L'analyse de votre correspondance est désormais encadrée
Concrètement, les opérateurs qui choisissent d'analyser votre correspondance pour mieux vous cibler lors de campagnes publicitaires doivent désormais solliciter votre accord explicite pour pouvoir le faire. Conformément aux souhaits de la Commission européenne, pour octroyer cet accord, l'utilisateur devra être sollicité pour le donner, et ce, dans un endroit bien distinct. En d'autres mots, les opérateurs ne pourront pas noyer cette disposition dans les dizaines de pages que prennent généralement les Conditions générales d'utilisation.Dans le cadre de relations commerciales nouvellement établies, un tel accord devra être demandé avant tout traitement dans un but publicitaire de la correspondance du client. Pour les relations déjà existantes, un tel accord devra être demandé dans les six mois, soit avant le 30 septembre 2017. En d'autres mots, si vous ne cochez pas la case correspondante au moment où Google vous demande l'autorisation de traiter vos mails pour vous proposer des publicités qui vous ressemblent, au-delà du 30 septembre 2017, vos communications ne pourront plus être analysées dans des buts publicitaires.
Le dispositif fait partie de la loi Lemaire sur la République numérique. Comme il modifie la notion du secret des correspondances, il devrait également entraîner une révision prochaine du Code des postes et des télécommunications, très peu adapté à l'ère numérique.
Le dispositif ne permettra pas d'éviter totalement la publicité
Les défenseurs du secret des correspondances s'empresseront sans doute de crier victoire. Cependant, il ne faut pas se tromper sur la nature de ce dispositif. La manifestation de votre désaccord pour l'analyse de votre correspondance à des fins publicitaires ne va pas entraîner la disparition des publicités lorsque vous utilisez Gmail, tout autre service de Google, ou visitez un site connecté au réseau publicitaire de Google. Des bannières continueront à s'afficher et, si le paramétrage de votre navigateur Internet le permet, vous continuerez à être pisté grâce aux cookies. Et même si vous bloquez le pistage à l'aide de cookies, vous n'échapperez pas aux publicités, elles resteront présentes, à une condition près : elles ne seront plus ciblées. La publicité étant inévitable sur Internet, certains préféreront donner cet accord : du moins, il y a des chances que les publicités affichées vous concernent et vous fassent découvrir quelque chose qui est susceptible de vous intéresser.Les plus réfractaires opteront pour une messagerie payante et des sites accessibles sur abonnement : la publicité y est inexistante ou presque. Mais pour cela, il faudra mettre la main au porte-monnaie, car ce qui est gratuit pour l'utilisateur final se finance forcément par la publicité. Tout le dilemme de l'Internet moderne s'y résume !
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