Android : l'open source n'est pas assez libre aux yeux de l'Europe

Alexandre Broutart
Publié le 20 avril 2016 à 16h28

« 80 % des appareils fonctionnent avec Android en Europe. Google détient 90 % des parts de marché des navigateurs Internet, des systèmes d'exploitation mobile, et des boutiques d'applications sous Android. » Le décor planté, la commissaire européenne à la Concurrence appuie à l'endroit douloureux : « Google a une stratégie très aboutie visant à asseoir et développer son irrévocable suprématie de la recherche Internet. » Avant d'étayer le propos des résultats d'enquête, elle alourdit la charge : « Nous avons aussi des preuves que Google a abusé de sa position de leader pour imposer son système d'exploitation Android. »

La commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager ne porte pas la société californienne dans son coeur, et le fait savoir. Il y a tout juste un an, la femme politique qui a inspiré la série Borgen, récupérait de main de maître un dossier déjà vieux de quatre ans, bien décidée à en découdre. « Ce que j'ai vu quand j'ai pris mes fonctions, c'est que les discussions sur des engagements de Google pour remédier aux problèmes de concurrence ne semblaient avancer ni très vite, ni de manière prometteuse pour boucler l'affaire » déclarait-elle alors, allusion peu dissimulée à son prédécesseur Joaquin Almunia accusé de céder à la pression du lobby googliste.

Triple grief

Les trois chefs d'accusation de la commissaire européenne sont les suivants :
  • Google Chrome est préinstallé sur les appareils utilisant Android et un contrat d'exclusivité briderait tout autre navigateur.
  • Les constructeurs ne seraient pas libres d'installer le moteur de recherche de leur choix dès lors qu'ils souhaitent intégrer une application Google comme Google Store ou Google play.
  • L'open source d'Android ne serait qu'illusoire : Google empêcherait tout Android alternatif (qui a été conçu par un développeur tiers grâce au code source) d'être acheté par un constructeur.

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Un document contractuel entre Google et HTC dévoile certaines clauses abusives


Android : fin de l'open source ?

Pour l'analyste Richard Windsor, Android pourrait d'ailleurs d'ici 2017, cesser d'être livré en open source. Concernant les applications, certains documents dévoilés semblaient prouver que les constructeurs partenaires de Google étaient tenus d'en installer au moins une vingtaine, toutes développées par Google. Le contrat imposait aussi une mise en avant en les positionnant sur le panneau adjacent à l'écran d'accueil principal aux côtés des widgets également créés par la californienne.

Margrethe Vestager a aussi fait état d'autres enquêtes en cours sur Google, au sujet notamment de la publicité. À la fin de son allocution publique, à la nouvelle icône de Bruxelles a déclaré que Google avait douze semaines pour répondre aux présentes accusations de concurrence déloyale, tout en l'invitant à venir s'expliquer au cours d'une éventuelle audition. Google risquerait jusqu'à 6 milliards d'euros si une condamnation était prononcée, ce qui, comme le relève L'Opinion, « serait la plus grosse sanction infligée par l'Europe à une société américaine. »

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