Lorsqu'on se rend sur PinMusic pour la première fois, on remarque immédiatement la similarité avec Pinterest : des colonnes d'images légendées que l'on peut parcourir à l'infini, enfin presque. Sauf qu'ici, les images sont des pochettes d'albums de musique. Et lorsqu'on clique dessus, on peut écouter le morceau de la personne qui l'a partagé.
Les créateurs, Alexandre Lemelle et David Morand, ne s'en cachent pas. Leur service a été inspiré par le réseau social Pinterest. « Nous avons imaginé une plateforme sur laquelle vous pouvez désormais épingler, regrouper, partager vos morceaux préférés », confie ce dernier. « PinMusic est la première musicothèque en ligne gratuite qui réunit toute la musique que l'on aime », fait-il encore valoir.
Comme dans tout nouveau projet, l'essentiel est de savoir quel est le problème que veut solutionner l'équipe avec son produit. Les deux associés, avant tout amis, racontent avoir constaté que beaucoup de musique était partagée sur Facebook : des liens vers Deezer, Spotify et bien sûr YouTube ou encore Dailymotion. « Le problème c'est que lorsqu'on aime un titre et qu'on veut le retrouver, cela devient difficile car la plateforme ne permet pas de centraliser les morceaux », déplore David Morand.
L'idée de PinMusic, décrit le cofondateur, est « de ne plus perdre aucune musique ». Pour cela leur site propose de rassembler tous les morceaux partagés par les membres, indépendamment de la plateforme d'origine, qu'il s'agisse d'un site de streaming audio ou vidéo. Les morceaux sont classés par genre et les utilisateurs ont également la possibilité de créer des listes pour mieux s'y retrouver.
PinMusic fonctionne également comme un réseau social dont les membres peuvent suivre ou être suivis par les autres membres de la communauté. « S'abonner aux listes des autres utilisateurs permet de rester informé de l'évolution de leurs playlists », commente l'entrepreneur. D'ajouter que « sur les sites de streaming, certains morceaux vont et viennent alors en multipliant les sources, on les retrouve ».
PinMusic en revanche ne stocke aucun titre. La plateforme sert de « hub » et ne relaie que les liens. Au-delà de la dimension d'écoute sociale, la plateforme se veut découvreuse de talent. Une rubrique baptisée « Artists » permet aux utilisateurs de découvrir de jeunes talents, de suivre leur parcours et de commenter leurs « épingles ». L'artiste en revanche devra stocker sa création sur YouTube ou autre.
Le service en est à ses balbutiements. Lancé en septembre 2013, il est en développement depuis cet été seulement. David Morand et Alexandre Lemelle sont seuls aux commandes. Le premier est consultant dans l'informatisation des entreprises mais guitariste avant tout, depuis 25 ans. Il joue du funk et du rock notamment. Le second évolue dans le Web depuis 15 ans et c'est donc lui l'architecte de PinMusic.
Un mois après son lancement, la plateforme a fédéré 400 utilisateurs pour environ 4 000 morceaux échangés. La communication se fait essentiellement via les réseaux sociaux et le précieux bouche à oreille. Finalement, les coûts de développement et de fonctionnement sont très faibles pour l'instant ce qui permet à la start-up de s'autofinancer. Et tout se fait sur le temps libre car les associés ont gardé leur emploi.
Certains choisissent de tout plaquer, d'autres avancent plus prudemment. PinMusic n'est pas encore rentable alors ses fondateurs ont préféré garder un filet de sécurité. Pourtant, alors qu'ils n'ont pas encore atteint leur masse critique - les 2 000 membres sont visés d'ici la fin de l'année -, ils ont déjà jeté les bases d'un modèle économique : un système d'affiliation avec la plateforme de musique iTunes.
Plusieurs épingles sont liées au site d'Apple. Si un utilisateur clique dessus et finit par acheter le titre, PinMusic est rémunéré. « Il n'est pas impossible que si nous devenons rentables je quitte mon emploi un jour, mais ça n'est pas la question à l'heure actuelle », souligne David Morand, réaliste. Tous les deux ne sont pas commerciaux. C'est pourquoi ils ont choisi un modèle « qui tourne tout seul » une fois lancé.
Eux veulent se concentrer pleinement au développement du produit et surtout du nombre d'utilisateurs. Car l'affiliation n'est rémunératrice qu'une fois atteint un certain volume. David Morand réfléchit déjà à d'autres possibilités comme proposer des dates de concerts. PinMusic est en définitive le site qu'il aurait aimé connaître lorsqu'il était enfant. « Malheureusement, Internet n'existait pas encore ! »