La Hadopi perd son secrétaire général

Frédéric Cuvelier
Publié le 03 août 2015 à 16h25
Eric Walter, secrétaire général de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi), a annoncé sur Twitter ne plus être en poste depuis le 1er août dernier. Un départ qui ne surprend pas.

Pour ceux qui l'ignorent, la Hadopi existe encore. Mais vient de perdre son secrétaire général. En poste depuis 2010, Eric Walter aurait été démis de ses fonctions, sans que l'intéressé ou l'instance ne confirme toutefois cette version.




Ce licenciement ne serait toutefois pas une surprise tant Eric Walter avait provoqué de remous en interne. Même Marie-Françoise Marais, présidente de l'instance et à l'origine de l'arrivée d'Eric Walter à ce poste, s'était publiquement désolidarisé des propos tenus par son secrétaire général, notamment dans deux tribunes publiées dans le journal Libération.

Evoquant tour à tour la « gouvernance bicéphale » de la Hadopi et « la carence de l'offre légale » à l'origine, selon lui, du piratage, Eric Walter était à l'origine d'une étude sur la rémunération proportionnelle du partage. Il est ainsi parvenu à s'attirer à la fois les foudres de l'instance et celles des ayants droit, qui dénonçaient, l'an dernier, une communication « biaisée et incessante diffuse dans le public l'idée qu'il n'y a pas lieu de s'opposer au piratage (que le secrétaire général de l'Hadopi appelle désormais « partage ») et met en accusation non pas les contrefacteurs, mais les ayants droit, présentés comme coupables d'une prétendue insuffisance de l'offre légale ».

Nicolas Seydoux, président de Gaumont, avait même déclaré avoir « un problème avec le secrétaire général de l'Hadopi, qui pense que le problème du téléchargement illicite réalisé par les internautes est réglé, et que si ceux-ci téléchargent, c'est la faute des ayants droit ».

Ces prises de position et ces passes d'armes ont fragilisé l'institution. En juillet dernier, un rapport des deux sénateurs recommandait à la Hadopi de se concentrer sur l'organisation de la riposte graduée, en ne lui octroyant plus qu'un rôle répressif, et en supprimant tout pouvoir de réflexion et de suggestions autour des questions fondamentales de la propriété intellectuelle.

L'instance, menacé, tente donc depuis peu de se racheter une conduite plus encline à satisfaire les ayants droit. La Hadopi déclare ainsi traiter plus de la moitié des saisines reçues chaque jour (envoyées par les ayants droit), contre 30% auparavant. Le licenciement d'Eric Walter sonne donc comme un mouvement éminemment politique ; une manœuvre qui cherche à apaiser les tensions qui mettent en péril le rôle de la Hadopi, qui n'a probablement pas fini de durcir le ton.



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Commentaires (2)
soixante_trois

3 ans après, toujours perdu ?

philippesnbrd

On l’aurait aperçu dans un placard au ministère de la culture

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