Test du HTC 10 : un smartphone Android bon en tout, excellent en rien

Stéphane Ruscher
Par Stéphane Ruscher, Spécialiste informatique.
Publié le 22 avril 2016 à 18h13
Le HTC 10 veut prouver au monde que le constructeur taiwanais n'a pas dit son dernier mot en matière de smartphone haut de gamme. Un an après un HTC One M9 décevant, la marque préférée des amateurs de smartphones Android au design réussi a taillé dans certaines caractéristiques de sa gamme pour offrir un terminal puissant, bien fini et allégé niveau interface. De sérieux arguments face à la concurrence, entachés par un prix quelque peu excessif.

Design et ergonomie : familier, trop familier ?

HTC a toujours bénéficié d'une excellente réputation en matière de design. Et on ne peut pas dire que le HTC 10 la contredise. C'est juste qu'à force de rester fidèle à des lignes qui ne brillaient déjà pas particulièrement par leur originalité à la base, le constructeur s'est un peu fait voler sa spécificité. Des téléphones qui ressemblent aux HTC One, aujourd'hui, on en trouve à la pelle, du Huawei Mate 8 au Archos Diamond Plus en passant, pour les formes, par le Moto X de Motorola.

Le HTC 10 a au moins le mérite de rafraichir et de simplifier un design qui virait au mauvais goût sur le One M9 et sa coque à deux couleurs. Avec une sobriété retrouvée, et un espace optimisé autour de l'écran, le 10 perd en originalité ce qu'il gagne en efficacité.



Cette reprise en main passe néanmoins par une perte : celle des haut parleurs stéréo en façade. La technologie Boomsound est toujours présente, mais le son passe désormais, sur la partie basse, par un HP situé de manière plus classique sur la tranche inférieure, l'autre haut-parleur étant inclus au niveau de l'oreillette.

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L'autre « nouveauté », c'est le retour aux touches tactiles. HTC avait adopté des touches virtuelles à l'écran depuis le One M8, mais sans récupérer l'espace gagné. Par conséquent, l'écran peut passer de 5 à 5,2 pouces sans augmenter l'encombrement, tout de même important puisque le terminal approche des dimensions du Samsung Galaxy S7 Edge, un smartphone 5,5 pouces ! Au moins, on ne pourra pas leur reprocher d'avoir ignoré les nombreuses critiques : le logo HTC en façade a disparu, et l'espace occupé en dessous de l'écran fait place à un bouton tactile doublé d'un capteur d'empreinte digitale, assez étrange puisque dénué d'un clic physique. Les deux autres touches tactiles sont invisibles lorsque leurs diodes sont éteintes, et c'est un peu gênant !

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Le HTC 10 offre d'une manière générale une bonne prise en main, pas trop glissante et facilitée par sa rondeur, mais son épaisseur paraît complètement démesurée par rapport à la concurrence, rappelant davantage la préhension d'un Moto X Play que d'un haut de gamme récent.

Fiche technique : de la puissance à revendre

HTC a mis le paquet sur les composants du HTC 10. L'intégration d'un Snapdragon 820 de Qualcomm le place au sommet en termes de processeur mobile. La puce dernier cri de Qualcomm intègre quatre cœurs cadencés à 2,2 GHz. Quatre, et non huit, parce que Qualcomm croit plutôt aux performances mono-cœurs, arguant que dans la plupart des tâches sur Android, seul un cœur et demi étant utilisé.

L'argument a du sens si on observe le comportement d'un iPhone 6s, dont la puce double cœur affiche des performances comparables à des quadri ou octo cœurs de smartphones concurrents.

Côté GPU, on trouve une puce Adreno 530, dont le principal attrait est, comme du côté de Samsung, sa compatibilité avec les API Vulkan. Le successeur d'OpenGL promet des performances 3D d'un niveau jamais vu sur mobile, tout en limitant la consommation du CPU.

L'écran n'est pas seulement plus grand : il franchit également le cap du QHD (1 440 x 2 560 pixels). Le gain par rapport à une définition Full HD est vraiment négligeable sur une si petite diagonale, mais l'écran affiche des couleurs équilibrées, pas aussi saturées que sur le Huawei P9, par exemple. Il semble que le contraste soit perfectible, mais dans l'ensemble, l'afficheur reste dans la lignée de ses prédécesseurs.

Interface : une évolution dans le bon Sense

Au fil des versions de son interface Sense, HTC semble vouloir gommer ses particularités pour se rapprocher d'un Android « stock ». On ne peut qu'applaudir cette initiative, que le HTC 10 poursuit. Si le tiroir d'applications garde ses particularités (qui en sont de moins en moins, Google étant revenu au défilement vertical), le volet de notifications est désormais standard.

Surtout, HTC affirme avoir travaillé sur la légereté de son interface, et sur sa simplicité de mise à jour. On verra dans la pratique ce que ça donne. HTC ne fait déjà pas partie des plus mauvais en matière de réactivité, au moins sur ses haut de gamme.

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En pratique, il n'y a tout simplement pas grand-chose à redire sur l'interface : légère, fluide, réactive, et pas intrusive. Les doublons, à l'exception du client mail, ont tous disparu. On déplore tout de même l'impossibilité de désinstaller complètement Facebook, Messenger et Instagram, proposés par défaut.

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Un smartphone ennuyeux à regarder mais agréable à utiliser

Le HTC 10 rate de peu le prix du smartphone le plus ennuyeux de l'année, coiffé sur le poteau par l'iPhone SE (difficile de surpasser un design daté de septembre 2012 !). Mais il a un autre point commun avec le petit dernier d'Apple. Il se révèle, en fait, tout à fait agréable à utiliser en pratique. La prise en main est confortable, le dos en métal offre une bonne adhérence... Un classique remis au goût du jour, en somme !

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Un classique qui perd malgré tout une de ses originalités. On aimait le son des haut-parleurs BoomSound sur les trois générations précédentes. HTC a beau affirmer que la technologie est toujours présente, le rendu via un haut parleur en bas du terminal et l'oreillette, l'un faisant office de boomer et l'autre de tweeter, n'est pas aussi saisissant.

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Le constructeur se rattrape avec une compatibilité 24 bits, et une gestion assez intéressante de la sortie casque, avec un assistant de profils d'égalisation plutôt simple à mettre en œuvre. On peut répondre à des questions sur son âge et ses habitudes musicales, ou détecter la perception de certaines fréquences à l'oreille pour définir un profil adapté à ses deux oreilles. Tout le monde n'appréciera pas ces effets qui dénaturent le son : on peut les désactiver et profiter d'une sortie casque neutre et puissante, les intras fournis étant d'ailleurs de bonne qualité, bien que décevants par rapport à leurs promesses. Les amateurs de basses rondes apprécieront, mais l'écoute à volume élevé n'est pas des plus agréables, notamment sur des styles musicaux assez péchus : mieux vaut rester au milieu !

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La qualité d'écoute en conversation est tout à fait satisfaisante, et les micros isolent bien les bruits ambiants lors des appels, qui sont, pour la peine, tout à fait intelligibles. Aucun problème d'accroche réseau à constater, pas plus que de bugs du fix GPS.

Photo : Ultrapixel, le retour

Souvenez vous du capteur Ultrapixel du HTC One. Une excellente idée sur le papier : plutôt que de multiplier les photosites, pourquoi ne pas agrandir leur taille pour produire des images de meilleure qualité ? Malheureusement, à l'époque, HTC avait fait le choix saugrenu de se contenter d'un capteur 4 mégapixels. On sait qu'ils ne font pas une bonne photo, mais les images produites étaient compliquées à exploiter pour d'autres usages que le web ou les réseaux sociaux.

L'an dernier HTC a fait volte-face en proposant un capteur 12 mégapixels des plus classiques, mais d'une qualité déplorable pour un smartphone haut de gamme. Entre-temps, Samsung ou Apple se sont emparés de l'idée de l'Ultrapixel, en l'associant à un capteur de bonne taille, et avec des résultats très probants.

Au moins, cette fois, le constructeur taïwanais n'aura pas persisté dans l'erreur. Le HTC 10 se situe à peu près au niveau de ses concurrents avec un Ultrapixel nouvelle génération, aux photosites de 1,55 microns, mais sur un capteur 12 mégapixels.

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En pratique, les choses ne sont pas si simples. Le HTC 10 produit de belles images, homogènes, détaillées, et pas trop accentuées dans de bonnes conditions d'éclairage. Il leur manque malgré tout quelque chose. La balance des blancs n'est pas des plus justes, et le bruit est présent même de jour. Un petit coup d'oeil aux fichiers RAW directement sortis du capteur montrent une quantité de bruit non négligeable, beaucoup plus que sur le Galaxy S7.

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Performances : le HTC 10 monte-t-il à 11 ?

La puce Snapdragon 820 du HTC 10 tient-elle ses promesses ? Sur les benchmarks CPU comme Geekbench, le SoC se comporte conformément aux attentes, c'est à dire moins bon en multi-cœurs qu'un Huawei P9 ou un Galaxy S7 (normal : quatre unités contre huit), mais ses performances mono-cœur sont nettement supérieures, et avoisinent celles du A9 de l'iPhone 6s, le meilleur sur une seule unité.

La partie graphique de la puce assure : sous 3d Mark ou sous GFX Bench, en Open GL ES 2.x ou 3.x, on obtient les meilleures performances observées jusqu'ici sur un smartphone Android.

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En pratique, si les performances sont toujours satisfaisantes, certains jeux ne semblent pas reconnaître la puce pour ce qu'elle est. Asphalt 8 se lance en niveau de détail moyen par défaut, et même au niveau élevé, il n'affiche pas tous les effets actifs sur le Galaxy S7 ou le Huawei P9.

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À l'inverse, un Riptide GP2 tourne à merveille, avec tous les détails à fond. C'est même le seul, face aux terminaux de Huawei ou Samsung, à accepter la résolution des textures la plus élevée sans planter.

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D'autres jeux comme Marvel Champions nous ont paru souffrir de quelques baisses de régime, rien d'alarmant dans la mesure où le jeu affiche une cadence assez instable quelque soit le smartphone utilisé. Néanmoins, on a vraiment l'impression que le GPU en garde sous le pied.

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Autonomie : peut mieux faire

La batterie de 3 000 mAh garantit une autonomie correcte mais pas exceptionnelle. Elle est sensiblement supérieure à celle du HTC One M9 : le test d'autonomie de PC Mark renvoie 6 h et 45 minutes, soit une bonne heure de plus que son prédécesseur, et un résultat similaire à celui du Galaxy S6. Le test PC Mark étant exécuté avec une luminosité de 200 Cd/m2 et un écran allumé en permanence, on peut largement espérer tenir une grosse journée, mais peut-être pas sauter une recharge nocturne.

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Notre avis

Que ce soit sur son design, ses fonctionnalités ou ses caractéristiques techniques, le HTC 10 a les qualités d'un classique, d'une valeur sûre qui évolue peu. Face à l'audace d'un Galaxy S7 ou les quelques originalités tentées par un Huawei P9, on ne peut pas dire que HTC ait fait autre chose qu'entendre les critiques formulées à l'encontre du One M9, et livrer un smartphone au niveau de ses concurrents.

Et après tout, c'est ce qu'on demande à un smartphone : d'être bien fini, performant, agréable à utiliser et de prendre de bonnes photos. Le HTC 10 coche toutes ces cases. C'est un très bon smartphone, qui a même quelques atouts par rapport à ses concurrents directs, comme une surcouche logicielle moins chargée, et quelques fonctionnalités originales (Airplay, profils audio pour écoute au casque, prise en charge 24 bits, optimisation de la batterie...).

Le problème, c'est que rien de tout ça - l'audio à la limite - ne nous paraît valoir 50 euros de plus qu'un Samsung Galaxy S7, ou 200 euros de plus qu'un Huawei P9. En fait, sous Android, les seuls smartphones positionnés au dessus du HTC 10 sont le Nexus 6P 128 Go (!) et le Galaxy S7 Edge, au design nettement plus audacieux (et à peine plus encombrant), et à l'autonomie supérieure. Ce positionnement hasardeux n'entache en rien les qualités du HTC 10, mais à moins de miser sur une baisse de prix prochaine, la proposition du taïwanais manque d'arguments vraiment percutants.

HTC 10

8

Les plus

  • Design bien fini (à défaut d'être original)
  • Bel écran
  • Très performant
  • Interface plus légère

Les moins

  • Prix trop élevé au lancement
  • Presque aussi grand qu'un S7 Edge !
  • Du bruit sur les photos

Finition8

Ergonomie8

Autonomie8

Puissance8

Photo7





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Stéphane Ruscher
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