« Je sais que que nous avons l'air de rabat-joie mais nous devons protéger notre propriété intellectuelle » admet Dan Johnson, directeur de la communication de la Premier League. Lors d'une interview avec la BBC, ce dernier déclare que la ligue va lutter contre la publication sur les réseaux sociaux d'extraits vidéo non officiels issus de leurs matchs.
Aujourd'hui, beaucoup d'outils (box internet, smartphone, ordinateur...) permettent d'enregistrer des vidéos ou de filmer. Mais que l'on soit au stade ou dans son salon, le contenu enregistré pendant un événement sportif reste soumis au droit d'auteur. Pourtant, de nombreuses vidéos montrant les moments forts des matchs circulent sur les réseaux sociaux. Une situation qui ne plait ni à la Premier League, ni aux diffuseurs.
Cette fois-ci, c'est Vine qui se retrouve dans le collimateur de la ligue. Selon Dan Johnson, cette dernière développe avec Twitter (propriétaire de Vine) « des robots capables d'analyser les GIF ou les vidéos Vine afin de restreindre ce genre de pratiques ».
Un enjeu économique majeur
C'est, évidemment, un enjeu économique majeur pour le championnat anglais qui engrange des milliards grâce aux droits de diffusion. En 2012, les groupes Sky Sports et BT Sport ont dépensé 3 milliards de livres pour pouvoir diffuser les trois prochaines saisons.Il y a quelques années, la première division anglaise reprochait à YouTube de ne pas faire assez pour empêcher la publication de vidéos protégées par un copyright. Elle avait alors demandé le retrait des vidéos dont le contenu appartenait à la Premier League. Finalement, un compromis a été trouvé. Le site de partage devait intégrer un système de signature de contenu afin d'empêcher les utilisateurs de publier des vidéos soumises au droit d'auteur.
L'exception du droit à l'information
En France, il faut également acheter les droits de diffusion d'un match pour pouvoir le retransmettre. Mais pour la diffusion de brefs extraits, nul besoin d'autorisation comme l'indique la loi du 1er février 2012, car cela relève de la liberté d'information. Seulement, « Avec Internet, la notion d'informateur est sujette à débat. La question est de savoir si un internaute qui publie sur les réseaux sociaux peut être considéré comme un informateur » explique Maître Garance Mathias, avocate spécialisée dans le domaine des technologies et d'internet.Avec la montée des blogs et des réseaux sociaux, la limite est de plus en plus ténue. Il revient au CSA de fixer les conditions de ce droit à l'information. Pour éviter d'avoir à rétribuer les propriétaires des images, il faut que les « brefs extraits » soient publiés après la fin de la première diffusion de l'événement, et que le détenteur du droit des images soit clairement mentionné. La durée des extraits ne doit pas excéder 1mn30 et le contenu ne doit pas être accessible au public plus d'une semaine. Toutefois, il est actuellement difficile d'appliquer la loi aux nombreux utilisateurs des réseaux sociaux.