Droit à l'oubli : l'avocat général de la Cour de justice de l'UE va dans le sens de Google

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 13 janvier 2019 à 17h30
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Cour de justice de l'Union européenne

L'avocat général de la Cour de justice de l'Union européenne a clairement désavoué la CNIL sur la question du « droit à l'oubli », permettant ainsi à Google de remporter une première bataille.

La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) et Google attendaient avec une impatience certaine le rendez-vous fixé par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) pour traiter de la question du droit à l'oubli. Le 10 janvier, au Luxembourg, l'avis rendu par l'avocat général de la CJUE, Maciej Szpunara, a dû faire l'effet d'une douche froide pour les partisans de la protection des données et du droit à l'oubli.

La CNIL veut étendre la suppression de liens à toutes les versions de Google

Pour l'avocat général de l'institution européenne, le droit à l'oubli des internautes de l'UE n'a pas de portée mondiale pour les moteurs comme Google. Consacré en 2014 par la justice européenne, le droit à l'oubli permet, à la demande d'un citoyen européen, que certaines informations le concernant n'apparaissent tout simplement plus sur un moteur de recherche.

En 2016, la CNIL avait décidé d'infliger une amende de 100 000 euros à Google, reprochant à la firme de Moutain View de limiter ce droit aux seules versions européennes du moteur de recherche. Le gendarme français des données voulait que les liens supprimés sur une personne le soient sur toutes les versions de Google, européennes ou non. Google s'était défendu en brandissant le drapeau de la liberté d'expression, tout en estimant avoir déjà fait sa part du travail en respectant le droit à l'oubli sur l'ensemble de l'Union européenne.

La CJUE doit désormais trancher et suivre l'avis, ou non, de son avocat général

Google avait donc contesté la décision de la CNIL devant le Conseil d'État - plus haute juridiction administrative française - qui avait ensuite sollicité l'avis de la CJUE. Devant la Cour, l'avocat général a proposé aux juges de « constater que l'exploitant d'un moteur de recherche n'est pas tenu, lorsqu'il fait droit à une demande de déréférencement, d'opérer ce déréférencement sur l'ensemble des noms de domaine de son moteur ». Maciej Szpunar a par ailleurs estimé que les moteurs de recherche devaient privilégier le géo-blocage, de façon à ce que le déréférencement soit effectif pour toute recherche réalisée depuis un ordinateur localisée dans la zone UE. Mais la CNIL avait auparavant jugé cela insuffisant, estimant que le procédé était facilement contournable.

Tout n'est cependant pas perdu pour les défenseurs du droit à l'oubli. L'avocat général n'a rendu qu'un avis, et les juges européens ont désormais toute la liberté de le respecter, ou non. Il faudra encore s'armer de patience, puisque la Cour ne devrait pas se prononcer avec plusieurs mois.

Source : L'Écho

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (4)
BetaGamma

Ce droit à l’oubli c’est de la poudre aux yeux… car si la requête ne donne plus de résultat pour le grand public, elles restent disponibles pour les annonceurs, la NSA et bien sur Google !
Il faut taper la où ca fait mal…. leur enlever l’impunité en éditant des règlementations simples et claires qui privilégient toujours les utilisateurs contre les entreprises ! Par exemple, obliger les éditeurs de systèmes à les fragmenter en rendant chaque module “non lié au matériel” remplaçable et desinstalable…. oubrir la concurrence sur les store etc.

Metaphore54

On ne peut pas râler pour les règles mondiales du dollar et imposer nous même ce genre de règles. C’est hypocrite.

kid_cisco95

Utilisez Qwant vous ne serez pas espionnés.

nirgal76

Il ne s’agit pas d’être espionner. Les gens savent très bien étaler eux mêmes leur vie privée sur le net (ou parfois publié par des “amis”).
Ce n’est pas un problème d’espionnage. les données existent et ont été postées par des gens, et le moteur de google les trouvent.
Si qwant ne sait pas retrouver une info sur moi que j’ai publié ou que quelqu’un à publié à propos de moi, ce n’est pas que ce n’est pas un espion, c’est juste que c’est un mauvais moteur de recherche.

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