Pendant qu'une partie des Français bronze en vacances, une autre s'affaire devant un ordinateur, la souris dans une main et une tasse de café dans l'autre. Toute la journée, ils développent leur réseau social qui, ils l'espèrent, saura se tailler une petite place à côté des géants du secteur. La rédaction de Clubic a sélectionné 5 projets qu'elle vous présentera au cours de la semaine.
C'est un penchant naturel chez Julien Dargaisse, il aime mettre les gens en relation. Diplômé de l'ESCEM Tours-Poitiers à 24 ans, il veut se rendre utile. Il crée BuzzleMe en 2010. Le constat duquel tout a commencé : le jeune diplômé a le même CV que tous ses camarades de promo, « même formation, même stage en entreprise, même stage à l'étranger ». Comment se démarquer des autres ?
L'entrepreneur en herbe imagine alors un CV interactif. Sans prétendre à devenir un réseau professionnel, BuzzleMe confronterait sur un même espace candidats et recruteurs. L'idée originale, baptisée BuzzleMe Jobs : le recruteur poste une offre d'emploi agrémentée de questions, les mêmes qu'il aurait posées lors d'un entretien d'embauche classique. Le candidat y répond dans une vidéo chronométrée. Une seule prise est permise. C'est une sorte d'entretien en différé.
Alors comment faire exister un tel projet ? « Si les internautes viennent sur la page et qu'aucune offre n'est postée, ils repartiront », analyse le fondateur. C'est là qu'il a l'idée de faire de BuzzleMe un véritable média social, qui attirera du monde. En sus de pouvoir poster des messages, le réseau agrège les flux Facebook, Twitter et LinkedIn des membres offrant de fait une consistance aux pages.
Mais Julien Dargaisse y apporte sa griffe. « Les principaux réseaux sociaux n'envisagent pas forcément qu'un membre de sa famille soit un collègue ou qu'un collègue soit un ami », constate-t-il. Son réseau à lui propose de classer les relations des sphères privées et publiques, pour favoriser « les mises en relation utiles ».
D'aspect, BuzzleMe ressemble à bien des égards à Twitter : une timeline regroupant les publications des abonnés au centre de la page, une barre d'outils en haut. À droite, les tendances et les suggestions. À gauche, un menu offrant la possibilité de filtrer les actualités par catégories : amis, collègues, famille...
Pour lier tout ce monde de manière « utile », Julien Dargaisse envisage plusieurs briques exclusives. Si BuzzleMe Jobs est la première, une autre est en préparation. Si tout se passe bien, d'autres verront le jour.
L'intérêt du CV interactif, argumente Julien Dargaisse, est de « mettre en valeur le savoir-être et le savoir-agir du candidat ». Ces entretiens liés aux canaux Facebook, Twitter et LinkedIn assurent leur multidiffusion. S'il y parvient, Julien Dargaisse aura réussi à créer des relations. Lancé le 14 juin, BuzzleMe est encore en phase de tests mais sa montée en puissance se concrétise. Le chemin a été long.
Premier constat : le marché des réseaux sociaux compte de très gros acteurs. Quelle place pour un jeune réseau français ? « On a vu de grosses entreprises devenir petites et puis si on a une idée mais qu'on ne la concrétise pas, elle reste une idée », explique Julien Dargaisse. Alors il s'est lancé. Le début du « parcours du combattant », plaisante-t-il.
Sur le papier, son projet requiert 200 000 euros, estime-t-il. « Quand on sort d'école de commerce, on dit qu'on ne sait rien faire. Moi, je ne sais pas programmer », s'amuse Julien Dargaisse. Il doit donc payer des développeurs.
Première erreur : il frappe à la porte d'une banque. Puis de cinq autres. Toutes refusent ! « En fait, j'ai eu le soutien de l'incubateur de l'ESCEM qui m'a mis en relation avec la CCI, Oséo et le Réseau Entreprendre », raconte l'entrepreneur. Eux ont cru au projet et ont apporté un prêt d'honneur à taux zéro. Quand il est retourné voir sa banque, son dossier était plus crédible et au final, le jeune créateur d'entreprise a réussi à lever 200 000 euros.
Réunis autour de lui dans son appartement, cinq développeurs s'affairent à mettre sur pieds les idées de Julien Dargaisse. Lui a apporté la maquette, réalisée en 2010 sous Photoshop. Aujourd'hui, le site est très abouti et n'attend plus que les annonces d'emploi.
Pour cela, l'ESCEM Tours-Poitiers et l'Université de Tours se sont engagées à adopter BuzzleMe en vue d'exercer leurs 25 000 étudiants. Le TEC de Monterrey au Mexique, l'une des plus grandes universités d'Amérique latine (90 000 étudiants), et où Julien Dargaisse a passé une année, se propose également de tester le système. « Beaucoup d'écoles ne forment pas à la recherche d'emploi, et notre service offre la possibilité de s'exercer à l'entretien ».
Ces partenariats ne permettront cependant pas de rembourser les prêts contractés. En plus, le jeune p-dg espère lever à terme 500 000 euros. La monétisation passera par les offres d'emplois avec entretien vidéo différé, facturées à partir de 890 euros. Julien Dargaisse espère voir BuzzleMe atteindre l'équilibre d'ici trois à quatre ans.
Signe encourageant, Julien Dargaisse a rencontré une équipe de Viadeo qui a trouvé BuzzleMe intéressant. « Ça n'est pas moi qui les ai contactés », précise-t-il. Avant d'ajouter : « Je ne suis pas fermé aux partenariats mais nous voulons garder notre service phare et pas le céder à une autre plate-forme ! »
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