La stratégie de prix cassés parfaitement appliquée en 2018 permet à SFR de redevenir le second opérateur français sur le mobile. De quoi masquer une année économiquement délicate ?
Est-ce un séisme ou un raz-de-marée ? C'est en tout cas un sacré choc pour toutes celles et ceux qui ont un intérêt pour les activités des opérateurs mobiles français. Alors que Free a du mal à se remettre de la déception commerciale de sa Freebox Delta, le journal Les Échos annonce ce vendredi matin une mauvaise nouvelle supplémentaire pour la société de Xavier Niel, qui vient d'être dépassée par celle de Patrick Dahi, SFR, à la deuxième place des opérateurs télécoms sur mobile.
Les ex-Free ont rejoint SFR
Selon les derniers résultats annuels, publiés le 28 mars, SFR a recruté 1,3 million de nouveaux abonnés sur le fixe et le mobile en 2018. L'entreprise au carré rouge se targue même d'avoir récupéré les abonnés qui avaient fuit en masse depuis 2014, lorsque l'homme d'affaires Patrick Drahi avait mis la main sur SFR. Mais aussi ceux qui ont quitté Free l'année dernière.Grâce au million de clients mobiles recrutés en 2018, SFR totalise 13,5 millions d'abonnés mobiles au quatrième trimestre 2018. La société reste nettement derrière l'intouchable Orange (19,2 millions), mais devance donc désormais Free (13,4 millions), seul opérateur en baisse sur cette dernière année, et Bouygues Telecom (10,9 millions). On peut ajouter à cela un total de 6,2 millions de clients fixe, dont 2,5 millions sur la fibre optique pour SFR.
Un recrutement de clients qui tranche avec la réalité économique
Attention tout de même, car si sur le plan marketing, la nouvelle est excellente pour SFR, la réalité économique tend à rattraper l'opérateur. Patrick Drahi est réputé pour beaucoup dépenser et cela n'aide forcément pas à assainir ses finances, surtout lorsque la stratégie s'établit sur plusieurs années (droits TV, prix cassés sur les forfaits, etc.). Si la dette du groupe mère Altice a tendance à diminuer, passant de plus de 30 milliards d'euros à 28,8 milliards d'euros, elle reste colossale.SFR a vu son chiffre d'affaires diminuer en 2018 (-4,3 %) pour s'établir à 10,2 milliards d'euros, alors que ses concurrents, Orange, Bouygues Telecom et Free ont tous progressé. L'Ebitba, qui correspond au résultat du processus d'exploitation (et non du résultat) plonge, lui, de 9 %. Le retour à la croissance espéré pour fin 2018 va devoir attendre 2019, année pour laquelle la société espère une envolée du chiffre d'affaires de 3 à 5 %.