Alors que la France est sur le point d'appliquer les mesures liées à l'article 11 de la Directive Copyright, Google a d'ores et déjà affiché son opposition à la nouvelle réglementation. Pour ne pas avoir à payer les éditeurs de presse, le moteur de recherche cessera d'afficher les extraits d'articles et les photos dans ses résultats concernant l'actualité.
La Directive Copyright, ou directive européenne sur le droit d'auteur, a été adoptée le 26 mars dernier. Parmi les mesures controversées, l'article 11 crée un droit voisin du droit d'auteur, appliqué à la presse. Cette disposition impose notamment aux plateformes d'agrégation, telles que Google News, de négocier des accords commerciaux avec les médias, pour avoir le droit de publier des extraits de leurs articles.
La France a été la première à transposer cette nouvelle exigence, qui s'appliquera à compter de fin octobre. Mais Google n'est pas résolue à se laisser faire.
Plus d'aperçus dans Google News
Dans un billet de blog, Richard Gingras, vice-président de l'entreprise en charge des médias, a en effet manifesté son opposition. Le dirigeant a clairement indiqué que le groupe n'avait aucunement l'intention de rémunérer la presse.Alors, pour se conformer à la loi, le moteur de recherche a trouvé la solution. Puisque seuls les extraits et les miniatures sont concernés, ils n'apparaîtront plus dans les pages de résultats. L'utilisateur ne verra ainsi que les titres et les URL des articles proposés. Et cela vaut pour tous les éditeurs de presse, sauf, bien sûr, ceux qui auront expressément donné leur accord à Google pour conserver l'affichage des aperçus. Sans possibilité de négocier une rémunération, bien entendu.
Ce nouveau traitement sera appliqué sur l'ensemble du moteur de recherche, News inclus, dès que la nouvelle mesure entrera en vigueur, donc a priori à la fin du mois d'octobre.
Google refuse la main tendue du gouvernement français
Ce bras de fer entamé par le géant américain n'a pas vraiment été du goût de Franck Riester, ministre de la Culture. Celui-ci a rencontré Richard Gingras ce matin, pour tenter de le convaincre du bien-fondé de la démarche. En vain : « La réponse qu'il m'a apportée, quelques minutes après, est une fin de non-recevoir. C'est inacceptable ».Mais de son côté, Google n'entend pas se faire imposer sa façon de travailler avec les médias. Le groupe a notamment rappelé ce qu'il apportait à la presse en ligne, par exemple via son programme Google News Initiative, dans lequel il prévoit d'investir 300 millions de dollars.
Gingras conclut néanmoins son post par une note d'espoir : « C'est en travaillant main dans la main que nous pourrons avancer ». En attendant, la position de Google ressemble plutôt à un doigt d'honneur.
Source : Le Monde