Développer la fabrication de processeurs pour doper l'activité industrielle européenne : tel est en substance le plan dévoilé jeudi par Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne. Partant du principe que les technologies informatiques (mobile, embarqué, ordinateurs etc.) sont d'une part un secteur en constante croissance, et d'autre part un soutien incontournable à d'autres industries plus anciennes (automobile par exemple), la Commission européenne se dit prête à mobiliser les investissements publics pour soutenir cet effort.
« Je souhaite doubler notre production de puces informatiques, de sorte qu'elle atteigne près de 20 % de la production mondiale. Je veux que l'Europe produise sur son territoire plus de puces que les États-Unis n'en fabriquent chez eux. L'objectif est réaliste, si nous orientons bien nos investissements. », a déclaré jeudi Neelie Kroes.
L'Europe propose pour ce faire un premier plan de soutien financier qui verrait la mobilisation de 10 milliards d'euros sur sept ans, avec un investissement partagé équitablement entre secteurs public et privé. La Commission européenne s'engage quant à elle à fournir 30% de l'effort public, le reste incombant logiquement aux Etats membre.
L'Europe ambitionne de développer la production de wafers de 450 mm, contre 300 mm aujourd'hui
Elle suggère que ces fonds servent au renforcement, au niveau mondial, de trois pôles de production européens : Dresde en Allemagne (où se trouve l'une des usines historiques d'AMD), Grenoble en France (implantation historique de STMicroelectronics) et Eindhoven aux Pays-Bas (où sont installées des unités de production appartenant par exemple à ASML ou NXP).
« Il est admis que cet investissement est nécessaire pour préserver la croissance et le renouvellement de l'industrie du semiconducteur en Europe. Les PME innovantes profiteront de l'accès à cet écosystème, y gagnant en échelle et en compétitivité, ce qui favorisera la création d'emplois en Europe tout au long de la chaîne de valeur », commente Bruxelles, en rappelant les résultats d'une étude de novembre 2012, selon lesquels le secteur a besoin d'un total de 100 milliards d'euros d'investissement d'ici 2020.
Les mesures envisagées ici complèteraient les Initiatives Technologiques Conjointes (JTI) Artemis et Eniac, qui consistent déjà en des partenariats public privé européens dédiés pour l'un aux systèmes embarqués et pour l'autre aux nano-technologies.