Si l'informatique actuelle ne suffit pas, réinventons la. Pour anticiper la croissance exponentielle de ses besoins en traitements informatiques, l'armée américaine vient de lancer, via son département de recherche - la Darpa, ou Defense Advanced Research Projects Agency - un programme qui vise à mettre au point d'ici 2018 une machine 100 à 1000 fois plus efficace sur le plan énergétique que les solutions actuelles, capable de franchir la barre du milliard de milliard d'opérations par seconde (exascale), soit des performances près de mille fois supérieures à celles de Jaguar, le plus rapide des supercalculateurs actuels.
Exit donc les fameuses lois empiriques de Gordon Moore, qui depuis quarante ans supposent que le nombre de transistors présents au sein d'un processeur double tous les deux ans. « Notre capacité à atteindre les gains de performance prévus (par les lois de Moore) est limitée par une consommation électrique significative ainsi que par les problèmes liés à la complexité de nos modèles de programmation et d'architecture », estime la Darpa.
L'agence, à l'origine d'inventions telles que le GPS ou l'Arpanet (ancêtre d'Internet), va donc débloquer un budget d'environ 100 millions de dollars et s'entourer de partenaires industriels et scientifiques chargés de plancher, dans les années à venir, sur une nouvelle vision du calcul haute performance. Nom de code de l'opération : Ubiquitous High Performance Computing program, ou UHPC.
Parmi les partenaires retenus, on trouve le numéro un mondial des microprocesseurs, Intel - déjà engagé dans divers programmes de recherche Exascale, notamment en France, son compatriote NVIDIA - très actif dans le domaine du supercalcul, où les capacités massivement parallèles des puces graphiques font des merveilles, mais aussi le MIT et le Sandia National Laboratory. NVIDIA a déjà annoncé avoir reçu 25 millions de dollars de la Darpa pour financer ses travaux en la matière.