Tout part d'une déclaration de Mitch Glazier, vice président de la RIAA, qui se serait récemment félicité des discussions conduites avec Mastercard et d'autres spécialistes du paiement en ligne en vue d'étudier la façon dont ces derniers pourraient cesser de collaborer avec des sites manifestement vecteurs de contrefaçon tels que Megaupload de façon à leur couper les vivres - un peu à la façon des actions mandatées aux Etats-Unis contre les partenaires de Wikileaks.
Basée à Hong Kong, la société « Mega » opère dans le monde entier un service d'hébergement de fichiers permettant à un internaute d'y déposer un contenu, quel qu'il soit, puis de proposer à d'autres de le télécharger via un simple lien hypertexte. Megaupload dispose d'un pendant dédié à la vidéo, MegaVideo, qui permet de visualiser directement les contenus stockés depuis son navigateur. Si ces sites affichent de la publicité, une part non négligeables des revenus dégagés par la société provient de formules d'abonnement payant visant à lever certaines restrictions (bande passante, nombre de téléchargements, etc.).
Officiellement, Megaupload respecte ses obligations d'hébergeur et procède régulièrement au retrait de contenus soumis au droit d'auteur lorsque ces derniers lui sont signalés. Ce faisant, la société répond aux obligations des lois française (LCEN) et américaine (DMCA). De très nombreux contenus, films, séries, jeux ou disques, restent toutefois accessibles, propagés auprès des internautes par de nombreux sites et forums spécialisés.
Faute de véritables arguments législatifs, les ayants-droit auraient donc pris le parti d'attaquer le système Megaupload par la bande, en tentant de compromettre les accords commerciaux qui lui permettent d'encaisser les paiements des internautes. Pour se faire, ils s'appuient sur les dispositions d'une nouvelle loi, votée en septembre, le Combating Online Infringement and Counterfeits Act (COICA), qui doit permettre à la Justice américaine de se doter de moyens lui permettant de circonvenir l'action de sites illégaux via, notamment, la collaboration d'acteurs tiers comme les fournisseurs d'accès, les services en ligne ou... les intermédiaires de paiement.
« C'est eux qui auront un problème, pas nous »
La démarche de lobbying engagée par la RIAA n'a pas eu l'heur de plaire à la société de Hong Kong. Elle qui habituellement cultive l'anonymat s'est fendue d'une déclaration adressée au site Zeropaid.com, dénonçant cette façon de faire.
« Mega compte plus de 100 millions d'utilisateurs enregistrés, plus de 45 millions de visiteurs uniques par jours, et les employés de plus de 70% des sociétés du Fortune 500 font appels à nos services. Nous hébergeons plus d'un milliard de fichiers légitimes. Documents, sauvegardes, photos, tout. Si Mastercard se tourne contre Megaupload, c'est eux qui auront un problème, pas nous », déclare Bonnie Lam, présentée comme une employée du siège de Megaupload.
« Les intermédiaires de paiement essaient-ils de devenir le légat de la prochaine décennie ? Serait-ce eux, et non les gouvernements élus, qui décident de ce qui est bien ou mal ? », s'insurge-t-elle encore. « D'abord, Wikileaks, puis les sites de stockage et après ? ».