Eric Besson, ministre en charge de l'économie numérique et René Ricol, commissaire général à l'investissement, ont comme prévu entériné leur soutien au projet de cloud computing à la française défendu par le duo Orange / Thales. 75 millions d'euros de fonds publics seront injectés dans ce projet visant à élaborer « une centrale numérique de confiance » dans le domaine de l'hébergement et des services associés.
« Cette société française à vocation européenne commercialisera une gamme d'offres dites d'Infrastructure à la demande : elle fournira à la demande les capacités de traitement, de stockage et de bande passante utilisées par toutes les entreprises et les administrations, mais également par la filière informatique (éditeurs de logiciels et d'applications, SSII...) », décrit le Commissariat à l'investissement dans un communiqué. Il promet par ailleurs que la plateforme sera développée sur des logiciels libres, et se félicite des retombées positives que devrait entraîner le projet pour l'ensemble « du tissu économique français et européen ».
Ce cloud à la française, surnommé Andromede et doté d'une enveloppe globale de 225 millions d'euros, doit pour mémoire permettre aux acteurs français d'acquérir une certaine autonomie vis à vis des acteurs américains du secteur que sont Amazon, Google ou encore Microsoft, tout en offrant la possibilité de stocker des données sur le territoire national, afin de protéger celles-ci de lois telles que le Patriot Act, qui permet aux autorités fédérales de demander l'accès à des données confidentielles dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Dassault Systèmes, un temps allié des deux lauréats, avait également soumis un dossier dans le cadre de l'appel lancé par le FSN, en partenariat avec SFR. Leur proposition avait toutes les chances d'être acceptée aux côtés de celle d'Orange et Thales, puisque le gouvernement avait laissé ouverte la possibilité de financer deux projet (avec une enveloppe globale de 135 millions d'euros), mais Dassault a finalement préféré se désister, dénonçant une absence de concentration stratégique préjudiciable.
Orange et Thales restent donc seuls en lice, désormais sélectionnés de façon officielle. Une situation qui ne fait pas que des heureux du côté des professionnels du secteur, lesquels estiment qu'il y a distorsion de concurrence dès lors que l'Etat choisit de soutenir un acteur privé plutôt qu'un autre. Colt, IBM ou OVH ont d'ores et déjà fait connaître leurs critiques : reste à voir si comme le laisse entendre Octave Klaba (OVH), ces sociétés qui investissent le cloud sur leurs propres fonds iront jusqu'à porter l'affaire en justice.