Réunis au Conseil de l'Union européenne, les ministres de l'UE ont adopté le 18 février le plan coordonné pour le développement et l'utilisation d'une intelligence artificielle continentale.
Le 7 décembre 2018, l'Union européenne avait présenté son plan coordonnée sur l'intelligence artificielle. Une semaine plus tard, le Conseil européen rendait ses conclusions et insistait sur le fait qu'un marché unique doit évoluer en pensant à la pleine intégration de la transformation numérique, intelligence artificielle comprise. Le 18 février 2019, les 28 ministres de l'UE ont adopté le plan coordonné destiné à propulser l'IA dans la zone.
Les investissements annuels dans l'IA devront atteindre les 20 milliards d'euros
Le plan, comme le souligne Pierre Berthelet, docteur en droit public, chercheur et ancien conseiller ministériel, repose sur trois piliers : a« ccroître les investissements publics et privés dans l'IA, se préparer aux changements socio-économiques et garantir un cadre éthique et juridique approprié ». L'objectif de l'UE est de faire de l'Europe un acteur mondial de premier plan dans le domaine de l'intelligence artificielle, et de contribuer à relever des défis mondiaux comme la lutte contre la criminalité, l'amélioration de la cybersécurité, l'anticipation des catastrophes naturelles, la transition énergétique ou la guérison des maladies.Pour y parvenir, les investissements publics et privés dans l'IA réalisés au sein même de l'Union européenne vont devoir être sérieusement augmentés pour atteindre les 20 milliards d'euros par an au cours de la prochaine décennie.
L'UE veut des sites d'expérimentation mis à dispositions des acteurs européens de l'IA
D'ici là, l'Union devra franchir différentes étapes successives. D'abord, la Commission a porté les investissements dans l'IA à 1,5 milliard d'euros pour la période de 2018-2020. Le programme-cadre « Horizon 2020 » est en nette augmentation par rapport à la période 2014-2017 (+70 %). Ensuite, et si la synergie entre le privé et les États membres s'opère, le total des investissements annuels dans l'UE pourrait atteindre les 7 milliards d'euros sur cette période 2018-2020.La Commission européenne, qui soutient des projets pilotes et des expériences à grand échelle sur le sol européen, milite pour l'installation de divers sites d'essai qui puissent être ouverts et rendus disponibles à tous les acteurs européens.
Une lutte contre la fuite des talents
Pierre Berthelet rappelle que la majorité des États membres font face à une véritable pénurie de professionnels du numérique. 600 000 postes seraient vacants d'experts en la matière. Les offres d'emploi étant souvent plus intéressantes à l'étranger, on dénombrait quelques 240 000 européens en poste dans la Silicon Valley en 2017.Les pays de l'Union européenne doivent donc faire en sorte de retenir leurs talents. Cela passera notamment par un soutien de la Commission destiné aux maîtrises et aux doctorats en IA, et par une collaboration renforcée entre les centres d'excellence en recherche dans l'IA et les programmes de recherche et d'innovation de l'UE.
L'intelligence artificielle devra, enfin, remporter une bataille éthique, et gagner la confiance de la population. La Commission a nommé un groupe d'experts indépendants de haut niveau chargé de développer un projet de lignes directrices en matière d'éthique en IA, indique Pierre Berthelert.