Chris (précédemment connue comme Christine and the Queens) dans son titre "Damn, dis-moi", est accusée de plagiat sur le web. La chanson serait composée quasiment exclusivement à partir de samples libres de droit fournis dans le logiciel Logic Pro. Un bad buzz lancé sur les réseaux sociaux et repris récemment dans les médias. Mais qu'en est-il vraiment ?
La démocratisation des outils de production MAO, l'accès facilité à ces logiciels de productions et aux formations qui vont avec rendent possible ces productions mais posent désormais la question de place de la créativité humaines et celle de la machine. Éléments de réponse avec des formateurs experts certifiés sur Apple Logic Pro X.
Peut-on réellement parler de plagiat ?
C'est sans doute l'insulte suprême dans le monde de la création artistique, un mot lancé et repris en boucle sur les réseaux sociaux : plagiat. "Non, ce n'est pas du plagiat car les boucle utilisées sont libres de droit, explique Laurent Bonnet formateur Logic. Elle a (avec son équipe) parfaitement le droit d'utiliser ces boucles. Ce qu'elle a fait c'est ce que tout le monde fait. Empiler des boucles de loops pour créer un morceau, c'est juridiquement totalement légal. Ce qui l'est moins en revanche c'est d'en prendre une seule sans rien modifier, ça c'est interdit".Sur le plan juridique donc, pas de sujet assure l'artiste qui regrette néanmoins le manque de créativité, "on est sur une bonne base de travail, après Chris n'a rien modifié sur les loops, même si elle a écrit une mélodie, des paroles. Il aurait été bien qu'elle s'approprie la boucle de base et de ne pas l'utiliser telle quelle. Ce type de critique revient régulièrement, Kanye West par exemple est souvent cité comme mauvais exemple. "
À télécharger :
Logic Pro X pour MacOS
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De l'utilisation des loops à la création
Des méthodes de production que l'on retrouve assez souvent, comme le confirme Jean-Louis Hennequin, expert certifié et mentor Apple sur Logic qui soupire "Le débat du sampling ne sera jamais fini” avant de renvoyer les critiques dans leurs cordes "on est dans un phénomène amplifié par les réseaux sociaux qui consiste à se vanter de pouvoir faire la même chose, sauf que c'est un peu facile ... c'est bien le compositeur qui a eu l'inspiration, qui a créé cet assemblage, un peu comme un chef en cuisine qui prend les bons ingrédients" tempère-t-il.Il estime d'ailleurs que Chris ne mérite pas plus ce bad buzz que d'autres, "autour de ces boucles, elle a un univers artistique complet".
Une menace pour les professionnels de la musique ?
Et si le sampling, (certes un peu trop voyant dans cette histoire), n'était que le sommet de l'iceberg ? Dans ces dernières versions Logic Pro d'Apple propose des outils d'intelligence artificielle, notamment une batterie virtuelle qui vient remplacer le batteur. Et ce n'est que le début, d'autres logiciels repoussent les possibilités de la création. L'album pop I Am AI est le premier à avoir été entièrement composé et produit par une intelligence artificielle. Flow Machines, est un ordinateur qui compose en s'inspirant des Beatles. Il existe déjà un album de musique classique composé grâce à l'intelligence artificielle et qui bluffe les plus grands mélomanes. Finalement est-ce que la création sera demain confiée aux algorithmes ?"Bien sûr l'IA va déposséder les musiciens d'une certaine partie du marché, c'est inéluctable. l'impact se fait déjà sentir notamment pour les compositeurs de musique de publicités qui sont déjà touchés. Mais la création musicale va rester et le vrai juge sera le public qui n'est pas dupe. Lors des performances live, personne n'ira jamais voir des algo" conclut Jean-Louis Hennequin.