StopCovid : imbroglio sur le contact tracing au sommet de l'État

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 29 avril 2020 à 15h32
Édouard Philippe, le 28 avril 2020
Édouard Philippe, le 28 avril 2020 (© Assemblée nationale)

La question de l'application de suivi de contacts, qui occupe une place importante dans l'opinion et tenait à cœur aux députés, aura vite été écartée par le Premier ministre, mardi. Mais un vote aura bien lieu.

De sujet principal devant être débattu par les députés à l'Assemblée nationale le 28 avril, l'application StopCovid est passée à une simple déclaration de quelques dizaines de secondes d'Édouard Philippe, lors de la présentation du plan de déconfinement au Palais Bourbon. Mardi, le Premier ministre, qui se savait attendu sur le sujet, a douché l'ambition de celles et ceux qui espéraient en savoir plus, les députés les premiers.


Édouard Philippe a gentiment « zappé » StopCovid

Au sujet de StopCovid, il semble y avoir une certaine dissonance au sommet de l'État. Au départ, l'application ne devait pas dépasser l'étape des discussions entre les parlementaires. Puis il y a une grosse semaine, nous apprenions que les élus procéderaient finalement à un vote sur le futur outil de contact tracing, qui aurait dû être le sujet majeur du débat parlementaire du 28 avril.

Mais voilà que patatras, quelques heures avant la présentation de la stratégie de déconfinement d'Édouard Philippe, c'est finalement la totalité du plan de déconfinement qui allait pouvoir être discuté, puis mis au vote, StopCovid comprise. Finalement, seul le plan global pointé vers le 11 mai a été discuté. Et devinez qui est passée à la trappe ?


Il y aura bien un vote des parlementaires consacré à StopCovid

Édouard Philippe n'a tout de même pas complètement occulté StopCovid, outil de traçage numérique destiné à casser la chaîne de transmission du coronavirus en comptant sur des Français qui installeraient, sur la base du volontariat, une appli fonctionnant en Bluetooth et qui, par l'échange de pseudonymes anonymes, permettrait, depuis la déclaration d'une personne contaminée, de prévenir celles et ceux qui ont été en contact avec elle. Mais il s'est justifié sur la raison pour laquelle le gouvernement a décidé de rétropédaler. « Pour l'heure, compte tenu des incertitudes sur l'application StopCovid, le débat est un peu prématuré », démarre le Premier ministre.

« Mais je confirme mon engagement : lorsque l'application fonctionnera et avant sa mise en œuvre, nous organiserons un débat spécifique, suivi d'un vote spécifique. » Certes, il n'y aura pas de vote pour le moment, et les députés pourront se bien se prononcer dans le futur. Mais on imagine aisément la déception des élus qui auraient aimé obtenir des éclaircissements, alors que des incertitudes demeurent dans l'esprit de certains.



L'État veut mettre en œuvre son application de traçage numérique

Le questionnement est légitime, et même si l'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (INRIA) est sur le coup, renforcé qui plus est par l'assentiment de la CNIL et de l'ANSSI quant au protocole de communication de StopCovid, baptisé Robert, le flou demeure. « Je serais bien en peine de vous dire comment elle fonctionne, et comment elle fonctionnera précisément. Les ingénieurs travaillent d'arrache-pied pour faire fonctionner ce projet, mais tant que ce n'est pas le cas, le débat est prématuré », a déclaré le chef du gouvernement aux députés.

Plusieurs élus, certains étant même issus de la majorité, s'inquiètent des problèmes que StopCovid posent s'agissant des libertés publiques. Certains ont donc salué la décision du Premier ministre à remettre les discussions autour de l'application pour quand elle sera prête. « L'appli StopCovid n'étant pas encore prête, je salue la décision d'Édouard Philippe de reporter le débat une fois que nous aurons toutes les données (sans mauvais jeu de mot) en main », a réagi la député LREM des Hauts-de-Seine, Christine Hennion.


Une chose est certaine : l'État veut bel et bien mettre en service l'application StopCovid. « Difficile de dire celui qui a partagé votre rame de métro à 7h46 sur la ligne 12. Vous ne le connaissez pas, il ne vous connaît pas. Et la RATP, ni l'un ni l'autre. C'est l'objet du projet StopCovid qui permettrait aux personnes qui ont croisé une personne testée positive d'intégrer un parcours sanitaire sans, bien entendu, avoir aucune information sur l'identité de la personne croisée », a rappelé le Premier ministre, convaincant dans le verbe. Mais nul ne peut véritablement prédire quel accueil les Français réserveront à cet outil complémentaire à la lutte contre le Covid-19, qui ne devrait être véritablement fonctionnel que dans plusieurs semaines.

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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E-Gwen

Suite à la sortie de cette application, il est probable que je songe à résilier mon abonnement de téléphonie mobile.

Je privilégierai la communication wifi.

BraveHeart

Mais qu’en est-il de la confidentialité médicale ?

Diwann

@e-gwen : ça n’a rien à voir, l’app fonctionnera de la même manière en wifi ou en 4G.
Et personne ne t’obligera à l’installer de toutes manières …

wedgantilles

Aucun rapport.
Déjà le tout fonctionne en local sur les rencontres d’appareil bluetooth en maintenant une liste d’id des appareils bluetooth rencontrés.
Que tu disposes d’un abonnement mobile ou non ne changera rien au fonctionnement puisque les opérateurs n’ont absolument aucun rôle à ce niveau. La seule géolocalisation que ces derniers peuvent fournir est celle de l’antenne sur laquelle on est connecté (précision de plusieurs centaines de mètres donc inutilisable).

Surtout l’application ne va pas être installée sans ton accord ou quoi que ce soit, ça sera un choix de l’utiliser ou pas.

jls2211

Bon allez, je ne connais pas la personne dans le métro, et l’appli me signale que cette personne est malade du Covid, je fais quoi maintenant que je le sais ??? Et bien rien, il faut attendre les symptômes. D’où ma question, ai-je vraiment besoin d’une appli pour savoir que je suis malade ?? Pour qu’il y est autant de flou sur cette appli, c’est qu’il y a une grosse carotte au bout.

AlexLex14

Pas tout à fait. Car du moment que tu recevras une notif/message, tu pourras immédiatement intégrer un parcours de soin et donc être testé sans attendre. Et surtout, prévenir également tes proches que tu as potentiellement été en contact avec un malade, ainsi de suite.

L’idée, c’est de « gagner du temps » et d’éviter que la santé de certaines personnes se dégrade.

Hélas, il y a des centaines (peut-être des milliers) de personnes qui ont perdu la vie pensant qu’elles n’avaient qu’un rhume ou une grippe ou autre.

BraveHeart

non, la logique médico-gouvernementale actuelle sera de tester et d’isoler la personne si +.

Après, il faut effectivement que le patient contact consulte…et savoir de quels tests on parle, parce que pour l’instant c’est assez flou y compris pour les soignants.

carinae

Et d’ailleurs … combien de professionnels leur ont dit que c’était ce qu’ils avaient ? :thinking::thinking: Il n’y a pas si longtemps on voyait encore plein de médecins a la télé qui disaient cela… Tu parles d’une grippe…:shushing_face::shushing_face::shushing_face::sneezing_face::sneezing_face:

Jetto

Y’a des moyens d’obliger les gens à l’installer sans le rendre obligatoire.
Je pense à la pression sociale : diffuser sur toutes les ondes que ceux qui veulent mettre fin a l’épidémie doivent utiliser l’application. Il peut y avoir des restriction : si t’as pas l’application tu rentres pas.

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