Pour les internautes aguerris, cette double authentification n'a rien de bien neuf : elle est en effet déjà en vigueur chez bon nombre de services Web, qu'il s'agisse de Google, de Facebook ou de la plupart des établissements bancaires. Plus inattendue en revanche est la réaction formulée mercredi soir sur Twitter par Kim Dotcom, créateur de feu Megaupload, puis du service de stockage en ligne Mega. Celui-ci clame en effet sur tous les tons que le procédé concerné relève de sa propriété intellectuelle, suite au dépôt d'un brevet décrivant cette idée en 1998.
Pour appuyer ses dires, l'intéressé diffuse un lien vers le brevet US6078908, enregistré sous son nom de baptême, Kim Schmitz, lequel décrit une « méthode d'autorisation pour les systèmes de transmission de données ». Ce dernier évoque effectivement un système dans lequel un « numéro de transaction automatisé » empruntant un canal différent de celui du mot de passe régissant la connexion à un service est utilisé pour renforcer l'authentification d'un utilisateur.
Le brevet concerné fait l'objet de nombreuses références dans des brevets postérieurs, déposés par de grands noms comme Microsoft, Sony, Bloomberg ou American Express, et se réclame d'une date de priorité (dépôt de la première demande) remontant à 1997.
Google, Facebook, Twitter, Citibank, etc. offer Two-Step-Authentication.Massive IP infringement by U.S. companies. My innovation. My patent
— Kim Dotcom (@KimDotcom) 22 mai 2013
Banques et services en ligne du monde entier violeraient-ils les droits de celui qui a, un temps, été considéré comme l'un de ses principaux pourfendeurs avec Megaupload ? Les arcanes de la propriété intellectuelle sont si complexes que la chose serait difficile à prouver, d'autant que de nombreux brevets concurrents décrivent des mécanismes d'authentification à deux facteurs.
L'authentification à deux facteurs implémentée cette semaine par Twitter
Là n'est toutefois pas la question pour Dotcom, qui préfère jouer de ce brevet comme d'un argument pour défendre ses positions. « Je ne les ai jamais poursuivis. Je crois en le partage du savoir et des idées pour le bien de la société. Mais je pourrais les poursuivre maintenant à cause de ce que les Etats-Unis m'ont fait », écrit-il sur Twitter, avant d'embrayer : « Google, Facebook, Twitter, je demande votre aide. Nous sommes tous dans le même bateau avec le DMCA. Utilisez mon brevet gratuitement. Mais aidez-moi s'il vous plait à financer ma défense ».
Quelques instants plus tôt, il indiquait, toujours sur Twitter, que sa défense (et celle de ses associés) dans le cadre des poursuites engagées à son encontre aux Etats-Unis demanderait quelque 50 millions de dollars. Dans la logique Dotcom, les grands noms du Web devraient donc s'associer financièrement à cette défense, puisqu'ils se sont eux-mêmes rendu coupable d'une infraction à la propriété intellectuelle en utilisant son brevet.
Il n'est pas dit que les concernés se rangent à cette argumentation. Peut-être lui concéderont-ils, au mieux, un vrai talent technique ? « Les gens imaginaient que 2013 verrait plein de voitures volantes et un médicament pour chaque maladie mais les brevets sont arrivés :-/ », ironisait tristement Dotcom jeudi matin.