C'est une opération riche d'enseignement, compte tenu du contexte. Demonoid était effectivement un tracker privé, recrutant par cooptation, dont les serveurs étaient hébergés en Ukraine, en respectant la législation locale, plus souple qu'ailleurs. Mais à force cette communauté comptait plusieurs millions de membres, et son fonctionnement reposant sur des échanges équitables (entre ces derniers) entrainait une large diffusion sur des sites ouverts à tous.
Demonoid figurait ainsi au classement des 10 sites de téléchargement les plus populaires selon la MPAA, les autorités s'y sont donc attaquées, en dépit de toutes les précautions susmentionnées.
Une fermeture en quatre temps
Cible d'une attaque par déni de service (DDoS), Demonoid est dans un premier temps tombé en panne le 27 juillet, sans revendication. L'équipe avait alors bon espoir de réparer et de rouvrir, fusse-t-il plusieurs jours après.Mais les autorités locales ont saisi les serveurs une semaine plus tard, alors que le premier ministre ukrainien rencontrait pour la première fois le gouvernement américain, et que la lutte contre le piratage figurait justement à l'ordre du jour.
Hasard du calendrier ? Trois jours plus tard, l'IFPI, qui représente l'industrie du disque, révélait dans un communiqué qu'elle avait commandité la fermeture, coordonnée par l'organisation internationale de police criminelle, communément appelée Interpol. « La coopération des polices internationales permet aux activités illégales d'organisations criminelles transnationales d'être stoppées, » s'est félicité un représentant d'Interpol. Les gestionnaires présumés du site ont ainsi été arrêtés au Mexique, où ils s'étaient récemment exilés.
Preuve que les gestionnaires ont perdu tout espoir de rouvrir un jour, les trois principaux noms de domaine permettant d'accéder au site ont enfin été mis en vente dimanche dernier. Le trafic encore important sur ces derniers devrait assurer une belle montée des enchères.