Dans une interview accordée au média américain CNBC, le milliardaire sud-africain a vivement critiqué le télétravail, qu'il qualifie d'injuste et d'immoral.
En bon libertarien, Elon Musk, qui n'était pas opposé au télétravail dans ses entreprises, a effectué un virage à 180 degrés sur la question dès l'instant où le gouvernement américain a commencé à l'imposer. Cette décision, unilatérale et pas forcément justifiée économiquement, n'est que la dernière preuve de son mépris pour le droit et les conditions de travail de ses employés.
Le télétravail « injuste et immoral »
Le point de vue de Musk sur le télétravail n'était pas réellement un mystère. À peine le rachat de Twitter effectué, il a transmis un message à ses nouveaux salariés, ou du moins à ceux qui sont restés : travaillez sur site, ou vous êtes virés. La décision, qui concernait également les salariés n'habitant pas près de l'un des bureaux de Twitter, est particulièrement absurde quand on se rappelle la position que Musk a pu avoir par le passé sur la question. Avant la pandémie de COVID-19, il n'y était pas franchement opposé. C'est au cours de cette dernière qu'il a imposé à ses salariés chez Tesla, au mépris des mesures de confinement, de venir travailler sur site (et de ne pas porter leur masque). Il n'a plus changé d'avis depuis.
Au cours de son interview, il a semblé très convaincu, arguant que laisser des salariés travailler de chez eux était injuste pour ceux qui ne le pouvaient pas comme les livreurs ou les ouvriers. Une logique si solide que, si elle était poussée jusqu'au bout, elle lui interdirait de prendre son jet privé pour aller travailler. Il a aussi rappelé le mythe archaïque selon lequel tout le monde serait plus productif en travaillant en direct plutôt qu'à distance, sans aller jusqu'à avancer une étude qui irait dans son sens.
Elon Musk et le droit du travail, meilleurs ennemis
En réalité, malgré tous les efforts qu'il déploie pour avoir l'air moderne, Elon Musk reste un patron à l'ancienne, pour lequel toute critique de sa personne par un salarié est inacceptable. À ses yeux, il semble plus important de contrôler ses employés que de les mettre dans les meilleures conditions qui soient. Son argument de justice entre les travailleurs peine également à trouver une quelconque crédibilité au vu de son passif en matière de droit du travail. Ainsi, au cours des 4 dernières années, il a :
- Reconnu que Tesla ne survivrait pas si ses employés y travaillaient moins de 100 heures par semaine ;
- Considérablement réduit les congés maternité chez Twitter ;
- Licencié un salarié de Tesla qui tentait de syndiquer ses collègues, préférant affronter un procès qu'un syndicat ;
- Forcé les employés de Tesla à braver le confinement ;
- Continué à payer des ex-employés de Twitter en Europe, car il n'y avait pas respecté le droit du travail en matière de licenciement.
Au regard de ces quelques exemples, il n'est guère étonnant qu'il ait, il y a un an, vanté les mérites des travailleurs chinois « qui sont prêts [lire "autorisés par leur droit du travail"] à travailler jusque très tard ».
Sources : The Verge, The New York Times, Business Insurance, The Guardian