« Hadopi est un sujet qui a pu nous fâcher. Par contre Hadopi n'a jamais été une fin en soi. C'est à un moment donné de l'histoire, une solution trouvée à un impératif catégorique immuable dans mon esprit qu'est là défense de la propriété intellectuelle. Est-ce qu'on peut faire mieux ? Sans doute, mais là n'est pas tellement la question ». Le Président de la République tient donc à rappeler, selon ses propres mots (évoqués au sujet du nombre de participants au CNN), que « rien n'est jamais coulé dans le marbre » (sic).
Quittant un instant des yeux son discours officiel, Nicolas Sarkozy confie alors son sentiment personnel sur les motivations qui ont poussé à la création de la haute autorité : « l'intuition que j'avais, c'est qu'on ne pouvait pas (abandonner) les créateurs. Peut-être que la maladresse a été de donner le sentiment que vous étiez attaqués ».
Désormais, le chef de l'Etat se dit donc prêt à une « Hadopi 3 même 4, le jour où il y aura une juste rétribution des auteurs, des créateurs... »
Xavier Niel, vent debout contre la riposte graduée
Xavier Niel, le patron de Free, a également critiqué ouvertement le système de la haute autorité. Invité à l'Elysée, il nous confie son point de vue : « Prenez la coupure Internet (sanction consécutive à la riposte graduée, ndr), ce n'est pas une bonne chose à mon sens lorsque l'on voit que des pays sont parvenus à se libérer grâce à Internet. Voilà ce qui arrive lorsque l'on veut faire plaisir à un certain électorat ». Xavier Niel compte donc faire entendre sa position auprès du CNN afin de traiter de l'accès à Internet.
Enfin, principale intéressée, l'Hadopi elle-même a réagi. Son secrétaire général, Eric Walter également à l'Elysée, voit dans les propos de Nicolas Sarkozy des mots « confortant et réconfortants ». Il précise : « Nous faisons le job par rapport à la commande. Mais ce n'est pas mon rôle d'avoir peur. J'invite donc les membres du CNN à nous rendre visite car à ce jour, peu de personnes connaissent exactement le processus de l'Hadopi ».
Une chose reste certaine, lors des deux déjeuners successifs servant de préparation à l'installation du CNN, certains grands thèmes sont sortis du chapeau. L'Hadopi (et la neutralité du réseau) seraient visiblement les deux sujets phares sur lequel le Conseil devrait plancher...
Version initiale de l'article publiée le 27/04/2011 à 15h01
Mise à jour : Dans un communiqué, l'Elysée vient de réaffirmer son soutien à l'Hadopi. La présidence de la République ne remet donc pas en cause : « ni le bien-fondé de l'action de l'Hadopi, ni la nécessité d'une lutte déterminée contre le piratage. [..] Le président de la République qui n'a jamais fait état, contrairement aux termes employés par certains médias, d'une remise en cause de ce dispositif. Le chef de l'Etat a souligné tout au contraire son souci de faire partager la préoccupation de la France en ce domaine par ses partenaires du G8 à l'occasion du prochain sommet de Deauville ».
Dans sa volonté de séduire l'ensemble des acteurs français du Web, le chef de l'Etat aurait donc tenu des propos qui ont dépassé sa « pensée officielle ». On rappellera tout de même qu'en matière de discours prononcé par une personnalité de l'Etat, il existe une règle claire (et mentionnée sur la version papier du discours de Nicolas Sarkozy) énonçant que « seul le prononcé fait foi » !