La télévision pourrait bientôt être autorisée à diffuser davantage de films sur ses chaînes en clair. La réforme de l'audiovisuel prévoit en effet de lever l'interdiction actuelle, qui empêche les diffuseurs de programmer des œuvres de cinéma certains jours de la semaine. Y aura-t-il, dès lors, davantage de films proposés sur petit écran ? Rien n'est moins sûr.
Saviez-vous que les chaînes de télévision n'étaient pas libres de diffuser des films à n'importe quel moment ? Depuis 1990, une loi impose en effet des jours « interdits de cinéma ». Cette réglementation, qui s'applique aux chaînes gratuites, empêche de programmer des œuvres cinématographiques le mercredi soir, le vendredi soir, le samedi toute la journée, ainsi que le dimanche après-midi.
La nouvelle donne des plateformes de SVOD
D'après le Centre national du cinéma (CNC), les salles obscures enregistrent la majorité de leurs entrées entre le vendredi et le dimanche. Ainsi, à l'origine, cette mesure avait pour but de protéger le secteur du cinéma en encourageant les gens à se rendre en salles.Mais aujourd'hui, les chaînes de télévision sont confrontées à la concurrence des plateformes de streaming, telles que Netflix ou Amazon Prime, qui ne sont pas concernées par cette interdiction. Quelques entreprises historiques, à commencer par M6, ont donc milité pour mettre fin à ce qu'elles percevaient comme une injustice.
Celles-ci semblent avoir obtenu gain de cause : la réforme de l'audiovisuel, présentée en Conseil des ministres en décembre dernier, prévoit une levée de l'interdiction. Les chaînes gratuites pourraient donc diffuser des films toute la semaine, dans la limite de 244 par an, avec quelques restrictions sur le choix des œuvres le samedi soir. Néanmoins, la réforme doit encore être votée : les débats à l'Assemblée nationale débuteront le mois prochain.
Les chaînes ne veulent plus se faire des films
Cependant, cette victoire pourrait avoir une incidence limitée sur le téléspectateur. En effet, si M6 paraît déterminée à augmenter son offre de cinéma, ce ne sera peut-être pas le cas de ses concurrentes. D'ailleurs, selon les chiffres du CNC, en 2018, la télévision a diffusé 81 films de moins qu'en 2016.La raison de ce désamour apparent serait à chercher du côté du manque de rentabilité. Ainsi, comme l'explique Philippe Nouchi, directeur de l'expertise média chez Publicis Media, un tel programme coûterait entre 0,5 et 2 million(s) d'euros aux chaînes historiques, mais n'offrirait « que » 830 000 euros de recettes publicitaires nettes en moyenne.
Il n'est donc pas dit que les amateurs de cinéma profitent bientôt d'une offre plus large à la télévision, à moins qu'une autre partie de la réforme de l'audiovisuel n'achève de convaincre les chaînes gratuites. La future loi prévoit en effet la possibilité d'ajouter une troisième coupure publicitaire lors des films plus longs.
Source : Les Echos