Le ministère de l'Économie et des Finances a livré son rapport sur l'état et les perspectives françaises de l'IA, et invité à un accès plus intuitif aux données, pour que le pays soit compétitif.
Invité à faire l'état des lieux de l'intelligence artificielle en France et à livrer ses recommandations, Bercy a publié un rapport fourni à la demande de différentes institutions, parmi lesquelles la Direction générale des entreprises (DGE), le Commissariat général à l'égalité des territoires et le syndicat professionnel Tech'In France. Le rapport déplore un accès aux données trop complexe, qui ralentit le développement de l'intelligence artificielle en France.
Seule une levée des restrictions et de l'accès aux données peut permettre un développement durable de l'IA en France
Aujourd'hui, les technologies algorithmiques sont pour la plupart open source, ce qui constitue opportunité. Mais cet avantage est bloqué par un accès à des données métier de qualité (images, texte ou données numériques) barré par une législation contraignante et une crispation globale de tous les secteurs français possédant les données. Cela pousse ainsi beaucoup de spécialistes à rechercher des données expérimentales à l'étranger, pour développer leurs produits et services.Bercy milite ainsi pour un accès à des données « massives, corrélées, complètes, qualifiées et historisées ». Si elle est disponible, ladite donnée doit très vite être disponible. Le rapport fait le triste constat qu'aucune technologie d'intelligence artificielle ne pourra se développer durablement en France si les restrictions ne sont pas levées ou si l'accès aux données demeure compliqué de la part des acteurs publics et privés.
Favoriser les expérimentations en environnement et conditions réels
La France doit ainsi favoriser l'expérimentation des technologies sur le territoire, en environnement et conditions réels pour rassembler un maximum d'acteurs. Le ministère prend ainsi l'exemple de l'initiative Sidewalks, menée par Google à Toronto, visant à créer une communauté de haute technologie. Celle-ci (qui fait face à une forte opposition de la part de personnalités politiques et de chefs d'entreprise sur place) promet d'installer des infrastructures de véhicules autonomes, des bâtiments imperméables ou des trottoirs chauffés dans la zone des quais.Dans l'Hexagone, les secteurs les plus impactés par l'intelligence artificielle sont : la santé, les industries manufacturières (dont l'automobile), les transports et mobilité, les services d'utilité publique, l'environnement, l'Administration publique (hors Défense), les services financiers, l'agriculture, le secteur juridique, la sécurité des biens et des personnes, le commerce de détail et la distribution, les professionnels libérales et services professionnels, l'éducation et la recherche, les télécommunications et technologies, et enfin, les loisirs et média.
La médecine préventive booste le secteur de la santé, qui bénéficie de données transmises par un nombre toujours plus important d'objets connectés, et par la recherche et développement des GAFA Google et Apple. Dans le secteur des transports, l'IA favorise la conduite autonome, l'optimisation de la mobilité et la logistique. Et ce ne sont que quelques exemples du large panel des possibilités.
La France doit exploiter son potentiel et bénéficier de la puissance publique
Aujourd'hui, on recense 3 645 start-up appartenant au domaine de l'IA dans le monde. 40 % sont situés aux États-Unis, 11 % en Chine, 10 % en Israël et 7 % au Royaume-Uni. Avec 109 start-up (3,1 %), la France ne figure qu'au septième rang mondial, proche de pays comme le Canada, le Japon et l'Allemagne. Mais elle reste la première nation européenne (et Paris la première ville) en termes d'attractivité des start-up d'intelligence artificielle. Un témoin clé du potentiel tricolore.Plusieurs grandes villes françaises travaillent d'ailleurs activement autour de l'IA (Lyon, Lille, Marseille, Toulouse...). La métropole lyonnaise pourrait même rejoindre le peloton de tête mondial avec l'aide de la puissance publique, selon Bercy, ce qui permettrait d'attirer davantage d'investisseurs et de talents.