HTC One, acte 2
Les constructeurs qui arrivent encore à nous épater en matière de design de téléphone sont rares, et HTC en fait toujours partie. Après les errements du One Mini et du One Max, avec leur épaisse bordure en plastique, on est ravi d'être rassuré sur ce point. Il ne s'agissait que de déclinaisons un peu au rabais, et pour son nouveau One, le taïwanais place de nouveau la barre très haut.En fait, le design abandonne presque entièrement le plastique pour une coque unibody optant, selon le constructeur, à 90% pour le métal. Le résultat force une fois de plus le respect. Le modèle en métal brossé que nous avons eu entre les mains est particulièrement réussi, et renforce le côté « usiné » du précédent One. Une version dorée sera disponible pour les amateurs de bling, tandis qu'une déclinaison plus sobre reprend la finition aluminium anodisé du HTC One.
Les choix de HTC induisent quelques compromis : le passage à un écran 5 pouces allonge le téléphone, même s'il ne l'élargit que très peu. Et la généralisation du métal est synonyme de poids sensiblement plus élevé. Selon les goûts, on pourra aussi trouver la bordure métallique un peu moins élégante que les contours taillés au diamant du One original, ou encore les angles trop arrondis. Mais on est bien en présence d'un superbe objet, comme on en voit peu sur le marché des smartphones.
Du nouveau sur les composants, mais pas que
On allume l'écran et une petite déception pour commencer : les bordures latérales sont tout de même assez larges, par rapport à celles d'un LG G2. C'est le seul reproche que l'on pourra faire à l'affichage. La dalle Super LCD3 en Full HD est d'une qualité remarquable. Ça n'est pas une surprise : l'écran du One était déjà proche de la perfection.HTC met toujours un point d'honneur à envoyer du lourd au niveau de l'audio. On retrouve deux hauts parleurs stéréo, associés au procédé BoomSound du constructeur, permettant de délivrer un son étonnamment puissant et détaillé. Evidemment, on aura plutôt tendance à utiliser la sortie casque dans la plupart des cas, mais le HTC One (M8) reste un des rares smartphones dont les enceintes font plus que dépanner.
Le coin supérieur droit accueille la « caméra à selfies », qui propose un grand angle et une résolution de 5 Mégapixels. Au dos, on ne retrouve pas le capteur biométrique du HTC One Max, et c'est plutôt une bonne chose. Mais l'appareil photo n'est pas seul non plus : il est accompagné d'un deuxième objectif, destiné à capturer des informations sur la profondeur de champ. Une sorte de « Lytro light » qui complète l'APN principal, dont les caractéristiques ne bougent pas : 4 mégapixels seulement, mais des photosites de 2 microns censés capter davantage de lumière.
Comme ses concurrents à venir (Sony Xperia Z2, Samsung Galaxy S5), le nouveau HTC One intègre un processeur Snapdragon 801, une évolution du Snapdragon 800 qui se traduit surtout par une bande passante mémoire plus rapide, et une prise en charge de la norme LTE catégorie 4, permettant de grimper, en théorie, jusqu'à 150 Mbps.
Dans la mesure où le One original était basé sur un Snapdragon 600, le nouveau modèle bénéficie au passage du cœur graphique Adreno 330, qui lui permet de rivaliser avec les meilleurs smartphones haut de gamme sur les jeux, ce qui n'était pas forcément le cas du One dont le GPU était un peu en retrait.
Une petite nouveauté, ou plutôt un retour, devrait séduire une partie des utilisateurs : comme sur le One Max, HTC propose à nouveau un slot micro SD sur le One (M8). Avec une capacité de stockage de base de 16 ou 32 Go, manquer de place devrait être assez difficile. Côté mémoire vive, le téléhone dispose de 2 Go comme sur la plupart des haut de gamme actuels... Et comme sur le HTC One d'ailleurs.
Le 6e Sense
À nouveau flagship HTC, nouvelle version de HTC Sense. L'interface ajoutée à Android par HTC reste un des arguments brandis par le constructeur pour différencier ses smartphones. Il fut un temps où c'était clairement le cas, mais l'interface Sense a-t-elle encore un... sens, à l'heure où la version « stock » d'Android a nettement rattrapé son retard ?On serait tenté de dire qu'il y a deux types de surcouche. Celles qui améliorent l'expérience d'Android, et celles qui, sous couvert de la rendre plus accessible au grand public, la complexifient en fait à coup de fonctionnalités gadget. HTC a toujours réussi à se placer du bon côté. Mais comme on l'a dit, ça n'était pas bien compliqué jusqu'à l'interface inaugurée par Android 4.0, très réussie mais aussi beaucoup plus minimaliste que ce que Sense offrait à l'époque.
La bonne nouvelle, c'est que HTC a su continuer à épurer son interface pour garder sa patte, tout en s'approchant des conventions visuelles et ergonomiques de Google. Sense 6 va encore plus loin dans cette convergence. On note par exemple l'abandon de la disposition étrange des touches tactiles sur le HTC One, au profit de touches virtuelles, intégrées à l'interface, et reprenant la disposition des Nexus : précédent, accueil et applications récentes. Un bon point, même si pour la peine, l'espace précédemment occupé en façade par ces touches paraît superflu... et même perdu.
Sense 6 vient mettre un peu de couleurs dans l'interface de HTC, qui se déclinait traditionnellement en noir et blanc. Ainsi, plusieurs thèmes de couleurs sont disponibles dans les paramètres et changent notamment la teinte des barres d'outils et des différents éléments d'interface.
Ce changement cosmétique affecte aussi les tuiles de BlinkFeed, le flux d'actu personnalisable de l'écran d'accueil. La fonctionnalité avait été inaugurée sur le HTC One, dans une version assez dépouillée en options. Depuis HTC a revu sa copie, en permettant l'ajout de ses propres sources via des flux RSS, et même de désactiver le flux pour ceux qui n'en auraient pas l'intérêt.
Sense 6 apporte de nouveaux arguments pour le laisser activé. Notamment la possibilité de créer des flux d'actualités personnalisés, basés sur une source ou même sur un mot clé : un bon moyen de faire de la veille sur un sujet. D'autant plus que l'interface évolue et adopte un défilement continu plutôt qu'une série de pages. HTC vise au passage les développeurs avec un SDK permettant aux applications tierces d'intégrer leurs données. Les premiers à avoir répondus sont Foursquare et Fitbit, l'application de ce dernier étant d'ailleurs pré-installée.
Parmi les autres optimisations, on note l'arrivée d'un nouveau mode de sauvegarde de la batterie, qui rappelle celui présenté par Samsung pour le Galaxy S5. L'interface se limite alors à un écran (toujours en couleurs) qui ne donne accès qu'aux fonctionnalités de base du smartphone, et privilégie les fonds noirs dans l'interface.
La grande question demeure : a-t-on besoin de ces personnalisations ? Pour ce qui est de Sense 6, il nous semble que HTC a vraiment trouvé le juste milieu : la plupart des ajouts sont non seulement pertinents, mais un utilisateur qui ne serait pas intéressé par Blinkfeed peut tout simplement le désactiver. L'interface est simple, claire, bien pensée, et surtout parfaitement fluide : la preuve d'un soin équivalent à celui apporté au matériel.
Reste le problème des mises à jour : le One (M8) est fourni en version 4.4.2 d'Android. Il est donc à la page, mais le restera-t-il ? HTC a fait preuve d'une assez bonne réactivité depuis le One, mais aussi d'une tendance à facilement priver assez rapidement ses smartphones de mises à jour. Un bon point : la plupart des composants de Sense 6 pourront être mis à jour via le Play Store et ne dépendront donc pas d'une mise à jour système. Sense 6 sera d'ailleurs prochainement disponible pour le One original, qui reste d'ailleurs au catalogue pour l'instant.
Photo : Ultrapixel, profondeur de champ et selfies
La stratégie de HTC en matière de photo est assez étrange. Avec le HTC One, le constructeur a introduit la notion de capteur Ultrapixel. L'idée est de privilégier la taille des photosites par rapport à leur nombre, sur un capteur de taille 1/3''. Il produit des images d'une définition de 4 mégapixels, mais avec une meilleure gestion de la lumière, censée générer des images de meilleure qualité (moins de bruit numérique).En pratique, on avait malgré tout été déçu des performances du HTC One sur ce point. Une belle photo en 4 mégapixels, ça reste... une photo en 4 mégapixels ! C'est-à-dire une image dans laquelle on ne peut pas recadrer grand-chose, tandis que le niveau de détails n'avait rien d'exceptionnel.
On le sait, les mégapixels ne font pas la photo. Malheureusement, le discours de HTC sur son capteur Ultrapixel tombait un peu à plat quand la plupart des smartphones haut de gamme concurrents faisaient de meilleures photos en 8 mégapixels, indépendamment de la définition, en simple visionnage à l'écran. Mais dans lesquelles on peut en plus zoomer...
Malheureusement, tout espoir d'amélioration sur le HTC One (M8) est immédiatement anéanti par la fiche technique : son capteur Ultrapixel affiche exactement les mêmes caractéristiques. Et logiquement, on obtient à peu près les mêmes résultats, avec peut-être quelques améliorations apportées par les mises à jour logicielles intermédiaires dont avait bénéficié le One.
En soi, les images produites ne sont pas mauvaises. On constate même une bonne homogénéité, sans trop de perte de qualité sur les bords. Mais cette impression générale de léger flou persiste : aucun détail n'est aussi bien défini qu'on le souhaiterait.
En revanche, le capteur s'avère très satisfaisant côté colorimétrie et balance des blancs, et la technologie Ultrapixel permet d'assez bonnes performances en faible luminosité.
Le verdict est donc semblable à celui du One : l'APN du M8 est plutôt bon pour un usage de type réseaux sociaux, mais très limité en possibilités de zoom et de recadrage.
Un second capteur pour la profondeur
Le concept d'ajouter un second capteur au dos du HTC One (M8) part d'une bonne idée : proposer une alternative au Lytro, cet étrange appareil permettant de capturer une photo, puis de modifier à posteriori la mise au point.En pratique, on est très loin du résultat obtenu par cet ovni photographique. Ça n'est pas étonnant, car la technologie est évidemment beaucoup plus limitée. Le bon point, c'est que toutes les photos capturées bénéficient de cette double capture, à condition qu'elles soient en 16/9e. Après la prise de vue, un passage par les effets et la fonction uFocus permet de régler la mise au point par un simple tap.
Les conditions pour que l'effet soit vraiment convaincant sont en revanche assez exigeantes. Lors de nos tests, on a obtenu des résultats assez hasardeux : des zones floues alors qu'elles sont exactement sur le même plan que la zone sélectionnées, des bavures... Là encore, l'idée est bonne, mais l'exécution ne suit pas.
D'autres modes encore plus gadget tirent parti du second capteur : on pourra ainsi isoler un sujet et appliquer un rendu particulier à l'arrière plan, créer un pseudo effet 3D en inclinant le smartphone ou encore copier/coller un sujet d'une photo dans une autre. Là encore, les résultats seront très variables.
Des selfies en 5 mégapixels
Du coup, le M8 réussit la « prouesse » d'être le premier smartphone dont la webcam capture des images d'une définition supérieure à celles de l'APN principal. HTC n'a pas poussé le vice jusqu'à inclure un flash en façade, comme le fait notamment Acer, mais l'objectif en façade fonctionne plutôt bien : son grand angle permet même de caser tous vos amis/stars du cinéma dans le cadre.Un mot sur la couche photo : HTC apporte quelques petites améliorations bienvenues, comme un sélecteur de modes rapide et efficace, et des contrôles assez complets pour le mode manuel. Des curseurs permettent de régler facilement l'exposition, les ISO ou la durée d'exposition sans avoir à plonger dans les menus. On est un peu plus perplexe sur les effets sonores... disons surprenants, qui agrémentent la couche. On pense à un en particulier, un petit bruit d'électricité statique qui provoque presque le réflexe de retirer son doigt !
À l'usage : un smartphone performant... et endurant ?
Il n'y a pas grand-chose à redire à l'utilisation du M8, quelque soit l'usage. Pour le Web et la lecture, l'écran de 5 pouces offre une lisibilité impeccable. Que ce soit avec Chrome ou le navigateur par défaut, les pages défilent et zooment sans accroc : un vrai plaisir de surfer sur ce smartphone. Mais vu les composants et la diagonale de l'écran, rien de surprenant à cela.Côté multimédia on bénéficie des enceintes frontales qui impressionnent par leur puissance, et d'un écran suffisamment immersif pour qu'on envisage la lecture de films sans plisser les yeux.
Le lecteur audio est toujours aussi agréable à utiliser, et propose de nombreuses visualisations, et une fonction originale : l'affichage des paroles, à peu près en synchronisation avec la musique !
Les jeux tournent de manière fluide, ce qui n'est pas surprenant vu que la puce graphique intégrée au smartphone a déjà fait ses preuves sur le LG G2 ou le Sony Xperia Z1. On note un léger gain, sans doute dû aux améliorations de bande passante du Snapdragon 801. On déplorera malgré tout la présence gênante de la barre de boutons virtuels, qui restera à l'écran si le développeur n'a pas prévu une option pour la retirer.
Comme souvent, les benchs graphiques sont à prendre avec des pincettes. Nous avons tout de même effectué une mesure avec 3D Mark, sur le test Ice Storm Unlimited, et observé des résultats effectivement supérieurs à ceux des smartphones en Snapdragon 800, avec les réserves que cela comporte.
Ces très bonnes performances sont une chose, mais ce sont également les petits détails qui rendent l'utilisation du nouveau One plus plaisante. On a parlé du mode d'économie d'énergie, mais il faudrait également évoquer la sympathique housse Dot View. Sorte de coque iPhone 5C à l'envers, elle est perforée... mais du côté du volet qui se rabat sur l'écran. Un double tap sur la coque et des informations s'affichent avec un côté « pixel art » assez ludique : heure, météo, notifications de SMS ou d'appels manqués...
On peut même prendre ou rejeter des appels via cette interface. Pas révolutionnaire, mais finalement plus ingénieux que les housses « à fenêtre » qu'on trouve chez Samsung ou LG. En revanche, la fonctionnalité est inutilisable au soleil.
Autonomie : du bon et du moins bon
Le nouveau HTC One dispose d'une batterie de capacité légèrement supérieure à celle de son prédécesseur, et d'optimisations logicielles garantissant une autonomie généralement satisfaisante. Lors de nos tests en conditions réelles (usage du téléphone avec données activées et synchronisation de mails, réseaux sociaux etc...) on a pu noter une très bonne capacité à se mettre en veille quand on ne l'utilise pas. On peut finir une journée de travail à environ 40%, en fait à peu près comme sur le One original. Le mode d'économie d'énergie « extrême » devrait permettre de grappiller encore quelques précieuses minutes. Mais Samsung semble toutefois être allé plus loin dans sa fonctionnalité dévoilée sur le Galaxy S5 (affichage en noir et blanc).En revanche, l'écran semble toujours aussi gourmand en ressources. Sur notre test d'autonomie en vidéo, où il est au maximum de sa luminosité (Wi-Fi activé et Bluetooth désactivé), le One (M8) a duré peu plus longtemps que le One, mais reste loin d'un Samsung Galaxy S4 ou d'un Sony Xperia Z1.
Conclusion
Le nouveau HTC One confirme la maîtrise du constructeur sur le haut de gamme. HTC montre une fois de plus qu'il est, avec Apple et Nokia, un des meilleurs designers de smartphones aujourd'hui. Et même après avoir été bluffé par le premier One, cette évolution fait encore son effet lorsqu'on l'a en main pour la première fois.
À l'intérieur, HTC fait également un quasi sans faute : l'écran est d'excellente qualité, le processeur véloce, et le retour du slot micro SD fera sans doute des heureux. L'interface Sense 6 n'apporte pas grand-chose par rapport à la version précédente, mais elle bénéficie de plusieurs petites améliorations qui la rendent encore plus agréable.
On pourra tout de même trouver quelques défauts : aussi beau soit-il, le HTC One (M8) est plutôt volumineux pour un smartphone 5 pouces, et on sent que HTC s'est retrouvé pris au piège par certains de ses choix techniques. Ceux-ci ne sont pas toujours pertinents du surcroît : l'appareil photo et son capteur Ultrapixel n'arrivent toujours pas à nous impressionner, tandis que le second capteur part d'une bonne idée mais n'apporte finalement que quelques gadgets pas très convaincants. Les enceintes en façade envoient un son puissant et précis, mais visiblement au prix d'un encombrement supérieur.
Est-ce suffisant pour limiter l'intérêt du nouveau One ? Même imparfait, il demeure indéniablement un des meilleurs smartphones du moment. Il aura bientôt deux concurrents de poids, le Samsung Galaxy S5 et le Sony Xperia Z2. Mais à moins d'être rebuté par son appareil photo, vous ne regretterez sans doute pas votre choix.
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