Lors des premiers débats autour du déploiement de la 4G, la question des brouillages entre certaines fréquences relatives au très haut débit mobile et la TNT étaient évoquées. Les premiers tests effectués sur le terrain ont alors permis à l'Arcep de confirmer que ce brouillage existait bel et bien mais qu'il ne concernerait, selon elle, qu'une petite partie de la population. Une fourchette allant, pour l'ensemble de la France, « de 150 000 et 500 000 TV en France » était même évoquée.
De son côté, l'ANFR (Agence Nationale des fréquences) a réalisé de nouveaux tests dans la région de St-Etienne afin de mieux appréhender le nombre de dysfonctionnements entre ces deux moyens de réception. Pour rappel, le brouillage 4G/TNT ne se fait pas pour toutes les fréquences utilisées pour le très haut débit mobile ni pour l'ensemble des installations pour la réception de la télévision. Du côté opérateur, seules les fréquences dite « en or » sont concernées, c'est-à-dire celles situées dans la bande des 800 MHz. Pour les utilisateurs, ils doivent avoir un dispositif de type antenne et non pas un satellite, par exemple.
Les pouvoirs publics recommandent l'installation d'un filtre qui se place entre l'antenne et les équipements des immeubles concernés. Cet équipement vient alors neutraliser les fréquences supérieures à 790 MHz, et donc le brouillage.
Dès lors, si un utilisateur constate un brouillage sur les chaînes de la TNT qu'il reçoit traditionnellement, un numéro a été mis en place (0970 818 818, prix d'un appel local) pour le renseigner. C'est ensuite aux opérateurs concernés de demander à un antenniste d'intervenir pour mettre en place ledit filtre. Sous cette procédure, aucun frais ne doit être demandé aux utilisateurs.
Des brouillages sur toute la France ?
Selon l'ANFR, au pointage de la fin du mois d'août, 1 300 brouillages ont été constatés en France. Du côté des opérateurs, chacun se garde de livrer des chiffres exacts et ces derniers se contentent de donner une idée globale de ces dysfonctionnements. Ainsi pour Orange, moins de 1% de ses clients seraient touchés.
Pour sa part, SFR a livré davantage de détails en précisant que les brouillages concernaient moins de 1% de la population. L'opérateur explique en outre avoir reçu « 150 appels lors d'expérimentations sur la région lyonnaise. Nous avons d'ailleurs prévu un budget de 5 000 euros pour répondre à cette question ».
L'autorité chargée des fréquences tient enfin à préciser que certaines zones seront toutefois exemptes de tout brouillage. C'est notamment le cas de la ville de Paris. L'émetteur de forte puissance est en effet basé sur la tour Eiffel et permet d'arroser la capitale sans subir de dégradations du fait de la présence d'antennes relais utilisant la bande des 800 MHz.
Les chaînes de télévision sont mécontentes
Les expérimentations étant terminées autour de la région stéphanoise, le contentieux n'est toutefois pas éteint entre les pouvoirs publics et les chaînes de télévision, multiplex en tête. Ils invoquent ainsi plusieurs points de tension avec l'ANFR, à commencer par le fait que le filtre proposé aux personnes touchées réduit la puissance des installations munies du dispositif. Les diffuseurs de la TNT estiment donc que les téléspectateurs pourraient bénéficier d'un service dégradé.
Les professionnels mettent également en avant le fait que l'intervention d'un antenniste peut, dans la majorité des cas, survenir entre 1 à 3 jours après que l'utilisateur ait appelé le numéro proposé par l'ANFR. Un délai pour l'instant raisonnable mais faisant référence à une seule zone du territoire. Les responsables de la TNT craignent que ces délais ne s'allongent lorsque le déploiement et par là-même les brouillages, seront étudiés au niveau national.
Un point que nous précise Véronique Demilly, adjointe au directeur, en charge des Régions Gestion des opérateurs de diffusion et de distribution chez France Télévisions. « Pour certains cas, le délai d'intervention peut s'avérer plus long. Le problème est que nous n'avons aucun moyen de prévenir notre service téléspectateur sur le fait que certains foyers en particulier vont rencontrer des problèmes, il n'est également pas possible pour nous de croiser les informations », explique-t-elle.
Les professionnels s'inquiètent ainsi que dans certains cas, les antennistes ne puissent intervenir que sous une dizaine de jours. En effet, des personnes peuvent être absentes de leur domicile ou les informations sur les foyers peuvent s'avérer incomplètes et donc retarder toute intervention.
En outre, l'information aux utilisateurs devra être suffisante notamment au bas des immeubles. Une crainte que formule également un groupe privé majeur en France que nous avons contacté. Un responsable de ce multiplex, présent sur la TNT, critique l'attitude de l'ANFR estimant que les « informations ne seront pas suffisantes pour l'ensemble du territoire français puisqu'il s'agit tout de même là d'un investissement à réaliser. Mais qui en prendra la charge ? Les opérateurs, les chaînes ou les mairies ? ».
Pour l'instant, les acteurs de la TNT font part de leurs critiques et tiennent à faire savoir qu'ils souhaiteraient obtenir davantage de compensations pour les modifications entraînées sur les fréquences qu'ils utilisent. Un dossier brûlant puisque les opérateurs de téléphonie mobile devraient pouvoir accéder à de nouvelles fréquences pour la 4G via, cette fois-ci dans la bande des 700 MHz. Une plage déjà utilisée par ces mêmes chaînes de télévision.