À force de séduire les grandes marques et de s'immiscer dans un nombre grandissant d'appareils de plus en plus haut de gamme, le taïwanais MediaTek commence à jouir d'une bonne notoriété en occident. Mais en réalité la progression à laquelle nous assistons en Europe et en Amérique du Nord n'est pas représentative de la stratégie globale du concepteur de puces. Il nous l'a présentée lors de notre tournée des acteurs taïwanais de l'Internet des objets, la semaine dernière à son siège social à Hsinchu, dans la province de Taipei.
Téléphonie : connecter les prochains milliards de terriens
MediaTek a encore du potentiel dans les pays développés, c'est indéniable. Mais le taux d'équipement en téléphones et en tablettes y est déjà très élevé. Le fabricant a beaucoup plus de marge de progression dans deux autres secteurs, et c'est naturellement sur ceux-là qu'il va miser ces prochaines années. Ces secteurs, ce sont celui des téléphones sur les marchés émergents, et celui des objets connectés dans le monde entier.Le concepteur vend une puce pour smartphone premier prix ou pour objet connecté x fois moins chère qu'une puce pour smartphone milieu de gamme. Un chipset spécifique à l'Internet of things (IoT) ne coûte que 2 dollars avec une connectivité Wi-Fi, un peu plus avec une connectivité cellulaire. Soit le prix d'un chipset pour un téléphone non-smartphone.
Mais MediaTek prend le pari que les volumes compenseront largement.
Il ambitionne de connecter une part importante des terriens qui ne le sont pas encore, un marché qui se chiffre à plus d'un milliard d'individus, et donc d'unités. La marque se félicite à ce titre de collaborer avec Google sur la conception et sur la commercialisation de smartphones certifiés Android One, spécifiquement destinés aux marchés émergents. Donc malheureusement pour les occidentaux, sur nos marchés, MediaTek ne stimulera pas autant la concurrence (essentiellement Qualcomm et Samsung) qu'on aurait pu l'espérer.
Internet des objets : des plateformes prêtes à l'emploi pour accélérer les choses
MediaTek misera aussi sur le marché naissant de l'Internet des objets, porteur dans le monde entier, y compris dans les pays développés. Un indicateur parmi d'autres est le nombre de développeurs sur le secteur de l'IoT : le cabinet VisionMobile estime qu'il sera décuplé en cinq ans, passant de 300 000 aujourd'hui à 4,5 millions en 2020. Et les fabricants s'attendent à un marché de plusieurs milliards d'unités en quelques petites années.Mais cette fois, le concepteur de puce est loin d'être le seul sur le créneau. Pour se démarquer, la marque met à disposition tout le nécessaire pour que des fabricants puissent concevoir et commercialiser très rapidement des objets connectés... reposant sur ses propres puces, naturellement.
La société a ainsi ouvert les MediaTek Labs, un site Internet sur lequel elle forme gratuitement les développeurs à l'Internet des objets. Ce avec des composants maison, des plateformes tout-en-un prêtes à l'emploi, qui permettent la conception de prototypes puis de produits finis.
En tout cas les enjeux sont colossaux, sur le segment de l'IoT, donc les acteurs du secteur s'engagent pour de bon. Si bien qu'après quelques années de balbutiements, les choses devraient vite s'accélérer et arriver à maturité. Au bénéfice, entre autres, des consommateurs.
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