RGPD : un consentement « explicite et positif » bafoué à plusieurs niveaux

Louise Jean
Publié le 24 août 2019 à 10h15
RGPD

La politique de protection des données de l'Union Européenne est entrée en vigueur en mai 2018. Son application n'est cependant pas sans accroc, comme le montre une étude récente conduite par les universités du Michigan (Etats-Unis) et de la Ruhr à Bochum (Allemagne).

Le RGPD contient en effet de nouvelles régulations sur l'utilisation des cookies, et insiste en particulier sur l'importance pour les sites d'obtenir le consentement « explicite et positif » des utilisateurs. Problème : l'application actuelle du RGPD ne produit pas un consentement vraiment explicite... ni positif.

Dire « oui » en connaissance de cause

Le consentement informé est un problème récurrent en éthique : comment s'assurer que la personne qui donne son consentement connait et comprend les conséquences de sa décision ? Pour les chercheurs de l'étude intitulée « (Un)informed Consent: Studying GDPR Consent Notices in the Field » (« Consentement (non)informé : étudier les notices de consentement sur le terrain »), les utilisateurs n'ont pas la possibilité de donner un consentement libre et explicite sur le web.

En effet, ces notices de consentement souvent situées en bas de page permettent rarement à l'utilisateur peu aguerri de comprendre ce que sont les cookies. En réalité, il semblerait même que très peu d'utilisateurs soient au clair avec ce que ce consentement implique une fois que la case « J'accepte » est cochée.

D'après cette étude, il semblerait donc que les nouveaux bandeaux de consentement situées en bas des pages web ne soient qu'une façon de se débarrasser des « problèmes » posés par le RGPD. On comprend même que plusieurs techniques mises en place par les sites depuis mai 2018 pour obtenir le consentement à l'utilisation des cookies cherchent à fortement influencer l'utilisateur à consentir.

Un consentement manipulé

Avec un échantillon de notices explicatives demandant le consentement des utilisateurs sur plusieurs sites différents, les chercheurs ont conclu que si 58% d'entre elles sont bien situées en bas de l'écran, 93% n'empêchent pas vraiment l'interaction avec le site - ce qui, pour les chercheurs, représente un problème pour la mise en application du RGPD.

Les résultats semblent montrer que la plupart de ces notices tentent de pousser l'utilisateur à consentir : 86% n'offrent que l'option de donner son consentement (sans proposer autre chose que « J'accepte » ou autres « Oui »). Et, bien que 92% des notices proposent un lien vers la politique de confidentialité du site, un tiers seulement (39%) explique réellement l'objectif de la collecte de données - ce qui semblerait pourtant être le chemin le plus efficace vers l'obtention d'un consentement explicite.

Enfin, on ne peut s'empêcher de remarquer que même si ces notices contenaient une explication claire et une vraie possibilité de choix, la mise en forme des boutons n'est pas accidentelle. Dans la plupart des cas, les boutons de consentement « Oui », « Ok » ou « J'accepte » sont colorés, surlignés ou plus grands que l'autre option qui est en général presque cachée. D'autres tests ont été menés pour prouver que lorsqu'un choix réel est donné aux utilisateurs, sans les piéger dans des paramètres par défaut ou des présélections, une très petite fraction d'entre eux consent à l'utilisation de leurs données par le site.

Source : Techcrunch.
Louise Jean
Par Louise Jean

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Commentaires (10)
fg03

Je crois que c’est wur les sites de Yahoo ou c’est tellement compliqué de trouver ou l’on peut refuser que au bout de 15 minutes j’ai laché l’affaire et quitter le site sur lesquel j’étais tombé.
Dans la majorité les sites rendent les choses compliqué pour que l’on n’ait d’autres choix que d’accepter par défaut. Le pire c’est que notre chois refuser par exemple et systématiquement redemander à chaque visite.
Bref, une entourloupe de première

cirdan

Et c’est à cause de ce fonctionnement que les internautes pensent qu’on leur fait perdre leur temps pour un résultat de toute façon couru d’avance, alors que le but devrait être l’inverse.
Même en cherchant dans les options et liens, il m’est arrivé de ne jamais trouver la page qui permet de sélectionner les préférences de cookies. Au moins ça a donné l’occasion à certains web-masters de montrer leur génie créatif dans le domaine du camouflage…

wedgantilles

C’étais prévisible, qui honnêtement peut prendre le temps sur chaque site de lire dans le détail qui fait quoi avec les données, surtout que parfois c’est un pavé de plusieurs pages à lire.

Cmoi

Je n’y vois aucun intérêt car au final tout le monde clique J’ai compris/Oui/Ok pour accéder au site désiré et se débarrasser de la fenêtre/bannière. Ça ne sert à rien! Ou si, à ralentir notre navigation, à chaque fois que l’on arrive sur un nouveau site.

nicgrover

Pour ce que je consulte personnellement, beaucoup de sites européens donnent le choix d’accepter ou de refuser en expliquant de manière courte le pourquoi.

Quelques sites US le permettent aussi mais la majorité des sites outre Manche n’ont même pas de bouton “Je refuse”. Et les explications car elles existent se résument à plusieurs pages en petits caractères. Que personne ne lit d’ailleurs.

Et certains sites vont jusqu’à polluer le temps du consommateur en l’alertant à chaque page que l’on ouvre…

Akela_Ides

“Le pire c’est que notre chois refuser par exemple et systématiquement redemander à chaque visite. Bref, une entourloupe de première”
Et comment le site peut-il se SOUVENIR de votre refus à votre avis ?
En le notant dans un cookie !
Ce que vous refusez, donc vous vous condamnez vous-mêmes à être un perpétuel inconnu, et donc à chaque visite à devoir recommencer : ce n’est que l’application de la loi que vous avez voulue…

Blap

C’est marrant de voir cette article sur Clubic.com qui ne respecte pas le RGPD :smiley:

enigmatiqk

on refuse les cookies et on se plaint que le site ne se souvienne plus qu’on lui ai dit non…

je me demande si d’autres vont faire mieux … XD

lightness

c’est pour ça que le RGPD est inapplicable alors quand on impose n’importe quel entreprise de n’importe quel taille à se conformer à un règlement alors même qu’un bon quart ne possède pas internet. c’est un fou… de la part de l’UE et du DGCCRF de vouloir absolument punir gratuitement des entreprises qui ne font que leur boulot alors que les GAFAM s’en sortent toujours lorsque qu’ils passent devant la justice.

Rumpelstiltskin

Déjà avant les cookies , ils devraient désactiver les “auto-oui” sur les accords de confidentialité . Tout est par défaut sur “oui” j’accepte de me faire EXXXXXR .

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