L'étau se resserre autour de Kim Dotcom et des administrateurs de Megaupload, avec le dépôt, le 16 février dernier, d'un nouvel acte d'accusation auprès du tribunal fédéral de Virginie, où sera prochainement jugée l'affaire. Huit nouvelles charges s'ajoutent aux cinq chefs d'inculpation initiaux, élaborées à partir des nouvelles informations mises à disposition des autorités américaines.
Suite à la saisie des actifs de Megaupload, celles-ci ont par exemple pu accéder à la correspondance électronique des neuf inculpés qui, selon elle, met en lumière de nouvelles fraudes. Le nouvel acte d'accusation fait notamment valoir que les administrateurs de Megaupload ont volontairement aspiré des contenus produits par les utilisateurs de YouTube pour alimenter le portail Megavideo en contenus d'apparence légale.
Surtout, il démonte certains des arguments employés par les défenseurs du site, en se basant sur de nouvelles statistiques internes. Le document fait par exemple valoir que Megaupload ne comptait pas 180 millions d'inscrits comme le clamait Kim Dotcom, mais 66,6millions, dont 90% n'auraient jamais envoyé le moindre fichier vers les serveurs de la société. Les internautes concernés ne seraient donc pas venus au service pour ses fonctions de coffre-fort numérique, mais bel et bien pour les contenus mis à disposition.
Les autorités américaines illustrent par ailleurs le système de récompense mis au point par Megaupload pour attirer les internautes susceptibles de proposer au téléchargement des fichiers populaires. Selon elles, un certain « VV » aurait ainsi reçu quelque 3 400 dollars de la part de la société entre 2008 et 2009, qui ne reflètent sans doute que partiellement les activités de ce dernier.
Elles affirment ainsi qu'il est à l'origine de l'envoi de 16 950 fichiers vers Megaupload, lesquels auraient généré plus de 34 millions de visites. Dans le lot, on trouverait des films comme Ocean's 13 ou Ratatouille, pour lesquels plus de 85 demandes de retrait des contenus auraient été soumises par les ayant-droits. « En dépit de ces notifications d'infraction répétées, les enregistrements internes de la conspiration Mega ne montrent aucune suppression des fichiers envoyés par VV », affirme l'acte d'accusation.
Certains extraits des échanges électroniques entre Kim Dotcom et ses employés risquent de faire mauvaise impression lorsque l'affaire sera effectivement jugée. Dans l'un d'eux, le fondateur du site écrit : « soyez prudents. Plus nous devenons importants, plus les gens voudront en apprendre au sujet de Mega. Restons sous le radar ».
« Nous avons un drôle de businesss... pirates des temps modernes :) », plaisante dans un autre échange l'un des employés, à qui un autre répond : « nous ne sommes pas des pirates, nous nous contentons de fournir un service de livraison aux pirates :) ».
Les fondamentaux du dossier restent inchangés : Kim Dotcom et huit de ses collaborateurs sont toujours accusés de racket en bande organisée, conspiration en vue d'infractions au droit d'auteur et blanchiment d'argent, qui leur auraient permis de générer quelque 175 millions de dollars de revenus entre 2005 et la fermeture du service, le 19 janvier dernier.