Criteo, l'un des plus gros courtiers de données à visée publicitaire de l'Hexagone, intéresse aujourd'hui les enquêteurs de la CNIL.
Le gendarme du numérique français fait suite à une plainte déposée en novembre 2018 par Privacy International, dans laquelle l'ONG dénonçait la non-conformité de Criteo et de sept grandes entreprises aux principes du règlement général pour la protection des données (RGPD).
Les data brokers sous le coup d'une enquête groupée
C'est un mouvement déjà bien en marche que rejoint finalement la CNIL aujourd'hui. Quatre autres entreprises spécialisées dans le reciblage publicitaire suscitent déjà l'intérêt des régulateurs dans plusieurs pays : en Irlande, l'homologue de la CNIL enquête sur Quantcast, quand la Grande-Bretagne s'intéresse de près à Acxiom, Experian et Equifax.Lire aussi :
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Critéo ne s'inquiète pas outre mesure que la CNIL vienne mettre le nez dans ses affaires. « La plainte ne visait pas uniquement Criteo ou ses pratiques spécifiques », assure un communiqué de l'entreprise. C'est en réalité « les pratiques des courtiers en données, des sociétés de technologie publicitaire et des sociétés de notation de crédit » qui sont globalement remises en question, rapporte Les Échos.
Contactée par l'AFP, la CNIL n'a pas été en mesure de préciser les contours de son enquête. Couverte, précise-t-elle, par « le secret de l'instruction ». Les cadres de Criteo assurent de leur côté être « confiants dans pratiques de confidentialité ».
Un « consentement éclairé » loin d'être évident
Par essence, les courtiers en données peinent à convaincre qu'ils ont obtenu « le consentement libre, spécifique, éclairé et univoque » des internautes pour récupérer et surtout revendre les données personnelles des internautes. Une sorte de zone grise (en cliquant sur « J'accepte » sur les sites vous demandant si vous autorisez les cookies, vous acceptez de fait que Criteo se serve dans vos données) qui a permis à l'entreprise française de dégager un chiffre d'affaires de 2,26 milliards de dollars en 2019.Lire aussi :
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Un chiffre qui est néanmoins en recul depuis 2018 et la décision d'Apple de restreindre l'utilisation de certains cookies sur ses appareils. Une tendance à la décroissance qui s'est une fois encore illustrée en janvier dernier suite à l'annonce par Google de l'abandon prochain des cookies tiers.
Du reste, si vous ne souhaitez pas attendre les conclusions de l'enquête menée par la CNIL, sachez qu'en vertu du RGPD vous êtes parfaitement en droit de demander à consulter, supprimer et surtout à refuser la collecte de vos données par Criteo. Pour ce faire, rendez-vous sur la page dédiée à la confidentialité du site de l'entreprise et transmettez votre demande au délégué à la protection des données.
Source : Les Échos