Dans une plainte déposée hier à la FTC, l'Electronic Frontier Foundation (EFF) jette sur Google une nouvelle suspicion quant au fait d'utiliser les données de connexion et de navigation des utilisateurs. Sur les Chromebook, portables fournis par Google à destination des écoles partenaires, la navigation des élèves serait scrutée de près, à travers une collecte de données.
L' Organisation pour la défense des libertés sur Internet dresse un listing de celles-là : les recherches tapées, les résultats cliqués, les pages YouTube visitées, les mots de passes utilisés, et tout cela dès que l'écolier se connecte à son compte Google.
C'est de la fonctionnalité « Sync » que sont nées les inquiétudes : ce paramétrage du navigateur permet d'enregistrer l'historique, les onglets et les mots de passe sur un compte afin de pouvoir les retrouver à partir de n'importe quel ordinateur. Cette fonctionnalité laisse supposer que ces données de navigation sont stockées ailleurs que dans le simple ordinateur connecté.
Des paroles sibyllines
Dans un communiqué officiel de Google Education, Jonathan Rochelle répond aux accusations de l'EFF. L'argumentaire se veut imparable et rassurant : « de tout temps, la protection des informations privées des étudiants a été notre souci majeur ». Le porte-parole du groupe américain assure qu'aucune entorse n'a été commise aux yeux de la loi, et que Sync « n'est en rien reliée à une quelconque étude du comportement chez l'adolescent ».Pourtant dans le même temps, l'EFF déclare publiquement avoir eu de Google la promesse d'une désactivation prochaine d'un paramétrage des Chromebook qui permet de partager le stockage des données de Sync sur d'autres services Google.
Jeu d'influences
L'argument fort du communiqué de Google est le suivant : la Convention sur la Vie Privée de l'Etudiant (Student Privacy Pledge) a été respectée dans sa totalité par Google Education. Le Student Privacy Pledge stipule que l'extraction des données des étudiants « ne doit pas avoir des fins commerciales », ce qui interdit à Google d'envoyer une publicité ciblée sur les pages web consultées par les étudiants, mais ne semble pas à priori exclure une « étude du comportement adolescent » interne à Google basé sur une collecte de ces données, qui pourrait bien avoir, elle, des fins commerciales.Pour sa défense, Google avance un second argument : les associations responsables de cette convention (Future of Privacy Forum et Software and Information Industry Association) ont toutes deux critiqué la plainte de l'EFF, la jugeant injustifiée.
Mais Future of Privacy Forum qui est le co-auteur de la convention, a une position qui peut susciter des interrogations quant à sa liberté de parole et d'action. Considérée comme un groupe de lobbying, elle compte de nombreux sponsors et sympathisants parmi lesquels Google et Facebook, selon la liste officielle des supporters consultable sur le site de l'association.
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