Open Invention Network : "Microsoft a développé cette incapacité à percevoir le futur"

Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore, Rédacteur en chef adjoint.
Publié le 04 octobre 2010 à 12h19
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Le mois dernier nous apprenions que la fondation Mozilla avait rejoint l'Open Invention Network. A l'initiative d'IBM, Novell, Sony ou encore Red Hat, ce groupe se spécialise dans le rachat de brevets afin de protéger la communauté Linux et favoriser l'innovation. Ces droits de propriété intellectuelle sont ensuite mis à disposition des développeurs à condition qu'ils promettent de ne pas faire valoir leurs droits contre leur utilisation au sein du système GNU/Linux. A l'occasion de l'Open World Forum, qui s'est déroulé jeudi et vendredi derniers, nous avons pu discuter avec le PDG Keith Bergelt, qui nous présente sa société.

Combien de personnes travaillent à l'Open Invention Network ?

Keith Bergelt : Il y a 25 employés permanents qui analysent les brevets puis il y a aussi 20 ou 30 autres personnes à qui nous faisons ponctuellement appel. Il peut s'agir d'avocats ou de spécialistes.

A l'heure actuelle combien de membres ont rejoint l'Open Invention Network ?

K.B : Aujourd'hui, il y en a 175 et nous comptons en avoir environ 200 en fin d'année. Depuis le mois de janvier le nombre de nouveaux membres est en pleine croissance.

Depuis votre création en 2005, de combien de brevets disposez-vous aujourd'hui ?

K.B : Aujourd'hui nous en avons plus de 300.

Et ces derniers sont-ils tous valides avec une mise en application des technologies spécifiées ?

K.B : Ces brevets décrivent des technologies embarquées au sein de produits sur le marché ou qui seront implementées dans des produits futurs. Avant d'acheter un brevet nous nous basons sur la feuille de route de Linux. Par exemple nous venons de racheter des brevets dans le domaine de la biométrie par ce qu'il s'agit-là de technologies qui seront intégrées au sein de lecteurs ou scanners numériques. La biométrie devrait faire son apparition sur les terminaux tournant sous Android ou d'autres systèmes basés sur GNU/Linux.

Au mois de juin vous aviez annoncé la catégorie des membres associés à l'Open Invention Network dans laquelle Canonical trouve sa place. Qu'est-ce qui distingue cette catégorie ?

K.B : Il y a deux grands marchés pour Linux : le mobile et le desktop. Nous voulons travailler avec au maximum six sociétés capables de faire innover ces marchés comme Canonical. Avec ces dernières nous sommes en étroite relation au travers de débats hebdomadaires sur l'avenir des technologies de l'écosystème Linux.

De quelle manière la firme Canonical travaille-t-elle avec vous ?

K.B : Canonical nous fait parvenir les problèmes éventuels en matière de développement en nous précisant la manière dont nous pouvons les aider. Par exemple ils sont venus nous voir pour discuter des technologies du multipoint ou de la virtualisation.

Après l'affaire Tom Tom, vous avez racheté des brevets à Microsoft. Comptez-vous en acheter d'autres ?

K.B : Je les ai approché mais ils prennent soin de nous exclure. Pourtant il serait logique que ce soit nous qui reprenions leurs brevets. Et puis à chaque fois que nous achetons des brevets aux enchères nous les remportons. Nous sommes prêts à y mettre n'importe quel prix.

Que pensez-vous des efforts de Microsoft dans le domaine de l'open source ?

K.B : Nous pensons qu'il est important de maintenir un dialogue avec Microsoft. Pour revenir à l'affaire Tom Tom, je pense que s'ils font vraiment des efforts dans l'open source, ce serait un beau geste d'offrir le brevet sur les technologies du FAT. Microsoft a fait des choses remarquables mais je pense qu'ils devraient adopter une meilleure attitude face l'open source. Je comprends que ce ne soit pas facile d'effacer le passé. Mais ils leur faut créer un pont entre le monde tel que Microsoft le percevait avant et celui d'aujourd'hui. Nous essayons de les rééduquer.

De les rééduquer ?

K.B : Oui prenez par exemple Bill Gates avant la croissance des PC. Il percevait Linux comme un truc d'illuminés. Et regardez ou en est Android aujourd'hui. Malgré leur poids ils ont développé cette incapacité à percevoir le futur. L'innovation ne se crée pas au coeur mais en périphérie.

Je vous remercie
Guillaume Belfiore
Rédacteur en chef adjoint
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