forte chez les entreprises », « l'explosion des appareils mobiles », « le trafic Internet qui alimente la croissance des datacenters » et la « croissance rapide de l'informatique dans les économies émergentes » ont été le moteur du record.
Reste quelques bémols tout de même. Ainsi, les ventes d'Atom sont en berne ! Le chiffre d'affaires de la Business Unit Atom accuse une baisse de 15% liée à aux faibles ventes de netbooks ces derniers mois. Et alors qu'Intel n'a toujours pas réussi à placer ses composants au coeur des tablettes les plus populaires et autres smartphones, Paul Otellin s'est livré à une figure de style intéressante ! Les ventes de tablettes et de smartphones (principalement équipés de processeurs ARM donc) bénéficient à Intel. En effet pour 122 tablettes vendues il faut un serveur et pour 600 smartphones vendus un autre serveur. En clair à défaut de vendre des processeurs pour ces périphériques plutôt en vogue, Intel en profite indirectement. Voilà qui pourrait sonner comme un aveu d'échec. Pas du tout selon Mikael Moreau, porte-parole du bureau français du fondeur :
« Intel croit en la stratégie du continuum informatique. D'ici 2015, il y aura plus de 15 milliards de périphériques connectés à Internet selon les analystes (TV, smartphones, tablettes, etc) avec un milliard d'internautes supplémentaires. Cette croissance bénéficie à Intel : les fournisseurs ont besoin de serveurs pour continuer à proposer leurs contenus ».
Alors qu'Intel voit sa croissance soutenue grâce aux pays émergents, le Brésil pourrait bientôt devenir son troisième plus gros marché, le fondeur a revu ses prévisions de croissance du marché PC et table dorénavant sur une hausse des ventes comprises entre 8 et 10% pour l'année 2011, un chiffre toujours supérieur à celui des analystes. Le budget alloué à la recherche et au développement augmente également en passant de 15,7 à 16,2 milliards de dollars, et cela est lié au coût de mise en place des nouvelles usines en 22nm. Terminons enfin par un mot sur la feuille de route Intel : le géant de Santa Clara souhaite accélérer le développement de ses futurs processeurs Atom. Aussi d'ici 2014, les processeurs Atom bénéficieront de la même finesse de gravure que les processeurs de bureau commercialisés à cette période. Pour autant les fameux transistors tri-gate (voir Intel change la structure de ses transistors : en avant le tri-gate) seront utilisés en premier lieu au sein des processeurs Ivy bridge.