Portrait : FamiHero promet une baby-sitter en 20 minutes

Thomas Pontiroli
Publié le 05 septembre 2013 à 18h52
La mission de FamiHero est d'assister les familles dans leurs tâches du quotidien : garde d'enfants, d'animaux, bricolage, cuisine ou ménage. Une formule qui a même attiré le fondateur de Meetic.

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Cyril Beaufrere et Swann Robbes, FamiHero.
Swann Robbes et Cyril Beaufrere ont fondé FamiHero en 2011, le service de recherche de baby-sitter s'appelait alors Zennany. Quelque temps plus tard, les deux associés se sont mariés. Collègues dans le passé, ils réfléchissaient depuis quelques temps à monter une boîte. Mais surtout à trouver comment garder efficacement leurs trois enfants.

« Nous sommes un peu l'archétype de la famille urbaine : recomposée avec des enfants issus de différents mariages, travaillant chacun à l'autre bout de Paris », note la cofondatrice. « On courait après une solution pour conjuguer les obligations pro et perso mais pas moyen de trouver un site qui nous garantisse des personnes de confiance », confie-t-elle. FamiHero en fera une priorité.

Ce que déplore Swann Robbes c'est le retard, juge-t-elle, accumulé par les sites de service à la personne sur le Web. « Les sites de recrutement comme Monster ou LinkedIn ont révolutionné les embauches mais pour le baby-sitting il n'y a eu qu'une transposition en ligne des petites annonces papier », estime-t-elle. Leboncoin ? Pour l'entrepreneuse, l'affichage public des coordonnées n'est pas très rassurant...

Pour répondre à ces problèmes, la plateforme FamiHero propose de filtrer les annonces par type de garde (baby-sitting ponctuel, sortie d'école ou temps plein), par atouts (permis, voiture, BAFA, premiers secours) ou par langue parlée (anglais, arabe, japonais). Afin de bétonner son offre, le site propose de choisir un prestataire parmi des profils vérifiés. Sur 71 100 membres inscrits, un quart a été scruté.

Pour cela, une équipe de modérateurs est chargée de collecter différents documents tels que carte d'identité, diplômes et certificats ou encore extrait de casier judiciaire vide. Swann Robbes explique que les services à la personne en ligne souffrent d'une mauvaise réputation à cause des mésaventures qu'ont pu connaître certaines personnes en tombant sur des nounous dont ils auraient voulu se passer.

Au-delà d'un service de baby-sitting, FamiHero propose une palette de services « pour les petits sujets du quotidien ». Garde d'enfant donc, mais aussi soutien scolaire, ménage, aide à domicile, bricolage, jardinage et garde d'animaux. Mais le site veut rester une place de marché uniquement réservée aux services à la famille. C'est ainsi que Zennany (la nourrice) est devenu FamiHero.

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Avant de trouver la bonne formule, l'entreprise a « pivoté » une huitaine de fois, se souvient Swann Robbes. Même scénario pour le modèle économique, remanié bien quatre fois. En réalité, le principal problème a porté sur la manière de communiquer. « Quand dix personnes vous disent qu'elles ne comprennent pas le service, il faut arrêter de croire qu'elles sont bêtes et se remettre en question. »

Les efforts ont alors principalement porté sur la simplification du message à faire passer. « Le meilleur conseil que je puisse donner est de rester pragmatique car il n'y a qu'une seule vérité : celle des clients. S'ils apprécient le produit, c'est gagné », souligne la cofondatrice. D'ajouter qu'elle et son mari ont façonné le site comme ils le rêvaient, mais que ça n'a pas toujours collé aux désidératas des utilisateurs.

Dans ce parcours, tant Swann Robbes que Cyril Beaufrere estiment avoir bénéficié de leur expérience de quinze ans dans le Web. Elle, spécialisée dans la gestion de projets et l'expérience utilisateur, passée par le groupe PagesJaunes et lui, plus technique, responsable d'infrastructures informatiques complexes. « Ce temps passé en entreprise nous a permis d'éviter des erreurs », se félicite la co-fondatrice.

Collaborateurs autrefois chez Twenga, le comparateur de prix, le couple a pu vérifier qu'il était fait pour travailler ensemble. Si les deux trentenaires ont hésité avant de franchir le pas de l'entrepreneuriat, « à cet âge et avec trois enfants, ça peut être risqué », confie Swann Robbes, ils ont finalement tenté l'aventure. N'en déplaise aux prophètes de la start-up parfaite qui interdisent de fonder une boîte avec ses amis ou sa famille - l'essentiel des krachs de jeunes pousses seraient liés à des querelles intestines.

« L'avantage de notre situation c'est que personne ne reproche à l'autre de travailler trop », s'amuse l'entrepreneuse, qui y trouve aussi un bénéfice du côté de la réactivité. Le revers de la médaille c'est que lorsqu'on est aux commandes d'une société, jeune et avec peu d'employés, les vacances sont impossibles. « Au bout de deux ans et demi, ce manque commence à peser un peu », confie-t-elle.


Sans vraiment de repos, donc, le couple a réussi à monter un projet qui a séduit des investisseurs. Une première levée de fonds de 350 000 euros menée en janvier auprès de Jaïna Capital, le fonds du fondateur de Meetic, Marc Simoncini, a permis de réaliser un premier produit, d'en vérifier la viabilité et de tester l'intérêt du public. Une deuxième injection de capital, de Jaïna toujours, a rapidement suivi.

Ni le fonds ni la start-up ne veulent en dévoiler la somme, histoire de ne pas trop informer la concurrence. Mais Swann Robbes indique qu'elle a été d'un niveau suffisamment significatif pour se payer un spot publicitaire sur les chaînes de télévision. Un levier qui a fait exploser les compteurs d'audience selon la co-fondatrice, et a démultiplié le nombre de coups de téléphone journaliers, remarque-t-elle.

Fort de ces financements, FamiHero va recruter, entre trois et six personnes. L'objectif est désormais de « réaliser à grande échelle ce qui a été testé avec le premier produit », explique-t-elle. Pour y parvenir, elle compte aussi sur l'appui de Jaïna Capital. « Nous avons choisi ce fonds car notre modèle économique est proche de celui de la rencontre (Meetic), donc il sait où il va », ajoute l'entrepreneuse.

Si l'inscription est gratuite, les demandeurs de services devront souscrire un abonnement facturé entre 6 et 15 euros, selon sa durée. À ce tarif, ils pourront aussi profiter des alertes SOS. Il s'agit d'annonces de « dernière minute » pour trouver une baby-sitter dans les 20 minutes, promet la conceptrice.

Swann Robbes raconte qu'un jour « une jeune femme nous a confié avoir oublié son anniversaire de mariage. Elle devait réserver un restaurant dans les deux heures. Alors elle a lancé une alerte sur FamiHero et une nounou a aussitôt débarqué. Pour elle, on avait carrément sauvé son couple ».
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