Avec ce modèle DLP tout-en-un, le constructeur tente de séduire les amateurs de cinéma qui ne souhaiteraient pas se lancer dans l'installation complexe d'un vidéoprojecteur « fond de salle ». Les principaux atouts du X10-4K résident d'abord dans sa technologie de vobulation, dans son système d'éclairage LED et, enfin, dans son système audio Harman Kardon. Voyons si la recette est aussi savoureuse que nous l'espérons.
- Le ratio de focal de 0.8
- La qualité perçue dans bien des situations
- La connectique complète
- Les câbles fournis
- La qualité audio
- Le prix
- La qualité de la télécommande
- La fidélité des couleurs
- Les problèmes de fluidité avec certains contenus
Après un remarquable Viewsonic PX800HD, il nous tardait de tester le X10-4K. Sur le papier, ce vidéoprojecteur regroupe bon nombre d’arguments séduisants. En tête, une plateforme DLP utilisant la vobulation pour créer une image ultra haute définition à partir d’une matrice Full HD. Attention toutefois à ne pas confondre ce genre de modèle avec le Vava VA-LT002 testé dans nos colonnes, qui était lui un modèle à vobulation 4K, mais à ultra courte focale. Comme nous allons le voir, le X10-4K de Viewsonic livre une grande image (ratio de 0.8) avec finalement assez peu de recul. Ses autres arguments se trouvent au niveau de la connectique, complète, du support des sources HDR10, ainsi que d'une conception tout-en-un qui comprend même un système audio Harman Kardon annoncé comme étant de bonne qualité. Voyons tout cela en détails.
Viewsonic X10-4K : les caractéristiques techniques
- Technologie de projection : DLP à LEDs
- Puce : Texas Instrument 0,47 pouce 4K-UHD
- Résolution : 3840 x 2160 p (vobulation 4K)
- Taux de contraste : 300 000:1(dynamique)
- Luminosité : 2400 lumens LED
- Ratio de focale : 0.8
- Durée de vie éclairage : 30 000 h
- Connectique : 2 HDMI HDCP 2.2 / Lecteur MicroSD / entrée audio mini jack, 1 x USB Type C / 2 x USB Type A / Wi-Fi 802.11n (2.4 et 5 Ghz) / Ethernet / Bluetooth 4.0
- Zoom optique : Non
- Lens shift : Non
- Mise au point : manuelle et automatique
- Correction trapézoïdale horizontale : +/-30° +30°/-12°
- Correction trapézoïdale verticale : +30°/-12°
- Bruit mode éco : 30dB
- Bruit mode éco : 26dB
- Haut-parleurs : 2 x 8 watts
- Boutique d’applications : Aptoïde
- Dimensions : 26,1 x 27,1 x 16,6 cm
- Poids : 4,1 kg
- Consommation annoncée : 140 W
- Consommation en veille annoncée : moins de 0.5 W
- Processeur : quatre cœurs
- Mémoire vive : 2 Go
- Capacité de stockage : 16 Go
- Accessoires : télécommande, câble USB Type-C, câble HDMI
Design et ergonomie : un beau bébé !
Côté design, Viewsonic fait le choix de créer un produit plutôt massif, sur la hauteur. S’il devait être fixé au plafond, il ne passera pas inaperçu, c’est sûr, mais ne s’agit-il pas plutôt ici d’un appareil mobile qu’on installera pour les besoins d’une projection temporaire ?
C’est en tout cas ce que nous inspire ce produit avec sa poignée et son système audio intégré, qui le rendent mobile et (presque) autonome.
Dans l’ensemble, nous trouvons l’esthétique du produit réussie. Les plastiques sont de bonne qualité et les assemblages soignés.
Par ailleurs, le gris anthracite lui va bien : c'est plus original que le noir et certainement moins salissant que le blanc. La poignée, elle, est non seulement pratique, mais tout aussi esthétique avec sa teinte havane.
À l’avant, l’appareil peut être rehaussé de deux niveaux, 15 et 30 degrés. Le réglage de trapèze automatique et/ou manuel permet de corriger la déformation de l'image.
Viewsonic choisit visiblement la sobriété avec un minimum de boutons sur l’appareil. On ne trouve qu’une banale molette qui sert d'une part à allumer le produit lorsqu’on la presse, de l'autre à régler le volume (par exemple) lorsqu’on la fait tourner.
Pour tout le reste, il faut s’en remettre à la télécommande, où on retrouve d’ailleurs une molette similaire. Celle-ci permet de naviguer dans les menus de l’appareil sauf que… Nous ne sommes pas très fans de la sensation qu’elle procure. Ici, un côté très plastique, un peu cheap, laisse à désirer. Et le bruit de cliquetis lorsqu’on tourne la molette est d’un intérêt tout à fait discutable.
En fait, cette zapette souffle le chaud et le froid. Manquant souvent de réactivité (on a même changé les piles pensant que ça venait là), il faut vraiment pointer les capteurs sur le vidéoprojecteur pour parvenir à le piloter. Nous avons d'ailleurs remarqué que le capteur Infrarouge présent à l'avant du projecteur répondait mieux que son homologue arrière.
En contrepartie de ces défauts, la télécommande dispose d'un rétroéclairage qui, même s'il est très léger, met suffisamment les touches en lumière pour s'en sortir dans la pénombre. Voilà qui est assez rare, et pour le coup, c'est un vrai point positif.
Lorsque le vidéoprojecteur n’est pas utilisé, la connectique peut être masquée par une protection en similicuir marron dont la conception nous rappelle celle des célèbres « smart cover » pour iPad.
En basculant la partie haute - la partie basse reste aimantée, on peut donc accéder à une connectique satisfaisante, même s’il faut se contenter de deux ports HDMI. La connexion Wi-Fi est assurée par un dongle connecté à un port USB dédié. Autre point original, ce X10-4K dispose d’une prise USB Type-C pour y connecter un smartphone et ainsi diffuser du contenu depuis son mobile. En l’occurrence, le constructeur fournit ledit câble, comme c'était déjà le cas avec son Viewonic M1. En prime nous avons même un câble HDMI. Pas mal !
Installation et taille d’image : tout automatique
On ne trouve pas non plus sur cet appareil la moindre molette d’ajustement pour la mise au point ou le décalage de la lentille, tout se passe de manière électronique. La mise au point automatique se révèle plutôt efficace, mais il est possible de peaufiner la chose en passant par le réglage manuel, et donc la télécommande.
Concernant ce point spécifique, on regrette que Viewsonic impose de faire la mise au point sur sa mire projetée sur un fond gris. Celle-ci propose néanmoins du texte, des rectangles et des cercles pour s’assurer que la mise au point est la plus précise possible.
Toutefois, nous aurions apprécié qu’il soit possible de régler le focus avec l’image d’un film. Cela aurait notamment permis de profiter de la large plage de fonctionnement de cette mise au point manuelle pour s’assurer d'un bon réglage sur l’intégralité de l’image. Dommage !
Nous avons testé le Viewsonic sur notre toile de projection d’une taille de 2,7 m de base. Pour la couvrir sur toute sa largeur, il nous a fallu éloigner le X10-4K de 2,2 m environ. Le ratio de 0.8 est donc intéressant, car cela limite quelque peu la perte de luminosité. En revanche il faut espérer que l’appareil, s’il n’est pas installé au plafond, ne sera pas trop près de vous.
Si, dans la plupart des cas, le bruit de sa ventilation sera couvert par la piste audio de vos programmes, on ne peut certainement pas qualifier ce vidéoprojecteur de « silencieux ». En l’occurrence, nous avons mesuré un niveau sonore qui varie de 38 dB à 42 dB à environ 50 cm de l'appareil, en fonction des scènes (plus ou moins lumineuses). Une donnée qui ne change pas, quel que soit le mode sélectionné. C’est d’ailleurs assez étrange. Entre les modes « films », « TV », ou encore « intensité élevée », la luminosité varie (comme les profils colorimétriques), mais le niveau sonore reste sensiblement le même. Du coup, même si la soufflerie provoque plutôt le bruit sourd d’un grand ventilateur, mieux vaut que l’appareil soit installé un mètre devant vous pour ne pas du tout vous déranger.
Nous en parlions, la fixation au plafond est aussi possible. L’appareil ne pesant que 4 kilos, il n’est pas nécessaire de choisir un support trop costaud (et donc de trop imposant). Mieux vaut privilégier une solution flexible, car le vidéoprojecteur lui-même ne propose pas beaucoup de réglages de position.
La qualité de l’image : une simulation 4K intéressante
La technologie de vobulation a décidément permis aux constructeurs de créer des vidéoprojecteurs simulant une image Ultra HD à des prix plus ou moins abordables. Attention, même si cette technologie de vobulation peut faire illusion, elle a évidemment ses limites, comme nous allons le voir un peu plus loin. À première vue, ce Viewsonic X10-4K s’en sort plutôt pas mal du tout. Pour apprécier les qualités de cette grande image, il faut plonger la pièce dans l’obscurité, sans quoi on n’y voit pas grand-chose. Rien de surprenant pour une telle solution utilisant des LED.
Dans des conditions optimales donc, on apprécie les contrastes dynamiques et le piqué très convenable. Nos tests ont essentiellement été réalisés avec des vidéos lues en streaming depuis YouTube, Netflix, Prime Video ou Disney + et malgré les différents niveaux de compressions de chacun des services, le résultat est propre, voire parfois même très convaincant.
Avec des vidéos de bonne qualité, visuellement flatteuses et plutôt simples à produire (peu de zones sur ou sous-exposées, par exemple) ce X10-4K provoque même un petit effet « waouh ». Bien sûr, il ne faut pas y regarder de trop près, sans quoi on se rend bien compte des limites de la vidéoprojection, qui propose un traitement de l'image moindre face à un téléviseur. Pour autant, le niveau de détails est intéressant et les aplats sont bien gérés.
Bref, dans l’ensemble, le résultat est plutôt convaincant. Les tons chair sont très bien reproduits, les détails sur le grain de peau justement, font bonne impression. On aime la sensation d'une « image cinéma » produite et, dans notre cas, l’immensité de la taille. Surtout lorsque l’image est dépourvue de bandes noires - qui sont d’ailleurs généralement plutôt grisâtres. Le cas échéant la projection occupe toute la surface de notre toile avec moins de 2,5 mètres de recul. C’est top !
...mais encore perfectible
Attention toutefois, l’électronique du vidéoprojecteur paraît vraiment très limitée lorsqu’il est question de traiter le signal. En effet, nous avons noté une réelle différence entre la qualité d’image pour une même série, lue depuis le Fire TV Stick 4K d’Amazon ou la NVIDIA Shield TV. Nous le savons bien, cette dernière solution multimédia est réputée pour être excellente, étant sans doute même la meilleure. Pour autant les tests d’autres produits que nous réalisons systématiquement avec ces deux périphériques, n’ont jamais montré autant d’écart de qualité.
Mettons néanmoins cela de côté, certains utiliseront sans doute le X10-4K avec un lecteur Blu-Ray, d'autres avec une box TV. Nous tenions juste à préciser ce delta de qualité, qui se manifeste d'ailleurs un peu plus encore avec les contenus HDR.
En revanche, quel que soit le lecteur utilisé lors des projections, il est très simple de distinguer un défaut récurrent qui perturbe la qualité de l'image : des artefacts qui bordent les silhouettes des personnages qui se déplacent à l'écran. Il n'est d'ailleurs pas nécessaire que tout aille très vite pour que la confusion de pixels s'installe.
Ce défaut, ainsi qu'une forme d'image fantôme sont très difficiles à capturer en photo puisqu'il faut saisir le bon instant dans le déplacement. Dans l'image ci-dessous, on peut les distinguer dans les zones qui se confondent avec la roche en arrière-plan.
Le problème survient malgré l'option d'interpolation de trames qui n'y change rien, quel que soit le réglage adopté. D’ailleurs, des réglages il y en a beaucoup, y compris pour corriger la colorimétrie de l’image.
D'ailleurs parmi ces options, certaines sont étranges. À l'image du mode SDR qui assombrit tellement l'image qu'elle devient illisible. L'option de « portée » dans les paramètres HDMI permet de légèrement mieux exploiter la luminosité et ainsi booster un peu plus l'image. Voire même de déboucher certaines zones.
Enfin, étant donné ses faiblesses en termes de fluidité de l'image, vous comprendrez que nous ne saurions recommander ce vidéoprojecteur pour le jeu vidéo.
Les résultats de nos mesures : aille !
L'heure est aux mesures impartiales, réalisées avec notre sonde X-Rite i1 Display Pro et la suite Calman Business de Portrait Display. Précisons que notre procédure implique de réaliser les tests avec le vidéoprojecteur placé à deux mètres de notre toile de projection.
Si nous avions déjà perçu des problèmes d'ordre technique, notre sonde de mesure ne manque pas de relever une colorimétrie qui, disons-le clairement, n'est vraiment pas géniale - et assurément pas à la hauteur de la colorimétrie parfaite du Viewsonic PX800HD .
Ci-dessus, nos mesures réalisées sous l'espace colorimétrique REC.709 traduisent une mauvaise calibration du produit.
Le Delta E 2000 moyen mesuré en mode cinéma est de 6.11 ce qui est très limite, même si, comme nous l'avions vu plus haut, certaines images sont flatteuses. En fait, en lieu et place de la justesse, c'est le côté « dynamique » des images qui s'impose sur un si grand écran. D'autant que si on en croit nos mesures, Viewsonic n'aurait pas grand chose à faire pour que les résultats soient meilleurs : recalibrer son point blanc.
En effet, la mesure de niveau de gris (en haut à droite) accuse à elle seule un Delta E de 6.3 avec une dérive colorimétrique qui s'accentue du noir vers le blanc à 100 %. Le taux de contraste avoisine les 400:1 et le pic de luminosité par réflexion sur notre toile est d'à peine 60 nits (280 nits lorsque l'œil de la sonde est dirigée vers le projecteur, installé à 2 mètres, rappelons-le).
Nous dirions bien que ce problème de colorimétrie est assez simple à corriger, en diminuant un peu le gain du bleu pour redonner sa justesse au point blanc, or aucune de nos tentatives n'est parvenue à en venir à bout. La sonde nous a certes permis de rendre parfait le niveau de gris à 30 % avec un Delta E inférieur à 1, mais le blanc à 100 % était toujours beaucoup trop saturé. Cette plateforme LED en abuse et les menus de réglages du Gain et de saturation ne permettent pas d'y changer quoi que ce soit. Certains d'entre eux n'auront même eu aucun effet. Un professionnel de la calibration, que nous ne sommes pas faute de formation comme de matériel d'ailleurs, y parviendra… Peut-être.
Un vidéoprojecteur connecté… si on veut
Le Viewsonic X10-4K est compatible avec le Store Aptoïde permettant de télécharger quelques applications. Nous n'en ferons pas la liste ici, on vous laisse chercher. Un moteur de recherche permet de trouver celle qui nous intéresse. Pourquoi pas Netflix. Une fois cette application téléchargée, il est possible de l'ajouter au menu d'accueil.
Nous ne nous attarderons pas plus sur cette application Netflix qui est tout bonnement inutilisable sur le vidéoprojecteur. Celle-ci se lance, mais la navigation dans les menus est plus que chaotique. Il est même impossible de sélectionner un épisode d'une série en particulier. Bref, comme nous le disions… inutilisable !
Et il en est de même pour les compatibilités présumées avec les assistants vocaux. Celles-ci doivent passer l'application vRemote de Viewsonic, puis par une skill Viewsonic aussi bien sur Alexa que Google Home. Sauf qu'aucune des deux n'est disponible sur les services de Google et Amazon. Impossible d'aller plus loin donc.
Avec son vidéoprojecteur Home Cinema, le PX800HD, Viewsonic avait su nous montrer qu'il était capable de gérer une colorimétrie parfaite sur une plateforme DLP, mais à rétroéclairage via une lampe classique et une roue chromatique. Pour cette solution LED à vobulation 4K intégrée dans ce X10, le constat moins positif.
Au-delà de cette fidélité des couleurs très moyenne que vous ne remarquerez peut-être pas, il faut considérer que la qualité d'image fait illusion. L'expérience cinéma est réelle, enrobée d'un son de qualité (vous pourrez y ajouter un vrai système Hi-Fi via sa connectique S/PDIF) et d'un ratio de focal court qui permet d'en prendre plein les yeux avec assez peu de recul. Mais la qualité en retrait de l'électronique ne passe pas inaperçue pour un œil aguerri. Le processeur de traitement de l'image s'avoue régulièrement vaincu sur le traitement de la fluidité. Il y a bien un menu de réglage dédié… Mais il s'avère finalement assez inefficace. Et c'est d'ailleurs le problème de bien des éléments de ce X10-4K : l'inefficacité. La télécommande manque de réactivité, il faut absolument pointer précisément les capteurs IR et la sensation qu'elle procure en main n'est pas très agréable. Trop de réglages n'ont pas d'impact à l'écran. Le menu d'accueil est assez laid…
Bref, vous l'aurez compris, ce vidéoprojecteur ne nous aura pas conquis. Pour autant, nous lui décernons un 6/10. En plus des points des forts cités précédemment, la vobulation 4K apporte bien quelque chose qu'il est rare de trouver sur un modèle aussi complet. Après tout, Viewsonic s'adresse au grand public, avec un produit au tarif de 1 300 euros relativement attractif pour un « modèle 4K » et qu'on sortira finalement à la moindre occasion, car on ne se préoccupera pas de l'autonomie de la lampe.
- Le ratio de focal de 0.8
- La qualité perçue dans bien des situations
- La connectique complète
- Les câbles fournis
- La qualité audio
- Le prix
- La qualité de la télécommande
- La fidélité des couleurs
- Les problèmes de fluidité avec certains contenus