Portrait : Fidzup géolocalise les clients avec des ultrasons

Thomas Pontiroli
Publié le 19 septembre 2013 à 18h24
Tous les moyens sont bons pour générer des ventes. Lancée par trois étudiants ingénieurs, Fidzup diffuse des ultrasons dans les enceintes des enseignes pour localiser les consommateurs.

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Anh-Vu Nguyen, cofondateur de Fidzup
Lorsque le chaland pousse son charriot dans les allées de son super ou hypermarché favori - ou qu'il se promène sans rien pousser d'ailleurs - il le fait toujours en musique. À l'exception des magasins hard discount, les enseignes ont pris pour habitude de diffuser des chansons. Histoire d'animer le lieu et de réveiller le consommateur qui sommeille en chaque visiteur.

Ce que propose Fidzup, une start-up créée il y a deux ans et demi, c'est d'ajouter encore une surcouche sonore. « Des sons proches des ultrasons », commence à nous expliquer Anh-Vu Nguyen, l'un des trois cofondateurs. Inaudible par l'oreille humaine, certifie-t-il, cela sera en revanche écouté attentivement par chaque smartphone - si l'utilisateur a lancé l'application de l'enseigne dans laquelle il se trouve.

Non, cette société n'est pas spécialisée dans le divertissement des smartphones. La technologie développée par Fidzup, au terme de deux ans de recherche et développement et de deux brevets, officie plutôt dans la géolocalisation intérieure appliquée au marketing. Le système audio du magasin diffuse ces ultrasons, captés par le smartphone, ce qui permet de localiser les visiteurs entre les rayons.

En quelque sorte, les commerçants utilisateurs de cette solution - disponible en marque blanche - pourront suivre leurs clients pour leur pousser des promotions ou des offres temporaires lorsqu'ils sont repérés dans une zone du magasin. C'est ce qu'on appelle du marketing en temps réel, et c'est très en vogue. Derrière, Fidzup met à disposition des commerçants une plateforme pour gérer leurs campagnes.




Avec ce système, la jeune société veut « engager les consommateurs grâce à un outil léger à déployer, et peu coûteux », fait valoir Anh-Vu Nguyen. Il donne l'exemple de ce scénario : « Un client entre dans un magasin, lance son appli et reçoit un jeu à gratter quand il est détecté, il se rend ensuite à l'accueil pour retirer son cadeau, s'il passe dans une zone ciblée, il reçoit un bon plan, etc. »

« Le déclenchement de l'action contextualisée est sure à 100% », assure son créateur. Il a développé cette technologie au sortir de ses études d'ingénieur. Associé à deux amis à lui, Olivier Magnan-Saurin, président et Michel Pigassou, directeur technique, ils sont tous issus de la même formation. Depuis l'équipe s'est étoffée et compte neuf personnes, grâce à un « effet boule de neige ».

La première application a été lancée en juin 2011 et se destinait aux commerces indépendants. Les fondateurs rencontrent vite leur premier problème : « ces marchands ne sont pas fédérés et ils sont encore très loin de ces problématiques d'engagement sur mobile. » Suite à ce constat, la société qui proposait son application aux consommateurs décide de réorienter son tir vers les enseignes et le B2B.

Dans la foulée, Fidzup revoit la technologie employée. Utilisant initialement la puce GPS, elle remarque qu'elle se prête mal à une utilisation d'intérieur. Et que les personnes situées hors des commerces peuvent en profiter également... En quête d'une solution dont le maître-mot devait être la facilité d'installation, la start-up se tourne vers les ondes sonores, déjà utilisées aux États-Unis avec succès.


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Pour financer le projet, l'aventure commence comme souvent sur fonds propres, et un peu de « love money ». Cet argent permet de créer un premier produit et de « tester la réponse du marché », qui s'avère positive. La start-up commence alors à dégager un peu de chiffre d'affaires ce qui lui vaut de nouveaux apports financiers grâce à l'obtention d'une subvention d'Oséo de 100 000 euros.

Fidzup peut accentuer dès lors ses efforts en matière de recherche et développement et embaucher un premier employé. En juin dernier, l'entreprise finit par boucler son premier tour de table, de 300 000 euros, auprès de business angels et du Fonds Régional de co-investissement Île-de-France. De quoi recruter une équipe commerciale pour « attaquer » la distribution et même le marché européen.

En dehors du commerce de détail, naturellement ciblé par cette technologie, Anh-Vu Nguyen voit Fidzup partout où la musique est présente : les festivals, les événements sportifs, les salons professionnels, pourquoi pas les musées. L'objectif, toujours le même, est de proposer aux marques de « rencontrer leur audience ». « Dans un concert, une personne pourrait recevoir une promo pour une boisson. »

L'entrepreneur se dit confiant. Pour l'aider dans sa vision du marché, « l'un des points capitaux lorsqu'on monte une entreprise, avec la persévérance », il s'appuie sur le succès de Shopkick, son homologue américain qui compte 3 millions d'utilisateurs, a levé 20 millions de dollars et a BestBuy et Target parmi ses clients. Bref, avec ces ultrasons, l'espèce canine va devenir vraiment indésirable en grande surface.
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