Droit voisin : Google a 3 mois pour négocier une rémunération auprès des éditeurs de presse

Bastien Contreras
Publié le 09 avril 2020 à 15h16
Google HQ

L'Autorité de la concurrence, saisie par plusieurs organismes de presse, s'est prononcée en faveur des plaignants. Elle a ainsi ordonné à Google de trouver des accords avec les éditeurs pour une compensation financière dans le cadre du droit voisin, et ce, sous un délai maximal de trois mois et de façon rétroactive.

La bataille juridique qui oppose Google aux médias français devrait prochainement se décanter. Pour rappel, l'été dernier, la France a été la première à transposer une partie de la Directive Copyright. Plus précisément, il s'agissait de l'article 11, qui prévoit la mise en place d'un « droit voisin » au droit d'auteur pour la presse. Une disposition qui contraint les plateformes numériques comme Google News à rémunérer les éditeurs pour afficher des extraits de leurs contenus.


Abus de position dominante et contournement de la loi

Mais le géant américain avait alors très peu goûté la nouvelle mesure et catégoriquement refusé de s'y plier, arguant qu'il ne comptait pas rémunérer les médias français. Le ton adopté par l'entreprise se faisait même menaçant : ou les organismes de presse acceptaient de renoncer à la rémunération, ou ils faisaient une croix sur les miniatures et extraits textuels affichés dans le moteur de recherche. Certains éditeurs ont alors cédé au chantage et accepté les conditions de Google Actualités, tandis que d'autres se sont unis pour porter plainte auprès de l'Autorité de la concurrence.

C'est aujourd'hui que l'instance juridique a rendu sa décision, donnant entièrement raison aux médias. Elle a en effet dénoncé « un abus de position dominante » de la part de la firme américaine et « constaté une atteinte grave et immédiate au secteur de la presse ». La filiale d'Alphabet serait également coupable d'un « contournement de la loi », en imposant aux sites d'information le recours systématique à des licences gratuites.


Rémunération rétroactive

Google est donc expressément rappelée à ses devoirs. Et l'autorité a même fixé un ultimatum à l'entreprise. Celle-ci ne dispose désormais plus que de trois mois pour « négocier avec les éditeurs et agences de presse qui en font la demande la rémunération due pour la reprise de leurs contenus protégés selon des critères transparents, objectifs et non discriminatoires ».

De plus, ces accords devront s'appliquer de façon rétroactive, à compter de l'entrée en vigueur de la loi, soit le 24 octobre 2019. Enfin, Google est tenue de conserver une totale neutralité durant les négociations (et donc de ne pas sanctionner les éditeurs sur son moteur de recherche) et d'informer mensuellement l'Autorité de la concurrence quant au suivi de ces règles.

De son côté, l'entreprise a réagi sobrement, semblant accepter la sentence. « Nous nous conformerons à la décision de l'Autorité de la concurrence que nous sommes en train d'analyser », a déclaré Richard Gingras, Vice-président de l'entreprise en charge des médias. Il a également affirmé poursuivre les négociations déjà en cours avec certains médias français. Une façon de signifier que la société n'est toujours pas prête à appliquer le droit voisin ?

Source : Le Monde
Bastien Contreras
Par Bastien Contreras

Ingénieur télécom reconverti en rédacteur web. J'écris sur les high tech, les jeux vidéo, l'innovation... J'ai d'ailleurs été responsable d'accélérateur de startups ! Mais je vous réserve aussi d'autres surprises, que vous pourrez découvrir à travers mes articles... Et je suis là aussi si vous voulez parler actu sportive, notamment foot. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est comme du FIFA, mais ça fait plus mal aux jambes.

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Commentaires (10)
trollkien

Je pige toujours pas… Normalement c’est pas ceux qui veulent être référencés qui doivent payer une somme ?

Popoulo

Dans un pays normal peut-être.

Popoulo

Google devrait les supprimer direct de leur moteur et leur faire un gros doigt au passage.

ABC

Certains confondent référencement et pillage du contenu de la presse par Google…

Google, n’a pas à se servir et décider seul qui mérite d’être rémunéré ou pas.

Pour ceux qui veulent qu’on brade la France aux GAFAM, qu’ils leur filent leur bagnole, leur logement, leur slip s’ils le veulent, mais il y a un moment, il faut arrêter le délire.

arbor111

Arrêtez de cirer les pompes des GAFA qui appauvrissent l’économie de notre pays. Google existe grâce au contenu DES AUTRES, depuis le tout début. Et il continue avec la musique DES AUTRES, les films DES AUTRES, les podcasts DES AUTRES, les actualités DES AUTRES, les données DES AUTRES…
Soit Google paie, soit ils ferment leur service et on ira tous chez Qwant ou Duckduckgo qui auront appris la leçon et seront réglos. Google n’est pas le monde, Google n’est pas la loi. Google est un pilleur de datas comme Facebook. Quand ils paieront de vrais impôts en France, on en reparlera.

carinae

Ou alors on se passe de Google. … Ils ne sont pas indispensables…,:thinking::thinking: Visiblement il y a une certaine dose d’agressivité et de position dominante de la part de Google… Bon en même temps de la part du gafa américain ce n’est pas totalement étonnant

Blues_Blanche

On devrait taxer à mort les sources de revenu de google, juste pour le mépris de cette entreprise à notre égard, lui interdire de stocker nos informations hors de chez nous, l’obliger à être précis sur ce qui est fait de l’info, lui interdire les CLUFs qui en gros donnent tous les droits et limiter les changements unilatéraux de ceux-ci. Pour commencer…
Et lui faire un grand f…

nikon561

si si, mais pas dans le monde de la presse apparement

nikon561

alors c’est simple, il suffit que google ne pointe plus sur les article des journaux qui en font la demande, tout simplement. et c’est déjà possible. mais l’expérience montre que çà ne plait pas aux journaux qui veulent le beurre et l’argent du beurre.
que google fasse comme il l’a déjà fait en Allemagne (de mémoire) et désactive simplement le truc, on verra qui de google ou des journaux va pleurer

nirgal76

Ca leur rapportera peut être de l’argent mais c’est pas pour ça qu’on lira plus leurs torchons mensonger. La baisse de leur revenus est un problème de qualité, mais les journalistes et la remise en cause, ça fait 2.

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