Ayants droit, membres de l'Hadopi, représentants de groupements d'auteurs, la plupart des acteurs étaient réunis à cette table ronde (.pdf). Chacun a donc pu expliquer quels étaient les freins au développement d'une offre numérique légale. En ce sens, les firmes, principalement américaines semblent être l'ennemi commun.
A ce titre, Patrick Zelnik, p-dg du label Naïve et auteur de mesures destinées à favoriser l'offre légale constate le faible pouvoir des autorités publiques : « Réguler Internet, c'est réglementer la concentration, encore plus forte qu'ailleurs et qui contrarie la diversité de création. Microsoft, Apple, Google et les autres sont plus puissants que bien des États ! La tâche est donc titanesque... Sachez que les opérateurs sont plus forts que les pouvoirs publics, plus forts que la Commission européenne ! » Une critique acerbe qui laisse songeur quant aux décisions futures portant sur la mise en avant de l'offre légale de musique...
Taxe Google et Google t'aidera
Outre la critique directe en direction du ministère de la Culture, cette sortie montre aussi combien les responsables français se méfient de la mainmise des firmes sur le contenu culturel. Pour preuve, l'échec de la taxe Google est un exemple patent d'une certaine impuissance.
Pour rappel, cette taxe avait pour but d'instituer un prélèvement de 1 % sur l'achat de publicité en ligne en visant les entreprises qui échappent à la fiscalité française. Les cas de Google, Apple, eBay et Amazon étaient évoqués comme étant des exemples de firmes installés au Luxembourg ou en Irlande et qui profitent de la fiscalité avantageuse de ces Etats. L'application de la taxe a été repoussée au 1er juillet et de nouvelles discussions devraient en définir la teneur.
Preuve de cette volonté de lutter contre les géants du Web, Giuseppe de Martino, président de l'Association des services Internet communautaires (ASIC) ajoute : « En 2007, la plupart des sociétés Internet ont signé une Charte contre la contrefaçon : après seulement trois semaines, les géants américains avaient déjà accepté de s'engager, je songe à Sony Music, Viacom, Disney. Or, en France, on n'a jamais réussi à faire exister cette soft law malgré les lettres de mission signées de trois ministres ». Il tacle au passage le projet de Conseil national du numérique et affirme qu'« Internet est une idée américaine et il n'y a pas beaucoup de conseils nationaux du numérique dans la Silicon Valley ».
Pour éviter que des débats arrivent dans une impasse comme le cas de la taxe Google, les acteurs du numérique souhaitent donc plutôt mettre à contribution les opérateurs de téléphonie mobile ainsi que les FAI. Une nouvelle taxation qui pourrait recevoir un accueil des plus frais des principaux intéressés...