De nouvelles recherches menées à l'université Carnegie Mellon (Pennsylvanie) montrent que le blocage des sites pirates semble fonctionner en ce qui concerne le trafic internet, mais son efficacité vis-à-vis des plateformes légales reste à démontrer.
Ces blocages semblent utiles pour limiter le piratage, mais peinent vraisemblablement à rediriger les utilisateurs vers les alternatives légales.
Le blocage des sites pirates diminue le trafic, mais…
L'étude des dynamiques de piratage sur Internet intéresse particulièrement les universitaires, qui cherchent à déterminer l'impact des mesures gouvernementales sur le trafic internet, sur le piratage en lui-même ainsi que sur la croissance des services légaux. Pourtant, les rapports d'études restent assez peu nombreux.
Une première étude centrée sur des données britanniques a montré que le trafic internet avait diminué, mais que les blocages de sites tels que The Pirate Bay n'avaient eu qu'un effet limité sur la consommation légale. Les utilisateurs assidus ont plutôt tendance à se tourner vers d'autres sites pirates, des VPN, ou les proxies. Cette même étude a été poursuivie et montre que finalement, lorsque la masse de sites bloqués par les FAI devient critique, le trafic diminue d'autant plus et la fréquentation des plateformes légales augmente légèrement.
De nouvelles recherches ont cependant été menées à la Católica Lisbon School of Business and Economics, en partenariat avec l'université Carnegie Mellon. Elles se concentrent sur un pays non identifié qui déploie une politique de blocage et montrent par exemple que le trafic sur un site comme BitTorrent avait considérablement diminué auprès des utilisateurs historiques, et ce, sans rebond notable.
L'étude souligne cependant qu'une partie des utilisateurs seraient passés au streaming illégal et que les recherches Google liées aux VPN, aux proxies et au DNS ont toutes progressé. Dans l'ensemble, l'étude montre que les utilisateurs de BitTorrent à avoir limité leurs visites ne se sont pas nécessairement tournés vers les sites légaux, et que le contournement est toujours recherché. Autrement dit, le blocage aurait un réel impact sur le piratage numérique, mais n'aurait que peu bénéficié aux alternatives légales.
Des études qui restent encore limitées
Voilà déjà plusieurs années que de nombreux pays se sont lancés dans la lutte contre les sites pirates, qu'il s'agisse de plateformes destinées à télécharger et visionner du contenu, ou de supports retransmettant les rencontres sportives. Des centaines de sites sont bloqués chaque année, avec pour objectif de protéger la propriété intellectuelle, les droits d'auteur, et par conséquent, de rediriger les consommateurs vers des propositions légales.
Si les études révèlent une certaine efficacité des blocages sur le piratage en lui-même, elles doivent être prises avec du recul. Les articles publiés par l'université Carnegie Mellon ne se concentrent que sur le territoire britannique, et malgré leur indépendance affichée, les études ont en partie été financées par la Motion Pictures Association qui se sert des résultats pour prouver l'efficacité de la lutte.
De la même manière, l'étude portugaise semble avoir été menée dans un pays (supposément le Portugal) où l'accès aux alternatives était limité au moment de la collecte des données. Enfin, l'étude la plus récente se concentre essentiellement sur BitTorrent et ne tient pas compte de l'utilisation des sites de streaming ou des IPTV, ce qui est dommageable. Elles permettent donc de donner un aperçu supplémentaire de l'efficacité des mesures, mais nous sommes toujours dans l'attente de recherches plus globales.
Source : TorrentFreak