Les défections successives de Microsoft et d'Oracle n'entament pas la confiance affichée par Intel et HP : pour les deux partenaires, les processeurs Itanium 9500 (nom de code Poulson) lancés le 8 novembre dernier incarnent toujours, et pour longtemps, la solution de choix pour le calcul « mission critique ». Toujours basés sur l'architecture EPIC (IA-64) et de ce fait réservés aux environnements compatibles (Unix, HP UX iv3 et Open VMS courant 2013), les Itanium 9500 restent compatibles pin à pin avec leurs prédécesseurs, les 9300 (Tukwila), lancés début 2010.
Cette nouvelle gamme est principalement l'occasion pour Intel de doubler de le nombre de coeurs d'exécution (4 ou 8, avec Hyper-Threading, soit 8 ou 16 fils d'exécution logiques), de revoir la fréquence à la hausse (jusuq'à 2,53 GHz) et d'améliorer la gestion des entrées / sortie (en hausse de 33% à 6,4 GT/s). S'ajoutent jusqu'à 54 Mo de mémoire cache (dont 32 Mo de cache L3), la possibilité de gérer jusqu'à 2 To de mémoire vive sur un serveur à 4 sockets, et les fonctions, primordiales dans cet environnement, relatives aux contraintes RAS (Reliability, availability and serviceability).
Les Itanium 9500 inaugurent ainsi une technologie baptisée Instruction Replay, qui permet de relancer l'exécution d'une instruction en cas d'erreur, celle-ci étant conservée dans un cache avant traitement, pour ainsi protéger le système de tout crash ou corruption de données. Capable de gérer douze instructions par cycle en amont de l'exécution (contre six auparavant), les processeurs Poulson disposent par ailleurs d'un pipeline capable de gérer des informations différentes en entrée et en sortie, de façon à maximiser l'efficacité des unités d'exécution.
Ils sont enfin les premiers représentants des ambitions d'Intel en matière de développement modulaire, annoncées courant 2010. À l'époque, le fondeur avait en effet indiqué qu'il rapprocherait ses gammes Itanium et Xeon E7 en mutualisant autant que possible certains composants (chipsets, interconnexions ou mémoire par exemple). « Cette stratégie a permis de faire passer certaines des fonctionnalités RAS de l'Itanium vers le Xeon E7, et de faire bénéficier Itanium des économies de volume réalisées grâce aux E7 », commente Jean-Laurent Philippe, directeur commercial en charge de l'avant-vente chez Intel.
La prochaine génération Itanium, attendue aux alentours de 2015 et baptisée Kittson, devrait d'ailleurs incarner plus largement cette promesse, puisque les deux familles partageront un même socket, ainsi qu'un certain nombre d'éléments au niveau du silicium. Bref, de quoi ouvrir plus largement le choix entre Itanium et x86.
HP, qui co-développe Itanium avec Intel, profite du lancement des 9500 pour annoncer la disponibilité immédiate de cinq nouveaux serveurs. L'américain inscrit ainsi à son catalogue un serveur rack entrée de gamme au format 2U (bi-CPU, donc jusqu'à 16 coeurs), trois serveurs en lame évolutifs avec interconnexions par QuickPath (jusqu'à 64 CPU) et son haut de gamme, un nouveau SuperDome, capable d'accueillir jusqu'à 16 lames et 256 processeurs.
« Clients et éditeurs nous ont confirmé un gain significatif en passant sur cette nouvelle génération, avec un coût de possession sur trois ans en baisse de 30 à 33% », se félicite Benoit Maillard, directeur marketing serveurs critiques chez HP France. Côté performances, le facteur de progression irait jusqu'à 3,5 sur les premiers serveurs de la gamme. Si les systèmes Open VMS et Non Stop doivent encore être modifiés, l'actuelle version de HP UX iv3 saurait déjà tirer pleinement parti des améliorations liées à Poulson.
HP, qui promeut depuis deux ans ses « infrastructures convergentes », se dit par ailleurs ravi des inflexions stratégiques prises par son partenaire avec Pouslon, puis avec Kittson. Cette logique de rapprochement (Itanium et x86) nous permet d'introduire dans la trajectoire des produits x86 une qualité de service proche de celle des environnements critiques construits autour d'Itanium, ajoute Benoit Maillard. Si ce sont dans ce contexte les choix en matière d'environnements (plus de Microsoft sur Itanium depuis 2008 R2) et d'applicatifs qui gouverneront les choix, HP assure en tous les cas que l'engagement autour d'Itanium reste sans faille avec des engagements en termes de support et stabilité courant sur au minimum dix ans. Bull et NEC ont également annoncé la commercialisation prochaine de serveurs basés sur Poulson.