300 antennes 4G brouillent la TNT de 1500 immeubles en France. C'est un premier bilan, que relaie le Journal du Dimanche dans un article paru le week-end dernier, au terme d'une expérimentation menée à Saint-Étienne.
Dans cette ville, la seule dans laquelle les trois opérateurs historiques ont simultanément mis en service des antennes sur la bande de fréquences problématique, le bilan est plus lourd : 70 antennes privent 470 immeubles. Selon l'hebdomadaire, les incidents sont aussi importants à Lille, l'une des rares villes dans lesquelles deux opérateurs on déployé la 4G en parallèle, moindres dans d'autres villes, dans lesquelles les opérateurs se sont implantés chacun leur tour.
Deux canaux concomitants pour la TNT et la 4G
Le problème vient de la proximité d'une des bandes de fréquences de la TNT avec l'une de celles de la 4G. En 2011, le dividende numérique avait effectivement réalloué au très haut débit mobile un canal UHF, libéré par l'arrêt de la télévision analogique, concomitant aux canaux réutilisés pour la télévision numérique.Plus précisément, le canal 60 utilisé par la TNT s'étend de 783,25 à 789,75 MHz (bande des 786 MHz) alors que le canal 61 utilisé par la 4G commence à 791,25 MHz. En fonction des antennes de télévision et des tuners, la 4G peut interférer et empêcher la réception de toute ou partie de la TNT.
Un simple filtre, des milliers d'interventions
La solution est simple mais individuelle et donc onéreuse : elle consiste à installer un filtre (illustré ci-dessous) entre l'antenne et les équipements des immeubles concernés, qui neutralise tout simplement les fréquences supérieures à 790 MHz, et donc le brouillage.Ce petit boîtier est peu coûteux (une dizaine d'euros) et son installation est à la portée de bricoleurs, mais dans un souci d'égalité l'Agence Nationale des Fréquences (ANFR) impose aux opérateurs de « rétablir la réception des services de télévision par tout moyen approprié », c'est-à-dire le plus souvent de faire intervenir un antenniste, pour plus ou moins cent euros par immeuble.
Or à raison de cinq immeubles touchés par antenne exploitant la bande des 800 MHz, si on se fie à ce premier bilan, l'addition risque d'être salée pour les opérateurs, qui cherchent à la partager avec d'autres acteurs. D'autant plus qu'ils ont prévu de mettre en service la 4G sur 30 000 antennes ces trois prochaines années, dont 10 000 avec cette « fréquence en or », celle qui leur a coûté le plus cher car c'est celle qui porte le mieux, et donc celle qu'ils tiennent le plus à exploiter. Les négociations seraient toujours en cours avec les autorités.