Elle devait être une machine inviolable. Une garantie de sécurité pour les élections américaines à venir. Pour s'assurer de la fiabilité de sa machine à voter électronique, la DARPA a invité des hackers à venir la mettre à l'épreuve au cours de la Defcon.
Problème : aucun test ou piratage n'a pu avoir lieu, la machine ayant été victime de bugs avant tout essai. Un comble pour un appareil ayant coûté 10 millions de dollars.
La machine qui valait 10 millions
La Defcon est l'un des événements les plus importants, sinon le plus important, dans le domaine de la cybersécurité. Elle se tient chaque été à Las Vegas et de grandes institutions y présentent leurs avancées en termes de protection face aux criminels du Net.La DARPA (pour Defense Advanced Research Projects Agency) en fait partie. Rattachée au département de la Défense aux États-Unis, elle a annoncé en mars 2019 une nouvelle machine à voter, ayant confié à l'entreprise Galois un budget de 10 millions de dollars pour la conception d'un logiciel open-source permettant de voter électroniquement. L'agence a bien sûr insisté sur la sécurité de l'appareil, une quelconque faille pouvant mener à des manipulations des élections à venir.
Problème : la machine a fait face à des difficultés techniques au moment même de son installation. Galois a pourtant apporté cinq machines à voter, mais chacune d'entre elles a eu un bug. Harri Hursti, le responsable du Voting Village, un événement au sein de la Defcon centré sur ces machines à voter, a reconnu : « Il semble qu'elles aient une myriade de problèmes différents. Malheureusement, cela arrive lorsque vous essayez de pousser la technologie plus loin ».
Aux US, Microsoft fait la démo de ses machines à voter "plus sûres" et plus accessibles
Une mauvaise publicité
Les hackers n'ont donc pas pu mettre la machine à l'épreuve. Joe Kiniry, l'un des scientifiques, affirme pouvoir résoudre trois des cinq défauts et tenter de résoudre les deux autres avant la fin de la Defcon.Pour la DARPA, c'est cependant une mauvaise publicité de plus. À l'édition 2017 de la Defcon, les hackers étaient parvenus à « casser » des dizaines de ces machines et avaient affirmé que « les machines à voter sont trop faciles à pirater ». Un pirate avait réussi à obtenir un accès à l'une d'elles en utilisant un simple ordinateur fonctionnant sous Windows XP. L'édition 2019 devait prouver la nouvelle fiabilité des appareils. À noter que la machine à voter de la Defcon a tout de même remporté un prix de l'excellence en cybersécurité en 2018.
Une fois ces problèmes résolus, la machine pourra finalement être testée et ses défis de sécurité relevés. Pour les États-Unis, l'enjeu est de garantir des élections sûres en toutes circonstances : le projet de la machine à voter inviolable est devenu central après les soupçons d'intervention de la Russie dans les élections américaines de 2016.
Source : CNet