Bien souvent, les personnes qui voyagent ramènent des photos et même des vidéos de leurs découvertes. Même s'il s'agit de la tour Eiffel ou de la statue de la Liberté. Ils pourraient mieux faire. Et pourquoi pas des reportages ? « Lorsqu'ils sont en vacances le gens sont relaxes et ont du temps libre alors autant qu'ils produisent des choses intéressantes et de qualité », se dit Julien Pichon.
Le cofondateur de Montrip, avec Johan Jalaguier, voulait créer le « meilleur métier du monde ». Imaginez. Vous partez avec votre sac à dos et vos baskets à l'autre bout du monde. Dans la main gauche, une carte. Dans l'autre, un appareil photo, un caméscope ou bien les deux. Enfin un smartphone quoi. Vous filmez des paysages typiques de la région, vous vous immiscez dans des zones inconnues...
L'un des constats qui a présidé à la création de Montrip c'est que « les chaînes de télévision dédiées aux voyages ne proposaient pas d'émissions originales et méritaient d'être dépoussiérées à l'époque où on a commencé à travailler sur le projet, il y a quatre ans » explique Julien Pichon, qui a lancé le site en jun.
Sans prétendre au journalisme, l'idée est de ramener un contenu original et correctement mis en forme. Tout cela pour le partager sur une plateforme en ligne. Pour quel résultat ? « J'ai été très surpris car personne n'a vraiment publié de contenu mauvais, j'ai vraiment découvert des productions originales, avec des messages clairs et une maîtrise de l'outil impeccable », nous fait part l'entrepreneur.
Initialement Julien Pichon est diplômé dans l'aéronautique à Toulouse. Passé par Thales, il exerce aujourd'hui au sein d'un cabinet de conseil en propriété industrielle. Comme peu de fondateurs de start-up, il conjugue salariat et entrepreneuriat. Heureusement, il a pu négocier un temps-partiel avec son employeur afin de travailler sur son site de voyage. Et puis une dizaine de salariés l'aident également.
Passionné comme son acolyte par les voyages, Julien Pichon raconte avoir voulu entreprendre simplement pour avoir le plus beau job du monde. Seulement il n'imaginait pas que monter une entreprise et voyager avec une caméra, c'était deux choses différentes. Aujourd'hui il relativise. « J'ai remis les pieds sur terre mais je reste passionné par ce que je fais, et je voyage encore », dit-il.
Pour l'instant, le site gagne des utilisateurs et ça n'est pas évident. Une centaine de membres se sont inscrits. Pour amorcer la pompe, Julien Pichon explique qu'il a fallu publier du contenu de référence. Des vidéos, photos et textes qui allaient donner le la aux premiers utilisateurs. « Quand on lance un service on ne sait jamais comment l'utiliser alors nous avons voulu créer un mimétisme », explique-t-il.
Pas vraiment de ligne éditoriale pour l'instant, mais Montrip y travaille. Le site propose de raconter ses voyages à travers trois prismes : informatif, créatif et humoristique. Qui finalement consulte ce contenu ? « Nous avons réalisé une étude de marché avant de nous lancer et nous avons observé une particularité sur les sites de voyages : beaucoup de gens les lisent sans pour autant voyager », indique le fondateur.
Mais au fait, comment ça marche Montrip ? Les deux hommes à l'origine du projet le concèdent, « on n'est pas tous Nicolas Hulot », mais qu'importe. L'objectif est de recueillir du contenu authentique. Après avoir filmé ses reportages, il s'agit de les monter. C'est peut-être l'aspect bloquant pour l'instant. Pour y faire face, l'équipe a prévu des tutoriaux bien fichus pour expliquer comment obtenir un film sympa.
Pour les photos et les textes, c'est plus simple. Parmi les auteurs, certains ont vraiment du talent à l'image du réalisateur du reportage en stop motion sur Dubaï (cf. ci-dessus). Alors pour capitaliser sur ce vivier, Montrip envisage de se muer en détecteur de talents. De devenir un tremplin pour eux afin de les pousser éventuellement dans les bras de boîtes de production. Mais chaque chose en son temps.
Pour le moment, Montrip veut gagner des usagers. Puis améliorer son produit de base. « Ça n'est pas les idées qui manquent, on en a des tiroirs remplis » confie Julien Pichon, qui ne veut pas placer la charrue avant les bœufs. Afin d'attirer du trafic, Montrip a lancé un concours dont le thème est « faire voyager ses cinq sens ». En parallèle, la start-up veut rester flexible pour s'adapter à son futur business model.
Jusqu'à présent les deux fondateurs ont fonctionné sur des fonds propres, 70 000 euros. Ils peuvent tenir ainsi un peu plus de 6 mois, voire un an mais pas plus. Ensuite il faudra lever des fonds ou être rentable. Sur ce point, la société étudie plusieurs pistes comme l'événementiel ou la production de contenu pour les marques. Président de la ligue d'improvisation de Paris, Julien Pichon pense aussi mettre à profit ses connaissances afin de produire des vidéos vraiment authentiques.