Bien que moins importante que dans d'autres grandes capitales européennes, la mobilisation était bien réelle samedi, à Paris, ou environ 1 500 personnes ont défilé de la Bastille à la place des Victoires en scandant des slogans anti-ACTA. « J'ai froid mais je suis contre ACTA », y chantait un petit groupe avec bonne humeur. Dans la foule, beaucoup de gens vêtus de noir, le visage régulièrement masqué par le désormais fameux masque de Guy Fawkes, et de nombreuses pancartes évoquant les dangers que pourraient faire peser les projets de type ACTA sur les libertés individuelles, Internet et l'univers de la culture.
« C'est sous couvert d'anonymat que la révolution est née », proclament certaines pancartes, parmi d'autres qui citent le fameux « We are Legion » du mouvement Anonymous. « Attention à ne pas mélanger les messages : beaucoup ici se revendiquent Anonymous, mais l'objet de la manifestation est bien de protester contre ACTA, qui menace de façon très sérieuse nos libertés », tient toutefois à nous préciser l'un des manifestants, masqué derrière une écharpe.
Bien que la plupart semblent principalement motivés par la question du numérique, d'autres rappellent que le texte du traité ACTA touche également d'autres domaines. « Au nom des brevets, l'ACTA donnera aux grandes sociétés le pouvoir d'arrêter la production de médicaments génériques avant qu'ils n'atteignent les personnes qui en ont besoin, et d'arrêter l'utilisation de certaines semences pour l'agriculture leur donnant contrôle sur la chaîne de production alimentaire », indique l'un des tracts distribués aux abords du cortège.
Plus que le nombre des participants, c'est sans doute la multiplication de ces évènements qui pourrait frapper les esprits.
Des manifestations ont en effet été organisées dans une quarantaine de villes de province samedi. Ils étaient quelques dizaines à Quimper, Rouen ou Nancy, une centaine à Clermont Ferrand et Poitiers, et près de 500 à Lyon ou à Bordeaux. A Tours, une petite centaine de personnes a symboliquement déposé deux cercueils ornés du mot « Liberté » à l'entrée de la galerie marchande qui héberge la Fnac locale. La mobilisation a touché toute l'Europe, avec des cortèges forts de milliers de personnes dans plusieurs dizaines de grandes villes : ils étaient par exemple 16 000 à Munich (Allemagne), ou 5 000 environ à Sofia (Bulgarie).
A Paris, où l'on se félicite des réticences dont font désormais preuve la Pologne, la République Tchèque, l'Allemagne ou la Lettonie, on assure que le mouvement sera reconduit s'il le faut, jusqu'à ce que le Parlement européen soit suffisamment sensibilisé à la question pour refuser la ratification du traité lorsqu'il devra l'examiner à la fin du printemps.
Retrouvez ci-dessous quelques clichés issus des manifestations françaises de ce samedi 11 février. N'hésitez pas à partager vos éventuelles photos et vidéos dans les commentaires ci-dessous, ou à nous les adresser par mail à alex / clubic.com en vue d'une intégration à cette série.
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