"Gentlemen, start your engine" © Turn 10 Studios
"Gentlemen, start your engine" © Turn 10 Studios

Six ans, six longues années que les aficionados de Turn 10 rongeaient leur frein, alors que les épisodes précédents étaient espacés de deux ans. Il y a certes eu les excellents Forza Horizon 4 et 5 de Playground Games… mais ce n'est pas pareil. Et si cette longue pause était la meilleure chose qui aurait pu arriver à la franchise ? Un moyen pour Dan Greenawalt et son équipe de retrouver l'inspiration ?

Les plus
  • Excellentes sensations
  • Approche "simcade" réussie
  • Contenu particulièrement riche
  • Modélisation dingue des bolides
  • Rendu météo impressionnant
  • Comportement IA intéressant
Les moins
  • Quelques soucis techniques
  • Connexion Internet en carrière
  • Progression presque monotone
  • Pas de multi en écran partagé
  • 70 euros le jeu de base

Test réalisé sur PC grâce à un code fourni par l'éditeur. Sortie de Forza Motorsport prévue le 10 octobre 2023 sur PC (Game Pass, Steam) et Xbox Series X|S.

Non, la mienne, c'est la Porsche juste derrière ! © Nerces pour Clubic

Beau comme un camion…

À l'annonce de Forza Motorsport il y a de cela trois ans, Turn 10 Studios avait été clair : l'objectif du développeur était de repenser la vieille franchise de A à Z afin de lui donner un souffle nouveau. Cette pause trois fois plus longue que de coutume devait ainsi permettre de relancer le Forza originel afin qu'il marque durablement les joueurs Xbox Series dont c'est la première expérience, Forza Motorsport 7 étant sorti sur Xbox One.

Les joueurs PC ne sont pas oubliés, avec une sortie simultanée et une disponibilité sur le Game Pass, mais ils ont profité d'autres sorties de qualité pour patienter. D'ailleurs, pour eux comme sur Xbox, les présentations sont brèves, et les choses sérieuses débutent dès le lancement du jeu. Sans autre forme de procès, on se retrouve au volant de la Chevrolet Corvette E-Ray 2024, pied au plancher sur l'asphalte du circuit de Maple Valley.

Gestion de l'éclairage… et des intempéries ! © Nerces pour Clubic

D'emblée, difficile de ne pas être impressionné par le rendu graphique. Que l'on parle des environnements, mais aussi et surtout des voitures. En vue externe, on se limite bien sûr à la seule carrosserie, déjà impressionnante avec ses reflets de partout, mais en vue cockpit, le niveau de détail est proprement stupéfiant. Les équipements sont reproduits à la perfection tout en restant fonctionnels avec, selon la météo, des reflets également.

Alors, certes, ce n'est pas cette première course qui permet de s'en rendre compte, mais puisque nous parlons météo, évoquons le remarquable travail des développeurs. Jamais encore nous n'avions perçu avec autant d'authenticité les conditions atmosphériques avec la prise en charge des précipitations, de l'arrivée de l'orage et, surtout, de la piste détrempée après le déluge. L'heure de la journée n'a pas moins de conséquences graphiques… et sur le gameplay.

Les courses de nuit sont particulièrement esthétiques © Turn 10 Studios

Pour nous en rendre compte, réglons les options sur « matinée » et « clair » : le soleil rasant au détour d'une colline affecte alors nettement notre vision. Ces réglages font partie de l'infinie panoplie imaginée par Turn 10 Studios qui, depuis les filtres daltoniens jusqu'au champ de vision, différent pour chaque vue (pare-chocs, capot, cockpit, pilote, proche, éloignée), n'oublie rien… ou presque. En effet, seul le DLSS semble de la partie, et son frame generation n'est pas encore au menu.

Ces réglages peuvent être séparés en deux catégories : ceux liés au jeu en lui-même et ceux liés à la course. Cette seconde catégorie dépend de l'épreuve retenue. Ainsi, en jeu libre, il est possible d'ajuster tous les paramètres de difficulté et de conditions. En mode carrière en revanche, il faut bien sûr faire avec ce que le jeu nous impose. Cette carrière, baptisée Builders Cup, est, il faut le reconnaître, un peu décevante dans sa forme.

En début de carrière, nous sommes pris par la main © Nerces pour Clubic

« Horizon » de carrière

Disons que Turn 10 Studios n'a pas fait preuve ici de beaucoup d'originalité. Après les courses d'introduction, nous nous retrouvons à choisir entre trois bolides : la Subaru STI S209, la Honda Civic Type R 2018 et la Ford Mustang GT 2018. À partir de là, il y a deux façons de conduire sa barque : le championnat des constructeurs ou le mode « en vedette ». Le premier est classique, avec des compétitions qui se débloquent les unes après les autres.

Bien sûr, tout dépend de notre réussite sur les précédentes, et c'est là que le bât blesse. Tout cela est un peu trop routinier. Nous aurions aimé un peu plus de folie ou d'inspiration pour dévier de cet enchaînement presque robotique des épreuves. Le mode « en vedette » semble d'ailleurs là pour ça, avec ses courses qui varient en fonction des inspirations du studio et des déblocages toutes les semaines.

Une campagne avec de nombreuses épreuves © Nerces pour Clubic

Les divers « tours » du championnat des constructeurs proposent largement de quoi faire et s'amuser des heures durant. En revanche, cet enchaînement linéaire associé à ces crédits, points d'expérience et points de voitures paraît un peu rigide. Les crédits permettent d'acheter de nouvelles voitures, les points d'expérience matérialisent notre niveau, et les points de voiture sont là pour venir améliorer nos bolides, les uns après les autres.

Reste une idée bien vue de la part des développeurs pour apporter un peu de piquant : le « challenge the grid ». Il s'agit ici de s'imposer un défi en plus en se plaçant plus loin sur la grille de départ : plus on est loin, et plus on gagnera des points en parvenant à atteindre le podium. Inutile en revanche de revenir sur le mode « jeu libre » qui, à côté de la carrière, permet de parcourir à notre rythme le contenu du jeu.

Le "challenge the grid" est une idée très sympa © Nerces pour Clubic

En revanche, intéressons-nous au mode « rivaux ». Le principe est simple, mais aussi efficace que « challenge the grid » pour faire monter la pression. Il s'agit de courses contre la montre nous opposant aux fantômes des meilleurs joueurs. Et puisque nous parlons des autres, arrêtons-nous sur le multi. Là, Forza Motorsport dispose d'épreuves spéciales où les voitures sont préréglées, et d'épreuves ouvertes qui autorisent les réglages individuels.

Il est intéressant de noter que des courses ont des départs à heure fixe, pour éviter l'attente, quand d'autres sont plus flexibles. Il est aussi utile d'indiquer qu'à force de compétition, le profil du joueur est complété par deux indicateurs : son score de compétences et son score de sécurité. Le premier donne une idée de son niveau au volant, tandis que le second matérialise le respect des règles en course, pratique pour éviter les kamikazes.

Quelques gratifications pour les experts, mais sans plus © Nerces pour Clubic

Circulation fluide ?

Un dernier mode de jeu, baptisé multijoueur privé, permet de définir des séances entre amis avec les règles que l'on veut sans avoir à s'occuper des inconnus. Faisons tout de même un reproche, car malgré toutes ces options, Turn 10 Studios n'a pas trouvé la place pour du jeu en écran partagé. C'est une déception. Remarquez, quand on voit les performances affichées par le jeu en « fenêtre simple », on se demande ce que ça aurait donné s'il avait fallu gérer quatre caméras distinctes, un pour chaque joueur.

Les configurations avancées par Turn 10 Studios nous avaient mis la puce à l'oreille, et c'est confirmé sur notre version du jeu : il faut une belle machine pour profiter de Forza Motorsport. Sur notre Ryzen 9 5900X 64 Go de RAM avec GeForce RTX 4090, détails au maximum, nous avons eu toutes les peines du monde à atteindre les 100 images par seconde en 3 440 x 1 440 pixels. Sur les tracés les plus chargés (coucher du soleil, lourde météo), on descend plutôt autour de 70 images par seconde, sans DLSS.

66 ips en 3 440 x 1 440 pixels ? Heureusement, le bench est chargé © Nerces pour Clubic

Si cela ne gâche pas l'expérience de jeu, cela fait un peu tache alors que le jeu sort aussi sur Xbox Series S ! Sur console d'ailleurs, version que nous n'avons pas testée, il existe trois modes graphiques : performances, performances RT et graphismes. Ce dernier est le plus gourmand, et sur Series X, il ne permet que 30 images par seconde. Sur PC, il faut aussi signaler une (petite) tendance au stuttering. Souhaitons que tout cela soit vite réglé, pour le bien de tous. Vous avez dit patch day one ?

Il serait dommage qu'un bête stuttering vienne gâcher l'expérience avec des configurations moyennes, alors que le gameplay proposé par Turn 10 Studios est une petite merveille. Typé « simcade », il ne cherche pas l'authenticité à tout prix, mais un compromis entre de belles sensations et une certaine exigence de conduite. Le résultat est proche de la perfection avec, bien sûr, la possibilité d'ajuster de multiples paramètres de difficulté.

Les configurations recommandées par le studio : du lourd ! © Turn 10 Studios

Turn 10 Studios a intégré un système de rembobinage pour revenir sur de petites erreurs. Les développeurs proposent aussi d'innombrables aides qu'il est possible d'activer ou de désactiver à volonté, tels que l'assistance au freinage ou à la direction, la gestion de la boîte de vitesses ou le contrôle de la stabilité. Les choses peuvent toujours se définir au travers de paramètres globaux ou une à une. En revanche, Forza Motorsport n'incite pas tant que ça le joueur à évoluer vers de moins en moins d'aides. Les récompenses pour une conduite experte sont un peu faibles.

Au niveau le plus léger, Turn 10 Sports ne cherche pas à concurrencer des champions de la simulation comme Assetto Corsa, mais il offre un défi intéressant. La gestion des réglages personnalisés apporte toujours ce plus, marque de fabrique des Forza : aérodynamisme, direction, pression des pneus, portance… Les amateurs apprécieront, d'autant que l'impact sur la conduite est réel, et il reste possible d'importer ses réglages depuis Forza Motorsport 7.

Les vues pilote/cockpit mettent vraiment dans l'ambiance © Nerces pour Clubic

Gameplay « simcade » impeccable

Manette en main, Forza Motorsport est une franche réussite. Les sensations sont réellement grisantes lorsque l'on est lancé à pleine vitesse sur Spa Francorchamps par exemple. Le comportement des voitures est intéressant, avec une adhérence variable et un ressenti immédiat du poids des différents bolides. La distribution de ce poids et la gestion des pneus apportent également au réalisme de la simulation, même si l'impact est moindre que sur d'autres titres.

Cela va sans dire, mais cela va toujours mieux en le disant, pour laisser Forza Motorsport exprimer son plein potentiel, il faut accepter de désactiver un maximum d'aides. Inutile de critiquer l'aspect arcade du jeu si vous laissez Turn 10 Studios se charger de tout. Ce dernier a d'ailleurs réalisé un très chouette travail sur l'intelligence artificielle des pilotes adversaires et leur comportement en course.

Toutes plus belles les unes que les autres © Turn 10 Studios

En mode carrière, cela remplace avec un certain brio l'attitude des joueurs en ligne, dont certains sont plus agressifs, sans qu'il soit question de pilotes suicidaires. On est un très net cran au-dessus de Forza Motorsport 7 qui, il faut l'avouer, peinait à nous convaincre à ce niveau. Il est d'ailleurs intéressant de noter que l'intelligence artificielle adopte une conduite bien différente en fonction du moment de la course et des conditions météo.

Terminons sur deux points pour confirmer l'application de Turn 10 Studios. Tout d'abord, si le style simcade se prête bien à l'utilisation d'une manette, il est aussi agréable avec un volant. Pour notre test, nous avons utilisé le dernier T818 de chez Thrustmaster, un produit direct drive un poil surdimensionné pour ce jeu, mais un vrai bonheur malgré tout. Les sensations de conduite sont encore meilleures, et même les imperfections de la route se perçoivent avec finesse.

La modélisation des engins est à peine croyable © Nerces pour Clubic

Enfin, Turn 10 Studios a mis un point d'honneur à proposer un contenu d'une richesse hallucinante. Côté circuits, certains se plaindront du (relatif) manque de nouveautés, avec seulement cinq tracés inédits et l'absence de parcours urbains. En revanche, les plus de 500 voitures mettront (presque) tout le monde d'accord, avec des véhicules emblématiques des années 60-70 jusqu'à nos jours. Pour le principe, nous allons demander un DLC années 50 afin de jouer les Fangio… mais un DLC cadeau, parce qu'à 70 euros le jeu de base, ça fait déjà cher le tour de piste.

Forza Motorsport : l'avis de Clubic

Notez que Forza Motorsport ne sort que dans une semaine, avec à la clé sans doute un patch day one. En fonction de cette mise à jour et de ce qu'elle apporte, il est possible que notre note bouge un peu.

Conclusion
Note générale
8 / 10

Six ans d'attente, certes, mais six ans largement mérités. Sur PC, nous ne pourrons nous empêcher de ressentir une pointe de déception quant à la vitesse d'animation. Déception qu'il nous faudra ajuster avec le patch day one, mais qui reste toute relative, tant les sensations de conduite constituent un réel bonheur.

Associées à une intelligence artificielle pas trop caricaturale, à d'innombrables voitures et à des compétitions en veux-tu, en voilà, ces sensations de course poussent le joueur à vouloir aller toujours plus loin, à ne lâcher sa manette qu'après plusieurs heures de compétition, un peu fatigué, les mains peut-être un chouia moites, mais le sourire aux lèvres.

Éternels insatisfaits que nous sommes, nous regretterons toutefois l'absence de multijoueur en local (écran partagé) et l'obligation d'être connecté pour le mode carrière. Ce n'est toutefois pas suffisant pour nous éloigner bien longtemps de l'asphalte.

Les plus
  • Excellentes sensations
  • Approche "simcade" réussie
  • Contenu particulièrement riche
  • Modélisation dingue des bolides
  • Rendu météo impressionnant
  • Comportement IA intéressant
Les moins
  • Quelques soucis techniques
  • Connexion Internet en carrière
  • Progression presque monotone
  • Pas de multi en écran partagé
  • 70 euros le jeu de base