Le gouvernement chinois est une nouvelle fois mis à mal suite à la publication d'un nouveau rapport l'accusant d'avoir mis au point un système de surveillance de masse destiné à traquer et persécuter la minorité ouïgoure.
Quelques jours après la publication d'un article très dense du New York Times, lequel examinait avec force détails près de 400 pages de documents confidentiels détaillant point par point la surveillance massive à laquelle les Ouïgours sont soumis en Chine, le Consortium International des Journalistes d'Investigation (CIJI) enfonce le dernier clou dans le cercueil de Pékin. Dans un nouveau rapport de 24 pages, l'organisation indépendante met le doigt dans l'engrenage insidieux de la surveillance de masse visant à traquer et à réduire au silence la minorité musulmane représentant aujourd'hui quelque 10 millions d'individus en Chine.
La face cachée de la tech
La journaliste d'investigation Bethany Allen-Ebrahimian soutient que cette nouvelle publication du CIJI « démontre la puissance de la technologie dans la mise en place d'une violation à l'échelle industrielle des droits de l'Homme ».Au centre de la polémique, on trouve ce que le CIJI appelle l'Integrated Joint Opérations Platform : une plateforme policière mise en place afin de collecter des données personnelles, mais aussi biométriques sur les résidents de la région de Xinjiang afin de déterminer leur appartenance à des minorités religieuses ou ethniques.
La découverte de l'ampleur de cette surveillance résonne finalement comme un lointain écho du cri d'alarme déjà émis par l'observatoire des droits de l'Homme Human Rights Watch en 2018 — qui, déjà, alertait sur les innombrables violations de cette application de surveillance utilisée par les forces de l'ordre chinoises.
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Le gouvernement de Xi Jinping entaché
Les documents entrés en possession du Consortium International des Journalistes d'Investigation tendent aussi à prouver que le gouvernement chinois est directement intervenu dans l'émission d'ordres visant à surveiller les habitants de la région de Xinjiang — l'une des cinq régions autonomes de la République Populaire de Chine dont 45 % des résidents seraient ouïgours.C'est notamment via une application, Zapya, qui permet aux utilisateurs de télécharger et de lire le Coran sans être connecté à Internet que la surveillance s'est organisée. Mandatées par les autorités, les forces de l'ordre ont pu garder un œil sur les utilisateurs de l'application regroupant près de 2 millions d'utilisateurs, sous couvert de mesure antiterroriste.
Plus d'un million de Ouïgours enfermés dans des camps
Les présentes révélations sont d'autant plus retentissantes qu'elles contredisent directement tout ce que le gouvernement de Xi Jinping a pu affirmer au cours des dernières années concernant les « camps d'entraînement et à vocation éducative » érigés dans la province du Xinjiang.Droit d'accès indirect : le ministre de l'Intérieur n'est pas obligé de vous fournir une copie de vos données
Ces derniers mois, les témoignages de rescapés de ces camps (qui détiendraient plus d'un million de musulmans au total) se sont multipliés, et leur caractère éducatif ne saute pas franchement aux yeux. Torturés, violés, harcelés quotidiennement, les infortunés locataires de ces camps de concentration sont les prisonniers d'édifices bâtis dans l'unique objectif d'empêcher toute sortie non autorisée.
« Pure fabrication de fake news », a rétorqué au quotidien britannique The Guardian l'ambassade chinoise du Royaume-Uni lorsqu'elle a été mise face à ces révélations. « Les mesures préventives n'ont rien à voir avec l'éradication de groupes religieux », ajoute le porte-parole.
De son côté, VICE News affirme, par l'intermédiaire de deux sources proches du pouvoir à Pékin, que tous les hauts placés du gouvernement ont reçu l'ordre de brûler tous les documents relatifs à Xinjiang.
Via : Tech Crunch
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