Fuckbook.fr s'apprête à fermer. Le site de rencontres, spécialisé dans le concept des « fuckfriends » faisait l'objet d'une plainte de Facebook devant la justice française. Le 10 juillet dernier, le Tribunal de grande instance (TGI) de Paris a interdit l'utilisation du nom de domaine Fuckbook.fr, en ce qu'il tirait indûment profit de la notoriété du réseau social.
Le tribunal accorde un délai d'un mois pour mettre fin à toute exploitation du nom de domaine, avec une astreinte de 1 000 euros par jour au-delà. Le fondateur du site a aussi été condamné à une amende de 15 000 euros pour réparer le préjudice subi par Facebook, alors que ce dernier en réclamait 200 000.
Contacté par nos soins, le créateur du service dit regretter que la cessation d'exploitation du nom de domaine soit assortie d'une décision d'exécution provisoire. « Passé un délai d'un mois, je vais devoir payer 1 000 euros par jour. Concrètement, cela ne fait que m'empêcher de faire appel dans de bonnes conditions, puisqu'en cessant mon activité, je n'aurais pas les fonds pour assumer une nouvelle procédure », ajoute-t-il, sous couvert d'anonymat.
Ce jugement signifie la fermeture du service, bâti sur une petite structure, dont les revenus s'élevaient selon l'homme de 28 ans à 22 000 euros en 2011. Le site avait été officiellement lancé en avril 2009. Le jeune homme se montre particulièrement critique avec la décision du TGI, parce qu'elle a assimilé son service à un réseau social, au même titre que Facebook. « Je suis dans le site de rencontre, payant qui plus est. Nous avons lancé notre service dans les règles. Les procès font partie de la vie d'une société. J'aurais tout à fait accepté de mettre un terme à l'utilisation du nom de domaine, de fermer le site en l'état. Mais m'en retirer la propriété et me faire payer cette amende, dont Facebook n'en a pas besoin au vu des milliards de dollars qu'il génère, c'est cela que je regrette. »
Un nouveau site Internet en préparation
Dans l'affaire, Facebook récupère en effet le nom de domaine « fuckbook.fr » ainsi que « fuckbook.net ». Le jeune homme dit ne pas comprendre le jugement et rappelle l'existence du site « fuckbook.com » aux États-Unis, qui lui n'a pas été inquiété. « Il faut savoir qu'il y a des centaines de sites qui utilisent dans le monde le nom fuckbook. Au-delà de fuckbook.com, certains utilisent des préfixes et des suffixes. Il existe par exemple “myfuckbook” ou encore “lolfuckbook” ».
Lorsqu'on lui demande pourquoi il pense avoir été visé par Facebook, le fondateur explique que le réseau social savait qu'il avait plus de chances d'obtenir gain de cause en France, un pays dans lequel le système judiciaire « n'est pas à l'heure d'internet ». « On considère les URL comme des marques à protéger à tout prix alors que les services que je propose sont radicalement différents de ceux de Facebook. »
S'il est difficile de nier la proximité du nom des deux sites, il assure cependant ne pas avoir pensé une seule seconde à Facebook en choisissant le nom de son site. « J'ai fait valoir le rapport Google Analytics de mon site internet. Il démontrait que 100% de mes membres ne se trompaient en aucun cas et tapaient effectivement Fuckbook sur Google. Le site est spécialisé dans la recherche de fuckfriends, il est un répertoire de fuckfriends. C'est à cela que fait référence Fuckbook », se défend-il.
La disparition de Fuckbook n'est donc plus que l'affaire de quelques semaines. Mais le jeune homme, qui a plus d'un tour dans son sac, pense déjà à redresser la barre. « Ce que je vais faire, c'est rediriger ma base de clients vers un nouveau site qui sera ouvert à la fin du mois, basé sur le même fonctionnement. Il s'agira de "freesexe.xxx", chargé de prendre le relais. Il sera lancé à la fin du mois de juillet. » Sur internet, la recherche d'amitiés "améliorées" à la française n'a pas encore dit son dernier mot.