Mots de passe, identifiants, conversations privées... Si elle venait à être exploitée, la nouvelle faille découverte par les chercheurs de BitDefender, sur l'ensemble des processeurs Intel modernes, pourrait permettre l'accès aux kernels mémoire de très nombreuses machines. À la clé, la libre récupération de données variées.
La découverte des failles Spectre, Meltdown et ForeShadow en début d'année 2018 avait déjà sérieusement entaché la réputation d'Intel en termes de sécurité. Cette nouvelle faille, repérée l'année dernière par les chercheurs de BitDefender, enfonce le clou. En touchant les processeurs supportant l'appel système SWAPGS, cette dernière peut potentiellement toucher l'ensemble ou presque des processeurs Intel commercialisés depuis 2012 (date d'apparition dudit système sur les CPUs du fondeur californien).
Une faille restée béante malgré les patchs déployés cette année par Intel
Le système SWAPGS permet au processeur de basculer entre les modes mémoire kernel et utilisateur. Il opère dans le cadre de « l'exécution spéculative », utilisée par les processeurs modernes pour exécuter de manière prédictive des taches avant qu'une action ne soit sollicitée, précise TheNextWeb. Comme les failles Spectre, Meltdown et ForeShadow, la brèche dévoilée en ce mois d'août sur les puces Intel s'appuie sur cette méthode prédictive (très utile pour améliorer les performances du processeur) et sa mécanique d'exécution pour accéder aux données des utilisateurs et/ou des entreprises.Étrangement, les patchs déployés par Intel en réponse aux précédentes vulnérabilités observées sur ses processeurs n'ont pas permis de combler la faille identifiée par BitDefender. Cette dernière impacte, dans les faits, les processeurs Intel grand public depuis la troisième génération de puces Intel Core. Les chercheurs en sécurité responsables de sa découverte notent par ailleurs qu'elle représente un danger notable pour les puces destinées aux serveurs et au monde de l'entreprise.
« Les criminels ayant connaissance des attaques (nécessaires à l'exploitation de ce type de vulnérabilités, NDLR) auraient le pouvoir de découvrir les informations les plus vitales et les mieux protégées des entreprises et des particuliers du monde entier, mais aussi le pouvoir de voler, faire chanter, saboter et espionner », a notamment indiqué dans un communiqué Gavin Hill, Vice-président des produits de sécurité réseau et datacenter pour BitDefender.
A noter que BitDefender travaille depuis près d'un an avec Intel, Microsoft et la Linux Foundation pour remédier au problème. L'entreprise recommande ainsi l'installation des dernières mises à jour de sécurité déployées par Microsoft sur Windows 10.
L'hypothèse d'une attaque de masse peu probable, selon BitDefender
Si cette vulnérabilité pourrait faire l'objet d'attaques ciblées, notamment à l'encontre de serveurs ou de fournisseurs de Cloud, les chercheurs de BitDefender estiment que l'hypothèse d'une pandémie de malwares, comme pour l'affaire WannaCry, est peu probable. Et pour cause, exploiter ce genre de failles reste compliqué, note TheNextWeb.Pour les particuliers, la découverte de cette faille rime toutefois avec l'installation de nouveaux patchs de sécurité, qui pourraient compromettre une nouvelle fois les performances des processeurs Intel concernés (c'est-à-dire l'essentiel des CPUs Intel actuellement sur le marché). En supposant qu'Intel parvienne bien à combler intégralement cette nouvelle vulnérabilité (ce qui n'est pas nécessairement acquis), l'installation de correctifs pourrait aussi être compromise chez les utilisateurs les moins avertis... ou les moins renseignés sur leur importance.
Source : TheNextWeb